Dehors Brut ferme définitivement ses portes, la société est placée en liquidation judiciaire

Écrit par Jean-Paul Deniaud
Photo de couverture : ©Meero
Le 03.06.2020, à 14h04
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Écrit par Jean-Paul Deniaud
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Rideau de fin pour le roi des clubs parisiens. Après moins d’un an d’activité, Dehors Brut ferme définitivement ses portes. La société-mère Surprize est désormais sous le contrôle de l’administration judiciaire.

La house et la techno ne résonneront plus dans ce coin du XIIe arrondissement de Paris. Le tribunal de commerce de Paris a confirmé la liquidation judiciaire de Surprize, la société derrière le club Dehors Brut, le 26 mai dernier. Fragilisée par une fermeture administrative d’un mois en septembre 2019, suite au décès d’un jeune client, la situation financière de la structure parisienne s’est par la suite aggravée avec la crise du coronavirus et l’interdiction, dès le 9 mars, des rassemblements de plus de 1 000 personnes. Le démontage des installations est déjà en cours. 

L’administration judiciaire, désormais au contrôle de la société, valide désormais toute décision et communication. Contactée par nos soins, l’équipe ne peut donc donner davantage d’informations. « Le club prendra la parole bientôt », nous assure-t-on. Le liquidateur judiciaire n’a lui pas souhaité répondre à nos questions. Il doit maintenant procéder au licenciement collectif des équipes et assurer le paiement des créanciers. Ultime rebondissement pour ce club, héritier de Concrete et du Weather Festival, qui aura connu bien des émois depuis son ouverture, le 29 juillet dernier.

En fanfare

Pour les fêtards parisiens, l’été 2019 avait terminé en apothéose. Concrete, l’illustre club flottant qui avait réveillé les nuits de la capitale, fermait ses portes par une fête de 48 heures non-stop. Expulsée par le propriétaire du lieu, l’équipe avait reçu le soutien de plusieurs personnalités et d’artistes. L’ancien ministre de la Culture Jack Lang et Anne Hidalgo étaient venus pour une dernière danse au milieu des ravers. Quelques semaines plus tôt, la maire de Paris avait proposé de racheter le bateau au bailleur du club, en vain. 

Moins de 10 jours après la fermeture de Concrete, Dehors Brut ouvrait ses portes en bordure du XIIe arrondissement, le 27 juillet, dans une ambiance berlinoise. Dès l’ouverture, une foule compacte s’amassait au milieu des herbes folles et des sièges de palettes en bois pour danser en plein air. Les DJs lyonnais G’Boï et Jean-Mi, l’ancien résident Leo Pol et la sud-coréenne Park Hye Jin ouvraient le bal. Toujours à la programmation, le directeur artistique Brice Coudert déployait sous chapiteau la formule musicale qui avait fait le succès de la barge.

L’aventure Dehors Brut ne devait durer que trois mois, le temps de la concession convenue avec le bailleur, SNCF Immobilier, et de trouver un nouveau lieu. Devant le succès d’affluence, fut décidé à l’automne de transformer l’open air en club d’hiver, et de repousser la concession au 1er juin 2020.

Électrochoc

Le décès d’un jeune fêtard, le 1er septembre, des suites d’une overdose, fit l’effet d’une douche froide. Les dispositifs de réduction de risques mis en place et l’exemplarité revendiquée par l’équipe n’auront pas suffi à éviter le drame. Soumis à une fermeture administrative par la préfecture de Paris, Dehors Brut ferme une première fois pour un mois.

Le décès et la sanction ont agi comme un électrochoc pour la nuit parisienne, qui se tourna vers les pouvoirs publics pour réclamer davantage d’aide afin de préserver la santé des danseurs. Plusieurs réunions avec la Ville de Paris, la préfecture et les autorités de santé furent organisées. Dehors Brut accueillit une unité mobile d’analyse de produits stupéfiants dans l’enceinte de l’établissement.

Début mars, alors que le club se projettait sur une éventuelle saison estivale, en repoussant à nouveau la concession sur ce terrain, la pandémie de covid-19 mit fin à la fête, définitivement. Fidèle à l’esprit Concrete, le club aura vu passer la grande diversité des musiques électroniques : des seigneurs de la house Margaret Dygas ou Motor City Drum Ensemble, aux barons de la minimale Cabanne et Varhat, les tenors de la techno Nina Kraviz et Chris Leibing comme les espoirs de la scène locale et internationale.

La décision du tribunal de commerce de Paris marque aujourd’hui la fin d’un cycle pour l’équipe. Pas le dernier, assurément.

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