Créé en 2009 sous l’impulsion des époux Ferrand, qui dirigent la ville depuis plusieurs années, l’Electrobeach Music Festival (EMF) a d’abord été gratuit pour quatre éditions, avant de devenir payant en 2012. Depuis ce changement, il a toujours clairement affiché son désir d’évoluer : au niveau du site, proposant au fil des années, plus de scènes et de meilleurs services ; et au niveau de sa programmation, en invitant aux côtés de ses habituelles têtes d’affiche EDM (David Guetta, Martin Solveig, Tiësto…), des représentants résolument plus techno.
Comment s’est monté le festival ?
C’est Madame Ferrand qui a lancé le festival en 2009, quand elle était maire de la ville. En regardant ce qu’il se passait dans le panorama français, elle a eu l’envie de tenter une aventure musique électronique, qui puisse séduire le maximum de jeunes, le cœur de cible du festival. L’EMF a connu deux périodes : celle avant qu’il soit payant, soit 4 éditions jusqu’en 2012, et l’après.
Pourquoi ce passage du gratuit au payant ?
Après quelques éditions, nous nous sommes demandé ce que nous voulions pour la suite, si nous voulions franchir un cap. C’est le choix que nous avons fait. Nous avons pris des décisions importantes, comme de rendre le festival payant. Avec ces moyens en plus, et d’une année sur l’autre, on a ajouté un jour de festival, la scène a évolué aussi. Ça a vraiment été un tournant. Mais il ne s’est pas opéré sans contrainte. Par exemple, on a dû fermer un espace qui était ouvert au profit d’un autre… Les débuts ont été très difficiles.
Quelle a été la fréquentation de ces dernières années ?
La dernière année gratuite, nous étions à 35 000 personnes environ, et l’année où l’on est devenu payant, on est passé à 20 000 festivaliers par jour. Après, ça n’a fait qu’augmenter. Les plus importantes hausses sont arrivées il y a deux ans. C’est là que l’engouement s’est vraiment manifesté. L’année dernière, nous avons accueilli 176 000 personnes sur 3 jours.
Combien de personnes attendez-vous pour l’édition 2017 ?
On a des estimations, mais elles sont un peu faussées par les élections. Par rapport au nombre prévu, on est à 10 % en dessous, mais tout devrait rentrer dans l’ordre pendant la fin du mois de mai et de juin. On espère réunir entre 180 000 et 190 000 festivaliers, peut-être plus.
Vous disposez d’un budget conséquent ?
Être payant n’est pas synonyme de gros budget. Déjà, le festival n’a pas ou très peu été accompagné par les pouvoirs publics. La région commence un peu à se mobiliser, mais la ville du Barcarès s’est vraiment impliquée. L’entrée payante entraîne surtout de nombreuses autres dépenses en parallèle, dont les gens ne s’aperçoivent pas forcément. Par exemple, la sécurité doit être renforcée vu que l’espace va être fermé, les assurances aussi… Tout évolue, donc tout est plus cher. Certains éléments à eux seuls coûtent plus que tout le festival Electrobeach quand il était gratuit (rire). Le fait de monter un événement payant ne veut pas dire que l’on devient des cash machines. Si c’était le cas, tout le monde le saurait !
Combien de personnes travaillent sur l’évènement ?
Il n’y a pas, ou très peu, de bénévoles. À l’année, nous sommes entre 5 à 15 personnes selon les périodes, pour arriver à 1 000 personnes pendant le mois du festival.
Une grosse partie de la programmation est constituée d’artistes “EDM”, mais vous avez ouvert le spectre en invitant des artistes moins mainstream comme Agoria, Oxia, Dixon ou Seth Troxler. Quand avez-vous décidé cela ?
La techno fait partie de l’EDM si l’on prend la définition telle quelle. Au début, il n’y avait qu’une seule scène, il fallait alors inviter de gros artistes mainstream pour inciter les gens à venir. Ensuite, on a ajouté la scène de la plage, qui réunissait des artistes et une musique plus deep, plus techno. Aussi, on voulait varier les genres sur la main stage, pour ne pas avoir la même musique tout au long du festival. L’idée principale, c’est d’arriver à faire monter la température avec beaucoup d’artistes, pour que les festivaliers soient bouillants au moment des sets des têtes d’affiche, dès le début de la soirée. C’est similaire à ce qu’un DJ en club pourrait faire, un warm-up au début, et un set plus puissant pour la suite.
Quel est l’objectif ? Amener un public plus varié ?
Notre but, c’est surtout que sur la scène principale se succèdent les meilleurs artistes de tous les styles : EDM, techno, house… À terme, on aimerait bien entourer cette main stage avec d’autres scènes diverses, pour que les gens puissent avoir une offre de musique électronique complète.
Vous pensez qu’en France, plus que dans d’autres pays, il y a une fracture entre l’EDM mainstream et le courant techno/house, qui revendique une approche plus authentique ?
Oui c’est sûr, mais le rôle de festivals comme le nôtre, c’est de réparer cette fracture, non ? On cherche à amener les gens vers d’autres styles de musique. Si on cloisonne chaque style, finalement, qu’est-ce que les gens découvrent ?
Quelles sont vos ambitions pour le festival ?
Pour être numéro 1, comme je le répète souvent, il faut d’abord qu’on gagne plus d’expérience. Si en comparaison, on prend les Vieilles Charrues (278 000 festivaliers en 2016, la plus grosse affluence en France, ndlr), ils ont 20 ans derrière eux ! Je tiens aussi à rappeler que les Vieilles Charrues durent quatre jours, pas nous ! Ajouter un jour de festival, ce sera un premier pas.
L’Electrobeach Music Festival aura lieu les 13, 14 et 15 juillet dans la station balnéaire de Barcarès. Retrouvez aussi dans Trax #202, disponible en kiosque, un reportage sur les coulisses du festival.