Par Julien Moschetti
Vous rêvez de participer un jour au festival Labyrinth pour célébrer la deep techno dans un écrin de verdure ? Vous êtes fan des labels Hypnus, Northern Electronics, Semantica, Silent Season, Nordanvind ? Vous suivez de près des artistes tels que Polar Inertia, Neel, Antonio Vázquez, Dorisburg, Yuka ou Jana Sleep ? Une chose est sûre : le festival Paral.lel est fait pour vous.
La première édition avait accueilli des grands noms de la scène techno atmosphérique : Abdulla Rashim, Éric Cloutier, Cio D’Or, Peter Van Hoesen, Svreca, Luigi Tozzi… Moins clinquante sur le papier, la seconde ─ qui s’est déroulée du premier au 3 septembre sur les hauteurs de Barcelone (à proximité de Guardiola de Berguedà) ─ a fait la part belle aux valeurs sûres peu connues du grand public : Polar Inertia, Antonio Vázquez, Neel, Steve Bicknell, Architectural, Refracted, Yuka, Dorisburg, natural/electronic.system, F-On…
S’il fallait retenir trois moments forts du festival, cela serait, dans le désordre : le live aux faux airs d’odyssée galactique de Polar Inertia (aka Voiski pour l’occasion) ; le live chamanique de Dorisburg (moitié de Genius Of Time), à faire pâlir de jalousie le champion du monde de charmeurs de serpents ; le set ascensionnel aux allures de fusée supersonique de Yuka, qui a réussi l’exploit de faire oublier la défection de dernière minute de la tête d’affiche n°1 du festival : Function.
Et puisque le Paral.lel n’est pas un festival comme les autres, nous sommes allés demander aux premiers intéressés ─ organisateurs, DJ’s et festivaliers ─ ce qui en faisait la spécificité, le caractère unique, la beauté incomparable.
Felix, 34 ans (Organisateur / Espagne)
« Nous rêvions d’un festival dans les montagnes, dans un spot un peu à l’écart de l’agitation du monde. J’avais découvert en 2014 l’Artmospheric, en Bulgarie, grâce à mon ami Refracted (co-programmateur du Paral.lel, ndlr). C’est un festival à taille humaine situé en pleine nature. Nous nous sommes aussi inspirés du Labyrinth, au Japon, qui essaye comme nous de garder une atmosphère intimiste. Nous ne voulons pas dépasser les 1 200 personnes pour préserver cette vibe unique. Nous aimerions aussi allonger la durée des sets à l’avenir, en invitant par exemple Donato Dozzy à jouer toute la journée : une première partie ambient, une deuxième partie techno. On aimerait mettre l’accent sur la journée pour que les festivaliers profitent au maximum du paysage. Les gens ont l’habitude de faire la fête la nuit, mais la fête est plus saine en journée ! »
Ivan, 21 ans (Espagne)
« Ce type de programmation n’existe nulle part ailleurs en Espagne. Le son oscille entre ambient, deep techno et expérimentale. J’aime la techno atmosphérique, cette musique m’apporte plus que la dark techno. Il y a une dimension spirituelle qui se marie bien avec l’environnement du festival. Ce type de son est idéal quand on est immergé dans la nature. Et puis, le sound-system Lambda Labs est excellent. Mes coups de cœur du festival ? Le live de Mathias Grassow et le set de 4 heures de Neel. J’ai aussi adoré le warm up d’Antonio Vázquez. »
Neel (DJ / Italie)
« La programmation du Paral.lel est excellente, j’ai entendu des sets et des live remarquables durant ces trois jours. Cette musique psychédélique et hypnotique se marie parfaitement avec la nature, on a le sentiment de se connecter avec la forêt. Ici, la musique que tu joues est reliée à la nature. Tout finit par fusionner, tout coule de source. C’est un peu comme au Labyrinth. Tels des disques, les artistes se succèdent, s’enchaînent, pour finir par créer un DJ set unique. Et puis, c’est super de pouvoir chiller sur la musique en journée. En tant que DJ, c’est difficile de passer à travers car tu reçois énormément d’énergie du public. Enfin, il n’y a qu’une seule scène, si bien que le public reste concentré sur la musique. Les gens ne se perdent pas dans un dédale de scènes, il n’y a pas d’échappatoire ! »
Eva (32 ans / Pays bas)
« J’ai déjà fait le Dekmantel, le Fusion ou Les Nuits sonores. En général, je connais quelques artistes dans le line up, mais pour le Paral.lel, je n’en connaissais aucun ! J’avais vu les photos du site sur le net, qui était suffisamment attractif pour éviter la moindre déception. Sur place, j’ai kiffé la musique, même si j’avais parfois l’impression que c’était toujours un peu la même chose : du 4/4, quelque part entre ambient et deep techno. Pour moi, c’est toujours la même vibe. Rien à voir avec le Dekmantel par exemple, où l’on peut entendre différents types de musique. Mais le cadre et l’environnement sont magnifiques. Tu te réveilles dans les montagnes, tu te pinces parfois pour vérifier si tu n’es pas en train de rêver. Et puis, rien à voir avec les festivals hollandais qui sont très organisés, très réglementés. Là-bas, le sentiment de liberté est limité par toutes les règles de sécurité. Ici, il y a peu de règles, peu de restrictions, tout est fait pour chiller. Il y a comme un parfum d’anarchie et d’utopie. »
Kevin, 23 ans (États-Unis)
« J’adore la techno hypnotique : les labels Semantica, Northern Electronics, Midgar Records (label de Jacopo Severitano, ndlr)… Le sound-system et le spot sont exceptionnels, les gens sont super cools. Ici, on déconnecte, on se sent loin du reste du monde, c’est propice à la relaxation. Tout est tellement simple. Et puis, il n’y a qu’une seule scène, si bien que les gens ne zappent pas d’une scène à une autre. »
Nems-B, 40 ans (DJ/France)
« Le lieu est unique, situé au beau milieu de la montagne. L’atmosphère est cool, détendue. C’est simple d’évoluer dans ce type d’environnement. Il y a un côté mystique et chamanique, en particulier quand tu te retrouves à proximité des montagnes à la tombée de la nuit. J’ai ressenti une fusion avec le public durant mon set, une réelle connexion. Le public était hyper “open minded”, les gens acceptent la proposition que tu leur fais. Cela m’a libéré, j’ai pu exprimer mon style à 200 %. Ce sentiment de liberté est lié à l’environnement dans lequel tu évolues, à la réception du public. Il n’y a pas de mauvaises ondes ici. Rien à voir avec d’autres clubs ou festivals, où il y a nettement plus de contraintes. »
Alexy (23 ans / France)
« Je suis venu pour la programmation, j’aime l’ambient, la deep techno, des artistes comme Polar Inertia, Jana Sleep ou natural/electronic.system… Je n’aime pas la techno lourde, je préfère ces atmosphères hypnotiques avec beaucoup de profondeur. J’ai particulièrement kiffé le set d’Architectural et les live de Polar Inertia et Dorisburg. J’aime aussi cette scénographie épurée, à l’image du festival. C’est une atmosphère intimiste. Ici tout est simple, c’est facile de rencontrer les gens. On n’est pas dans un délire où les jeunes se défoncent et ne se rappellent pas de la soirée le lendemain. Et puis, on n’est pas fliqués comme dans les autres festivals. On a l’impression de faire partie de la même communauté où les amateurs du même type de son se retrouvent. En plus, les gens qui viennent ici sont respectueux de la nature. L’année dernière, il y avait même un mec qui ramassait les mégots par terre. »
Bogdan (36 ans / Espagne)
« J’aime le fait que le festival se déroule dans la nature, loin de la vie urbaine. Rares sont les festivals qui proposent ce genre d’environnement naturel. On se sent loin du quotidien, on a parfois l’impression de participer à une rave, sauf que ce n’est pas illégal ! Certes, certains festivals sont mieux organisés, disposent de meilleures infrastructures. À titre d’exemple, les sentiers pour accéder à la scène manquent d’éclairage et sont dangereux. Mais on ne peut pas être trop exigeant avec le Paral.lel. C’est à peine la deuxième édition, cela ne peut pas être parfait. En tout cas, c’est super de voir un nouveau festival grandir. Il y a peu d’artistes connus. Or, ça tombe bien, j’aime être surpris ! Une chose est sûre : je reviendrai l’année prochaine ! »
On allait oublier l’essentiel : merci à toute l’équipe du Paral.lel pour son accueil chaleureux et sa bonne humeur contagieuse. See you in 2018 !