Quand une personne n’est pas bien, son réflexe premier semble être de vouloir en parler à un ami, un membre de la famille, quelqu’un qui lui est proche. On trouve aussi des personnes qui peuvent raconter leurs vie à n’importe qui serait prêt à les écouter tant le sujet abordé leur pèse. Le problème est que la frontière entre épanchement et déchargement paraît aussi fine que floue, et nombreux n’en saisissent pas la subtilité. En effet, il est naturel pour nous en tant qu’animaux sociaux d’avoir l’envie de partager les émotions suscitées par nos expériences à autrui. Parmi elles, frustration, colère, désirs, peur et mille et unes autres. Ce qu’on veut chez l’autre à ce moment, c’est le recul dont nous manquons. On cherche un autre angle, une plus grande neutralité, une validation ou encore de l’attention.
Alors, à quel moment passe t-on de l’épanchement au déchargement ?
Selon Balbir Bansi et Baksho Johal, deux thérapeutes interrogés par respire, il s’agirait d’une question de durée : « Se décharger implique du temps. La personne qui s’y livre (intentionnellement ou non) revient fréquemment sur ses problèmes, rejette la faute sur les autres et a tendance à monologuer.» Après ce faux-échange, la personne se sent mieux. Au contraire, son interlocuteur se sent vidé, perturbé, et parfois déprimé sur le moment ou même a posteriori, ce qui peut éventuellement nous pousser à nous interroger sur nous-même alors que tout allait bien avant l’interaction.
Il semblerait que les personnes qui ont tendance à fuir les conflits en soient très sujettes, tout comme les personnes qui manquent de confiance en elles. Au lieu d’y faire face, elles les dilues dans des complaintes qu’elles imposent sans s’en rendre à celui ou celle qui les écoute. Mais celui qui écoute peut aussi, inconsciemment, “encourager l’autre à se décharger“. C’est le cas des individus qui aiment à incarner la posture du sauveur, par goût de bonne conscience.
Comment arrêter d’accabler les autres ou de se laisser accablé ?
Balbir conseille de se poser la question : « Es-tu d’accord pour que je te parle de X ? C’est un bon moyen de lui donner l’occasion de dire s’il se sent en mesure de supporter le fardeau que vous allez déposer à ses pieds. Et de vous assurer qu’il n’est pas lui-même débordé, que vous ne rajoutez pas des problèmes aux siens. » Car pour préserver sa propre mentale, il faut apprendre à être honnête, exprimer son incapacité/absence d’envie à converser, et donc mettre des limites.
Elle conseille des phrases telles que « Je comprends que tu aies besoin de t’épancher, mais je ne suis pas en mesure d’avoir cette conversation pour le moment »; ou si c’est récurrent : « Il m’a été difficile de passer du temps avec toi dernièrement car je me sens submergé par tes problèmes. » C’est chiant à dire, désagréable à l’oreille de l’autre, mais clairement bénéfique pour tout le monde.
QUAND VOUS VOUS DÉCHARGEZ SUR LES AUTRES :
- ils sont distraits, à moitié dans la conversation
- ils essaient tant bien que mal de changer de sujet
- ils vous évitent
QUAND QUELQU’UN SE DÉCHARGE SUR VOUS :
- le sujet de conversation est le même pendant trop longtemps
- il ne parle que de ses problèmes, de sa propre vie, n’a pas de véritable intérêt pour vous
- il monologue (avec vigueur)
- il n’écoute pas vos suggestions
- il blâme les autres
- vous sortez de cette interactions avec le sentiment d’être vidé
En effet, cela pour permettre à la personne de remettre en question sa façon d’agir, car un trop-plein d’interactions étouffantes avec un ami, une connaissance, un collègue, va avoir la conséquence suivante : l’envie d’éviter cette personne. Il y a de nombreux autres moyens d’éviter ce déchargement sur autrui, notamment le fait d’écrire, enregistrer un mémo, parlant à vous-même, exercer une activité sportive, respirer, méditer ou encore exploiter vos feelings avec créativité. Mais comme nous n’allons finalement pas arrêter de nous confier – ce qui est normal – il ne faut pas oublier de communiquer avec respect, conscience de soi et de l’autre, partage et bienveillance.