À mi-chemin entre le cockpit d’avion et le laboratoire, le studio de TORB ne ressemble à aucun autre. Dès que l’on franchit la porte de leur repaire, à l’étage du studio Motorbass de Philippe Zdar, un gros modulaire désossé se dresse face à nous. La plupart de ses circuits ont été transplantés sur les nombreuses autres machines qui composent l’arsenal de TORB ; un équipement entièrement conçu de leurs propres mains à partir de pièces détachées. “Déjà, lorsque j’arrive à faire sortir un son d’une nouvelle machine, je suis content“, confie Fabien ; ce qui donne une idée des efforts fournis pour aboutir au son éclatant de leur LP Night Session, sorti en 2015, une techno empreinte d’influence Detroit et rave, émaillée de synthés French Touch façon Air ou Cassius. En amont de leur live à Space in Faders le 11 mars, le duo nous présente ses cinq pièces maîtresses.
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1/ Magnificienca Luminata
Notre premier synthé analogique construit pour la scène. Il est rétroéclairé. On s’est inspirés des instruments de cockpit d’avion avec deux façades, afin que l’on ne voie pas les fils qui relient les potentiomètres et les interrupteurs. Sur la première il y a la sérigraphie, sur la seconde toutes les commandes. On en a trois et chacun a un son dédié : le premier possède un gros son avec beaucoup de sub, genre klaxon de paquebot, le second est utilisé comme sirène et le dernier pour les nappes.
2/ Boombass Approved
On voulait une basse capable de résonances acides, tout en pouvant descendre très bas dans les octaves. Le filtre s’approche de celui d’un MS-20 sur lequel on injecte à la fois le son de l’oscillateur et celui d’un sub-oscillateur ajustable, à une ou deux octaves en dessous de la note jouée. Cette machine fait partie de celles qui sont en constante évolution.
3/ Ultimiti
Trois machines en une : la première, un synthé analogique, est l’évolution du Magnificienca Luminata. Les composants utilisés répondent à des critères de précision beaucoup plus importants qu’auparavant, tant pour le VCO, où la précision est de rigueur, que dans la réalisation d’un filtre où le résultat attendu ne sera en général atteignable qu’en utilisant des composants de qualité. La deuxième partie est un synthé FM avec un filtre analogique semblable à celui que l’on trouve dans un Korg PolySix. La troisième partie est un séquenceur qui envoie toutes les notes et autres informations MIDI à nos synthés. C’est un peu le cœur de notre live. Il permet aussi à l’ensemble des machines d’être synchro.
4/ Veedo
C’est le premier synthé FM que l’on a fabriqué. À la base, nous l’avons construit comme un synthé classique avec un clavier, mais nous l’avons modifié en version boitier suite à pas mal de galères avec la version antérieure, notamment pendant les balances à Astropolis où le MIDI ne fonctionnait plus, le synthé ne recevait plus aucune info, pas idéal… Idem sur un autre live, où la matrice qui permettait de gérer le routing interne s’est mise en court-circuit au début des balances. Bilan : deux machines en moins pour ce live. Finalement, on s’est défoulés sur les survivantes et ça reste une super date. Maintenant, nous utilisons ce module avec un filtre analogique, un CEM3379 que l’on retrouve notamment dans certains Oberheim. Il a un timbre et une résonance particuliers qui apportent énormément à la synthèse FM.
5/ Sid6581
Ce synthé existe à la fois dans le domaine DIY et dans le commerce chez Elektron. La base est construite autour de deux modèles possibles de composants que l’on trouvait dans un ordinateur des années 80 : le Commodore 64. Malgré son design ancien, l’interface permet énormément de modifications, ce qui est parfait lorsque l’on cherche un son.
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TORB – FATOHM