Alors que l’été bat son plein et que la saison des festivals est à son apogée, on ne sait plus où donner de la tête. Cela dit, pour les mordus de techno underground, c’est assurément au Voltage qu’il fallait se rendre. Il y a quelques jours à peine, la petite commune de Zwevegem située à la frontière belge – 25 minutes de Lille – accueillait la cinquième édition d’un festival intimiste réservé aux puristes du genre.
Cette année, les campeurs sont chouchoutés dès le vendredi soir (soit la veille du démarrage officiel) par une rave de bienvenue au sein du camping, animée par Keyser, Ar:kore et Reveillon. Les trois artistes sélectionnés au préalable lors d’un DJ contest sur les réseaux, ont lancé un before festival, en petit comité, mais en bonne et due forme.
Une bulle underground surréaliste
Enfin le jour J, le temps s’arrête, le cadre et la météo se prêtent au jeu. Nuages et brise menaçante s’accordent pour peindre un tableau légèrement sombre collant précisément à l’identité du festival. Il est tout juste midi, mais le Voltage n’a visiblement pas l’intention de faire dans la dentelle. Les festivaliers font peu à peu leur entrée à travers des containers de bateaux, surplombés d’un amas de bidons métalliques. Le décor au grand complet s’installe entre la scène Anode – immense dancefloor dont les câbles haute tension font office de plafond – et une colossale usine de briques rouges, abritant en son sein la scène Turbine. Au détour de cette dernière, se dessine le cocon intime de la scène Rotor, ressemblant à s’y méprendre à l’intérieur même d’un énorme fût en métal.
Un line-up pointu pour un public averti
Dès le début des hostilités, l’atmosphère est d’une intensité grisante. Le cadre underground et industriel offert par l’ancienne centrale contraste délicieusement avec la bienveillance humaine et l’énergie festive générale régnant au Transfo. Le festival débute sur les chapeaux de roues aux trois extrémités du spot, avec à la tête de chaque scène, leur hôte respectif.
La team parisienne Possession a littéralement mis le feu à la scène intérieure – la Turbine – où il règne une ambiance aussi brûlante qu’on l’imagine dans les rouages d’une usine tournant à plein régime. VTSS y livre une techno puissante d’une brutalité enivrante. Ses nappes acides mêlées de subtiles apparitions hardcore soulèvent la foule, tandis que bien plus tard, Blawan se charge du final de la journée – à grands coups de vinyles – lors d’un set énergique et poignant de trois heures, le tout dans une atmosphère étouffante. Form and Function en association avec Initiate proposent de leur côté en scène Rotor de nombreux talents locaux émergents. Parmi eux, Lunar Convoy qui laisse s’échapper des sonorités rondes et aquatiques, ou encore l’un des organisateurs du festival, Parallel Circuit, qui se charge d’un set sombre, entre expérimentale et hypnotique. Concernant la scène Anode, c’est l’équipe de Kozzmozz qui est aux commandes, laissant la main à Shlomo, qui entame une prestation live d’anthologie sous un ciel voilé, balayant le public d’ondes agressives. Le volume monte d’un cran à l’arrivée du duo berlinois Fjaak. Ils entament leur live sans prendre de pincettes avec une introduction mentale acid qui en fait frémir plus d’un. Contre toute attente, Ben Clock aura été la bonne surprise de pas mal de festivaliers, offrant un set marquant la fin du premier soir en mainstage, d’une industrielle tantôt hypnotique tantôt percutante, sublimée par un jeu de lumières exceptionnel.
Pour l’acte 2 dimanche, on a l’impression de débarquer dans un after complètement déjanté : lianes, insectes, feuilles d’arbres, animaux exotiques et balançoires en bois se sont invités à la fête sur la scène Ahode. Les membres de Rimbu ont décidé de plonger les festivaliers au cœur d’une jungle tropicale, dans laquelle l’irrésistible I Hate Models livre un set hard techno transcendant, suivi de près par la non négligeable prestation live de Rebekah, puis d’un superbe closing du grand Dax J. À l’intérieur, la Turbine ne cesse de s’échauffer jusqu’à son dernier souffle. Deep In House y accueillent notamment le set envoûtant du duo Orphx, et la prestation brûlante de Lucy pour un closing de trois heures. Pour finir, c’est au tour de Stygian’s River de se charger de la programmation de la Rotor Stage. Leur choix se porte sur le patron du label R-S, qui n’est autre que le belge habitué des Boiler Room Renaat Vandepapeliere, qui retourne la petite scène comme il se doit. Enfin, c’est au talentueux français Hadone d’offrir un set final en Rotor stage, entre basses brutales bien senties et crissements métalliques d’une machine enragée… percutant !
Une expérience made in Voltage
Ce n’est pas moins de 7000 festivaliers arrivant des quatre coins de la planète (Brésil, N-Z, USA…) qui ont eu l’immense privilège de bénéficier dans l’échange, la bonne humeur et le respect, de cette expérience d’une qualité en tout point délicieuse (organisation, programmation, installations, accueil). Dans un communiqué, l’organisateur et DJ Parallel Circuit se réjouit : « Nous avons travaillé avec passion pendant 5 ans et ce week-end a été la cerise sur le gâteau d’un beau voyage. Je n’aurais pas pu imaginer une meilleure cinquième édition. Nous ferons tout notre possible pour en faire une fête encore plus grande l’année prochaine ».