Par Bertrand Maire.
Les musiques électroniques sont étroitement inscrites dans l’ADN de l’INA-GRM, au-delà de son activité d’archivage du patrimoine audiovisuel français. Le Groupe de Recherches Musicales (INA GRM) fondé par Pierre Schaeffer est en effet aux sources de la musique électronique dans le monde. La production de concerts et d’outils électroacoustiques a par ailleurs toujours fait partie de l’institution. Quand je suis arrivé à l’INA, je me suis pourtant aperçu qu’à aucun moment, le lien n’avait été fait entre les pères fondateurs et les nouveaux acteurs de la scène électronique. Je fais partie de cette génération bercée par la French Touch, Laurent Garnier, et bien d’autres. J’ai d’abord voulu initier un rapprochement entre le duo Air et le GRM. De cette première collaboration, où ces enfants du GRM que sont Air rencontraient les fondateurs, ont jailli de nouvelles idées, de nouvelles intentions. C’est alors qu’a été imaginé INASOUND.
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À une période où l’audiovisuel public se réinvente, ce nouveau festival est pour l’INA une façon de conforter ce lien avec ses origines. Les musiques électroniques font partie de notre capital, et leur influence dans notre quotidien est partout. C’est ce que nous voulons mettre en avant, en revenant à notre mission de pédagogie et de transmission du son, à notre vocation aussi vis-à-vis de la jeunesse. Comment on fabrique un son ? Comment on le produit ? Comment on l’harmonise ? Comment l’image et le son sont liés ? Comment la musique électronique influence les autres arts et artistes ? Comment la danse, le fooding, la photographie ou d’autres disciplines sont influencées par la musique électro ? C’est ce qu’on tentera de présenter à l’occasion d’INASOUND.
Nous voulons construire dans le Palais Brongniart, où aura lieu le festival, un village des musiques électroniques où se traduiront toutes ces influences. Dans l’auditorium, des masterclass avec des personnalités de la musique électronique comme COLDCUT et Jean-Michel Jarre, qui expliqueront ce qui les nourrit leur créativité, et comment ils voient le futur. Ailleurs, on discute consommation de la musique électronique en radio, on s’initie au DJing ou l’on rencontrera les jeunes entreprises de l’électro. Un « jardin musical », l’Acousmonium, invite le public à une expérience d’écoute pure couplée avec la réalité virtuelle, et un hackathon accueillera des artistes pour 48 heures de challenge créatif et de production dans un studio éphémère. À l’issue du week-end, Laurent Garnier recevra la distinction numérique de l’INA, son patrimoine audiovisuel, tout ce qu’il a dit et tout ce qui s’est dit sur lui à la télévision et à la radio française, sur une tablette. Sans oublier les live de Kiddy Smile, CloZee, Erol Alkan ou Sara Zinger, un ciné-concert de Jean-Benoit Dunckel du duo Air et la performance entre musique électronique et recherche expérimentale de NSDOS.
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L’engagement de l’INA vers les musiques électroniques va se poursuivre. Le festival est l’événement fondateur d’autres initiatives qui s’appuieront sur toutes les ressources de l’INA. Car tant de nouvelles musiques s’inventent, de nouveaux outils pour aller toujours plus loin dans la manipulation du son et dans la création. C’est par exemple ce qui nous amène à réfléchir avec INA GRM aux côtés de Dassault System, leur projet en réalité virtuelle, au cœur des pyramides, où nous utiliserons la musique électronique pour reproduire les conditions sonores de l’intérieur d’une pyramide il y a 4 000 ans. Nicolas Godin, du groupe Air, qui a toujours été très inspiré par l’architecture, a par exemple capté le son à l’intérieur de la pyramide et débuté un travail avec cette résonance si spécifique. L’idée est de créer tous ensemble une expérience immersive et sensorielle totale d’image et de son, dans un espace à la Cité de l’Architecture qui ouvre en décembre. Un témoignage patrimonial global qui pourrait aussi inspirer une collaboration sur les monuments français.
L’Institut national de l’audiovisuel (INA) lance le festival INASOUND, la première expérience globale dédiée à la musique et aux cultures électroniques, les 8 et 9 décembre au Palais Brongniart. Plus d’informations et programmation à venir sur le site institut.ina.fr/inasound.