Cet article est tiré du TRAX#212 « Rave Générale | Quand la jeunesse monte le son ! », disponible ici.
Dream House, c’est l’utopie d’un salon d’écoute idéal. Dans cette maison de rêve, il n’y a pas de musique de club. Frank et Kristian n’en écoutent pas chez eux. Mais une platine où tourne ce premier album, conçu pour l’écoute tranquille et d’une traite. « Pour moi, un album est toujours bon si l’on n’a pas envie de changer de morceau, explique Frank Wiedemann. Je pense qu’on a réussi là à créer une œuvre relaxante et entière. » Le fil rouge de cet album, ce sera leurs influences mutuelles. Frank, enfant du jazz, découvrira le punk par sa famille et son acolyte Kristian. Mais l’essence de leur premier opus, c’est le krautrock, le kosmische de l’Allemagne de l’Ouest des années 70, de Berlin à Düsseldorf. Un regard vers le passé qui se reflète dans des titres évocateurs tels que « Deadlocked » ou « Give Me Your Ghost ». « Avec une certaine modernité », comme aime à le rappeler Frank, et comme l’illustre « Futuro Antico » dont les mélodies résonnent comme les synthétiseurs d’antan, traitement numérique en plus.
Afin de s’immerger au mieux dans cet univers, Ame profite de connaissances en commun pour se rapprocher de Hans-Joachim Roedelius, la légende du genre. Après l’avoir invité sur la bande originale d’un film, Frank Wiedemann lui a proposé un track incomplet que le Berlinois a accepté avec enthousiasme. Ainsi est né le morceau « Deadlocked », point de rencontre entre les ambiances de la musique électronique contemporaine et l’improvisation sonore du krautrock. Au rythme régulier des basses et de la guitare – instrument central de l’album – d’Ame s’ajoutent la finesse et la sensibilité de Roedelius, qui supprime toute forme de monotonie au morceau via des sonorités uniques. Une méthode que reprendront Frank et Kristian sur d’autres morceaux, comme « Queen of Toys », ode new wave inspirée de Fad Gadget et Joy Division. Avant de s’attaquer au postpunk du groupe Malaria! en compagnie de l’une de ses fondatrices, Gudrun Gut, à qui ils confient également un track incomplet, intitulé depuis Gerne (« avec plaisir »).
Avec Dream House, Kristian Beyer et Frank Wiedemann ont finalement réussi à raconter l’histoire de la musique électronique allemande avec leurs propres mots, en toute complémentarité. « Je n’aurais jamais pu faire cet album sans Kristian et ses influences », souligne Frank. Forts de leurs années de production et de scène tantôt seuls, tantôt à deux, les deux amis sont arrivés à l’apogée de leur collaboration. Ils signent alors chez Innervisions un album unique, surprenant et cohérent de bout en bout, avec un bonus en ouverture sur le titre « The Line ». Un moment flottant, bercé par la voix de Matthew Herbert. « Nous étions fans depuis longtemps, raconte Kristian Beyer. Il a été surpris, parce qu’on ne lui propose jamais de chanter. Il a quelque chose de particulier dans sa voix, toujours proche de la bonne tonalité mais sans jamais l’atteindre. »
Âme se produira prochainement sur l’île de Pag en Croatie lors du Sonus festival du 19 au 23 août.
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