Cortèges : quand la danse, la musique et l’écriture s’entre-choquent

Écrit par Partenariats Trax
Le 10.05.2023, à 10h07
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Écrit par Partenariats Trax
C’est une célébration de la vie, un spectacle ou les rôles des arts, souvent stricts et arrêtés, sont chamboulés. Avec deux représentations à la Philharmonie de Paris les 8 et 9 juin 2023, cette performance aborde la complexité des identités dans une démarche politique assumée.

Par Brice Miclet

Quand l’alliance de la danse, de la musique et du texte devient éminemment politique. Cortèges est « une aventure collective », un spectacle où la notion de pluridisciplinaire n’a strictement rien de galvaudé. Les 8 et 9 juin 2023, le spectacle investit la Philharmonie de Paris, en partenariat avec l’Ircam et dans le cadre du festival ManiFeste, amenant dans son sillage les passés, les histoires intimes, les questions identitaires de ses auteurs. Ils sont trois à être à l’origine de cet ambitieux projet : Sasha J. Blondeau, compositeur, François Chaignaud, danseur et chorégraphe, et Hélène Giannecchini, autrice. Ensemble, ils ont créé Cortèges, ode au mouvement, à cette faculté qu’a l’individu de se fondre dans la foule, de s’y mouvoir et, finalement, d’y exister.

François Chaignaud et l’Orchestre de Paris

Voici une performance ou les rôles habituellement bien définis des différentes disciplines s’entremêlent, où la hiérarchie des salles de concerts est bouleversée. Sans inverser les rôles, l’idée est de les mélanger. Alors, dans une volonté de questionner et pourquoi pas renverser les normes, l’orchestre se fond dans le public, la musique se fait symphonique et électronique et le danseur, François Chaignaud, chante également. D’ailleurs, ce dernier n’a aucune formation musicale, utilise finalement sa voix comme il utiliserait ses bras, ses jambes, son cou, comme une continuité du corps et de son terrain d’expression. Il l’explique : « La possibilité de la hauteur, du rythme, de la mélodie, puis du geste sont comme des conquêtes qui viennent rythmer l’avancée de nos cortèges. »

Ce « nos », c’est, en partie, les cultures et les identités queer. Cortèges est né lors de résidences menées à San Francisco. Là-bas, Hélène Giannecchini a pu avoir accès à des archives de la GLBT Historical Society, à des photos de prides américaines, de défilés, d’activistes de la lutte contre le SIDA, à des images retraçant la White Night de 1979, ces émeutes menées dans la ville par une communauté gay révoltée par la clémence de la condamnation de Dan White, assassin du conseiller municipal gay Harvey Milk. Il a fallu, pour chacun des trois créateurs, percevoir son domaine de prédilection hors des cadres, en interaction permanente avec l’autre, sous un nouvel angle. Et créer Cortèges, objet hybride au possible. Comme pour souligner ce désir de chamboulement, les représentations seront suivies de l’interprétation des œuvres Densité 21.5 pour flûte et Amériques du compositeur Edgar Varèse par l’Orchestre de Paris, sous la direction d’Alain Altinoglu.

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