Par Flore
Au fil des années, j’ai accumulé des gigas de samples, de presets. Des banques de sons dans lesquelles il est facile de passer du temps, jusqu’à perdre le fil de son idée musicale. Ma composition a gagné en effectivité et en qualité quand j’ai préparé mes outils en amont. Ce qui m’a permis de mieux personnaliser ma musique.
Une des grandes force d’Ableton Live, c’est d’être une grosse boîte à outils. Mais comme tout est possible, cela peut aussi être très contre-productif. On peut perdre du temps à naviguer entre les sons, pour au final ne pas arriver à son intention de départ. C’est parfois tellement long et fastidieux qu’on finit par choisir des sons par dépit, sans réussir à trouver ce que l’on veut. Il y a trois ans, j’ai pris un moment pour chercher ceux qui me plaisaient et les organiser dans ma bibliothèque sonore. J’ai commencé par effacer tous les trucs dont je n’avais aucune utilité. Ce fut déjà un premier tri. Puis je me suis mise à mieux catégoriser mes sons, en associant une source sonore à une autre.
J’utilise principalement trois types de source sonore. Je travaille d’abord beaucoup avec des samples – batteries, nappes, synthés, cordes, voix, acapella, etc. – que je trouve sur le Net, que j’achète, que j’enregistre ou tirés de mes vinyles. Dans Ableton Live 10, on peut taguer les sons de différentes couleurs. C’est un nouvel espace dans les librairies qui s’appelle les collections. J’ai par exemple un premier tag avec mes drum loops – chez moi, ils sont rouges ! – là où d’autres vont taguer les différents projets musicaux en cours, ou les travaux selon leurs différents pseudos. J’utilise aussi beaucoup de synthés virtuels, et dans Live, il y a la fonctionnalité racks. J’ai construit chacun de mes racks avec plein d’instruments différents, sur lesquels j’ai sélectionné en amont les presets qui me plaisent. Un peu comme un musicien qui choisit ses instruments et ses réglages avant de jouer. Je me balade de rack en rack, et je trouve très facilement les sons qui me plaisent pour composer rapidement mes mélodies. Enfin, je suis une grande utilisatrice d’effets audio. Même chose, j’ai rangé les réglages et effets qui me plaisent en dossiers pour me permettre d’avoir rapidement tel type de son – un delay un peu dub, ou un réglage de disto particulier – et trouver facilement le grain recherché.
Grâce à ce rangement de départ, je vais plus vite, c’est plus fun, et je reste concentrée dans mon jeu. Comme si j’étais dans un vrai studio avec mes synthés déjà réglés. Là, je sais que dans tel dossier, je peux recréer une piste Midi, puis mettre un rack de batterie qui m’évoque tel type de style, d’émotion ou d’ambiance ; sur telle piste, je vais vite pouvoir charger tel son de synthé, qui va m’évoquer certaines textures que j’ai mises de côté ; sur ces racks de petits samples de voix, je vais pouvoir appliquer un effet sauvegardé en amont et que je trouve intéressant. Tout ce temps gagné à ne pas chercher des sons, je l’utilise à retravailler les miens pour qu’ils soient plus personnels, en allant davantage vers le sound design, pour approfondir les ambiances et pousser plus loin la matière sélectionnée au départ.
J’applique cette méthode depuis que je bosse sur mon live, Ritual, dont sont tirés mes deux derniers maxis. Je n’assumais pas totalement mes morceaux auparavant, il y avait toujours quelque chose qui était éloigné de l’intention de départ. Depuis, mes morceaux me ressemblent plus, j’ai pu trouver ma signature sonore. Pour que faire de la musique soit agréable, il faut qu’il y ait assez vite quelque chose de gratifiant. Or ça peut être très frustrant d’être face à ses machines et de perdre du temps, de faire des choses que tu trouves nazes ! Organiser mes librairies m’a permis d’arriver le plus vite possible à des outils qui me plaisent, pour qu’au moment de jouer, ce ne soit que du plaisir. Et de composer très facilement des choses dont je suis contente, et qui me donnent envie d’aller plus loin encore.
Flore a sorti fin janvier une série d’edits inédits tirés de ses live, en téléchargement gratuit sur son site Internet.