“Ça marche parce que je ne prends pas les gens pour des cons.”
“Toujours plus”, c’est le crédo de Gaylord Da Silva bien connu pour son tempérament de feu. Le parcours du patron d’Electrobotik Invasion est un peu fou, comme son festival. D’emblée, et à cent à l’heure, il raconte ses mille vies et tout ce qui l’a conduit à réaliser son rêve de gamin. Tout commence avec la musique électronique.
“J’ai écouté de la techno quand j’avais 5 ans”, précise-t-il. Son goût pour la fête, il le développe assez tôt. “Quand j’étais tout petit et que je vivais dans le Nord, je travaillais avec les forains, j’aidais au montage ou aux autos-tamponneuses parce que j’aimais ça”, se souvient Gaylord. Plus tard, il croise inévitablement le chemin de la free party. Il fait sa première teuf dans le Nord-Est à l’âge de 17 ans, et comme beaucoup d’amoureux des caissons, c’est “une révélation”. “De fil en aiguille”, comme il dit, il finit par organiser des raves.
Electrobotik Invasion 2014, aftermovie :
A l’époque, il traîne avec KRMS, le soundsystem marseillais. On est en 2001. Gaylord s’installe petit à petit dans le Sud. Il se souvient de l’année à cause du Teknival de Florac qui a bel et bien marqué toute une génération de teufeurs en kaki. À cette époque, il vit “presque dans la rue”. Ironie du sort, c’est la rue qui lui ouvre de nouvelles portes. Il démarre une autre vie, taffe, monte des chapiteaux et baigne alors dans un nouveau monde pas si éloigné de la fête foraine. Il crèche aux anciens abattoirs de Marseille pendant six ans, un squat d’artistes où vivent des gens du spectacle, des petites compagnies de cirque, et pas mal de travellers. Il se remémore cette période avec joie, “une bonne époque”. Et puis, ras-le-bol des squats. Il prend la route.
Dès lors, il choisit la vie en camion sur des terrains, et devient également routier. “Le spectacle, ça ne payait pas, je suis devenu livreur, puis routier, et j’ai fini par conduire des poids lourds et enfin, comme il m’en faut toujours plus, des semi-remorques !” Parallèlement, Gaylord ne lâche jamais la teuf.
Le virage Electrobotik
“À un moment où ça commençait à exploser à Marseille, en 2006-2007, j’ai proposé aux gars des KRMS d’organiser des soirées, disons, un peu plus encadrées, et surtout payantes pour qu’on essaie de tous en vivre”, explique le boss. Là, le virage se fait en douceur mais surtout en solo : ses potes choisissent de continuer la free party.
“Je suis comme un gamin, je veux tout faire, j’en veux toujours plus.”
Gaylord se lance avec l’aide de son frère et organise sa toute première soirée à Marseille, en 2008. Déco à gogo, gros investissement personnel, ce coup d’essai est un succès, Gaylord ne perd pas d’argent et “c’est une réussite, non pas parce qu’on a fait un peu de bénéf’, non, mais bien parce que les gens se sont amusés”, souligne-t-il. C’est le point de départ de l’aventure Electrobotik.
La philosophie de Gaylord est restée la même presque dix ans après, sauf qu’il voit les choses en bien plus grand. “Je suis comme un gamin, je veux tout faire, j’en veux toujours plus”, reconnait-il. Pourtant, il avoue être allé au bout de son rêve et de ses envies. Il souhaite maintenant que le festival grossisse d’année en année pour qu’il soit juste “plus énorme”, à l’image de Tomorrowland. “Je suis comme un cuisinier. Dans Electrobotik, j’ai mis tous les ingrédients de ma culture et de mon vécu, et ça marche parce que je ne prends pas les gens pour des cons.“, résume-t-il.
Tomorrowland 2015, aftermovie :
En quelques années seulement, Gaylord s’est fait un nom et il se l’est surtout fait tout seul. “J’ai arrêté l’école en quatrième, j’ai juste mon permis en fait”, plaisante-t-il, avant d’ajouter, “c’est sûr, mes parents sont contents et s’inquiètent un peu moins pour moi.”
Les 8 et 9 juillet prochains, il s’apprête à voir déferler 20 000 personnes à Bagnols-sur-Cèze. Ce qui était au départ un festival itinérant devient un événement que cette municipalité du Gard accueille à bras ouverts pour la deuxième fois consécutive. Un aboutissement pour Gaylord et toute son équipe.
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Electrobotik Invasion, aftermovie 2015 :
Vivian, chargé des partenariats : “Notre pilier à tous”
“Le festival Electrobotik, c’est son bébé. Et lui, il est notre pilier à tous. C’est un vrai bosseur, un hyperactif même. Du coup, il a toujours de grosses attentes. Mais quand on voit le résultat tellement extraordinaire à chaque fois, on se dit que ça vaut le coup de se donner à fond et de bosser avec lui !”
Karim, conseiller particulier (Regarts) : “Gaylord est un outsider”
“J’ai rencontré Gaylord il y a 6 ans à Montpellier. Quand je l’ai vu, j’ai pensé, ‘c’est quoi ce phénomène !’. Ce gars est capable de déplacer des montagnes. Avec lui, quand ce n’est pas possible, et bien c’est quand même possible. C’est un outsider, un néo-punk, il a créé le plus underground des festivals encadrés.”
Yann, bras droit technique : “Il en met plein les yeux”
“Gaylord a toujours des idées folles, parfois irréalisables, et nous, on tempère. Mais au final, on arrive à faire des trucs géniaux, comme un manège géant sur la scène techno. Ça, tu ne le vois nulle part. C’est ce qui me plait, il ne lésine pas sur les moyens techniques pour en mettre plein les yeux au public.”