Covid-19 et Sida : comment les deux virus font progresser la recherche vaccinale

Écrit par Cécile Giraud
Photo de couverture : ©Miguel Medina
Le 20.04.2021, à 15h22
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©Miguel Medina
Écrit par Cécile Giraud
Photo de couverture : ©Miguel Medina
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Alors qu’une année s’est écoulée depuis les premières recherches de vaccin contre le Covid-19, un autre virus refait surface dans l’actualité : le sida. On semblait presque l’oublier, celui-là. Pourtant, de grandes avancées ont été faites cette année, notamment grâce (ou à cause) de l’épidémie de Sars-CoV.

La semaine dernière, de nombreux internautes et médias se réjouissaient du taux d’efficacité d’un nouveau vaccin contre le sida. La nouvelle s’est vite répandue via le tweet de l’ancienne coordinatrice en chef de l’humanitaire au Nigéria Ayoade Olatunbosun-Alakija : de nouveaux essais cliniques montreraient une réponse immunitaire chez 97 % des patients. Si l’on peut considérer cette information comme une nouvelle prometteuse, celle-ci mérite d’être étudiée de plus près. Et surtout, l’avancée contestable certes, est nettement liée à la recherche du vaccin contre le Covid-19, qui s’appuie depuis un an sur une nouvelle technologie, l’ARN messager.

Cousins de matériel génétique

Premièrement, il faut savoir que les deux maladies sont causées par deux virus à ARN, c’est-à-dire que leur matériel génétique est constitué d’acide ribonucléique. Ensuite, l’une des difficultés avec le virus du sida est qu’il mute bien plus rapidement que le nouveau coronavirus. Le système immunitaire a donc plus de mal à le combattre. De quoi rendre quasi impossible jusqu’ici la recherche d’un vaccin efficace. Mais l’ARN messager est une piste intéressante à explorer : « C’est une innovation dans la maladie infectieuse qui a montré son efficacité pour le Covid donc ce pont vers le VIH est tout à fait naturel et même encouragé », explique  sur Franceinfo Serawit Bruck-Landais, directrice du pôle recherche du Sidaction qui a eu lieu du 26 au 28 mars dernier.

Le tweet de la docteure plus haut laisse penser que ce nouveau vaccin anti-VIH est le fruit du vaccin anti-covid Moderna. Pourtant, la collaboration entre le laboratoire pharmaceutique et l’Institut de recherche Scripps, auteur des essais cliniques, n’est que la prochaine étape du processus. Par ailleurs, le chiffre de 97% est à prendre avec des pincettes, car pour valider des essais, il faut passer trois étapes. Ce pourcentage est tombé seulement à la phase 1, qui consiste à tester un petit nombre de personnes, en l’occurence 48, cette fois-ci. Il faudra donc attendre encore deux tests, à plus grande échelle, pour se réjouir pleinement de l’existence d’un vaccin vraiment efficace contre le virus du sida. À terme, si les essais s’annoncent concluants, cette technologie pourrait être appliquée à d’autres virus tel que la grippe, la dengue, Zika ou encore l’hépatite C.

Vice et versa

Si les avancées sur le vaccin contre le Covid-19 influent sur la celle du vaccin contre le sida, l’inverse est aussi vrai. Il y a quelques semaines, le VRI (Institut de recherche vaccinal), un laboratoire établi par l’Agence nationale de recherche sur le Sida (ANRS), l’Inserm et l’université de Paris-Est Créteil ont démarré de nouveaux essais. Le candidat vaccin, appelé « CD40.HIVRI.Env », repose sur une technique unique au monde, ciblant les cellules dendritiques pour combattre les agressions du virus du sida. Ces cellules sont en fait les sentinelles de notre système immunitaire. Selon l’équipe française de chercheur·euse·s, cette méthode pourrait être utilisée pour le vaccin anti-covid car elle a déjà fait ses preuves lors de pré-essais sur des animaux.

Et petit rappel : pour le sida, comme pour le Covid, il est toujours bon de connaitre son état et de se faire dépister régulièrement. Masques comme préservatifs nous protègent et protègent les autres. Alors sortez couverts.

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