Nos sens peuvent percevoir d’eux même la plupart des composantes d’un son ou d’une image. Mais certaines de ces composantes ne sont pas immédiatement perceptibles et nécessitent souvent un matériel bien spécifique. À l’aide d’une caméra virtuelle, l’artiste et physicien grec Yiannis Kranidiotis nous fait parcourir des grands classiques de la peinture en mettant en parallèle ces perceptions sonores et visuelles, au sein d’un projet ambitieux et poétique baptisé Ichographs :
“En tant que physicien j’ai toujours été fasciné par les propriétés communes entre la lumière et le son (l’intensité, les vagues d’onde, ndlr), j’ai donc essayé de trouver un moyen de les mettre en valeur et de les juxtaposer” explique-t-il à The Creator’s Project.
Dans la vidéo ci-dessus, Kranidiotis s’est appliqué à diviser le célèbre tableau de Raphaël en 10 000 particules cubiques qui portent toutes leurs propres paramètres de teinte, de saturation et de luminosité. Chacune de ces composantes est traduite en fréquence sonore, une fréquence proportionnelle aux couleurs qu’elle contient.
Les hautes fréquences correspondent à ce qu’on perçoit (inconsciemment) en premier dans une image, c’est-à-dire les couleurs vives, dites “chaudes” (800 Hz au maximum), et inversement (les couleurs froides comme le bleu peuvent descendre jusqu’à 50 Hz).
Ainsi, comme l’explique Kranidiotis “quand on aperçoit les vêtements rouges de la Madonne, on entend des fréquences très hautes qui correspondent à cette couleur. C’est l’effet contraire qui se produit avec le bleu du ciel, on entend les basses fréquences.” Vous ne regarderez plus un tableau de la même façon.