Ce vendredi 20 septembre sort le quatrième album de The Juan MacLean sur DFA Records, The Brighter The Light, qui n’est autre qu’une merveilleuse compilation de morceaux sortis ces six dernières années.
Qu’est-ce qui vous a poussé à créer cette compilation ?
L’idée était de mettre en avant la musique la plus club que je puisse faire. L’album contiendra aussi deux morceaux inédits. À l’origine, je suis DJ, donc mes premiers disques en tant que The Juan MacLean étaient destinés aux DJ’s. Puis, quand j’ai fait un album, alors j’ai voulu le jouer en live. Ce sont deux facettes de mon identité, d’un côté le DJ qui produit de la musique pour les clubs, de l’autre le musicien qui compose des morceaux d’album pour les présenter en live avec un groupe.
Vous avez d’ailleurs débuté la musique avec le groupe de rock indé Six Fingers Satellite dans les années 1990, comment s’est faite la transition vers les musiques électroniques ?
Six Fingers Satellite était un groupe de postpunk avec beaucoup d’influences disco. À l’époque, on écoutait tout le temps des musiques proto électroniques comme Kraftwerk ou DAF. C’est aussi à cette époque que je me suis mis à Aphex Twin. Puis finalement, j’ai découvert la house et la techno. J’avais entendu que des gens à Détroit faisaient cette fameuse “techno”, très influencée par Kraftwerk ou des groupes new wave que j’aimais beaucoup. J’avais déjà introduit beaucoup de ces choses dans Six Fingers Satellite. La musique que je fais en tant que The Juan MacLean n’a donc pas été un si grand saut pour moi.
L’utilisation de vocaux, assez marquée dans votre musique, est-elle un souvenir de cette période rock ?
Je suis toujours très porté sur les vocaux, mais selon ce que je produis. Quand je fais un maxi, des morceaux pour les DJ’s, ils sont généralement plus instrumentaux et plus longs. Mais je ne suis pas sûr que les gens apprécient écouter un album entier comme quand ils sont chez eux. Si je fais des morceaux pour un album, j’essaie de les faire tendre vers des chansons, avec un accent mis sur les voix. J’aime particulièrement travailler avec les vocaux de Nancy.
Nancy Whang, la chanteuse de LCD Soundsystem ?
En fait, elle a d’abord joué avec moi. James Murphy (leader de LCD Soundsystem, ndlr) me l’a volée ensuite (rires).
James Murphy est aussi un des fondateurs du label DFA Records, sur lequel vous avez sorti tous vos albums et un grand nombre d’EP. Pouvez-vous nous parler de cette aventure qui a débuté en 2002 ?
Tout a commencé quand je travaillais sur mes premiers morceaux en studio avec James. J’en avais terminé quelques-uns et on cherchait sur quel label les sortir. J’étais encore sous contrat avec Sub Pop, le label de Six Fingers Satellite, mais ils m’ont libéré sans problème. Un jour, James et moi nous baladions dans New York et il a proposé de créer un label pour sortir ces morceaux, mon premier disque solo. Ça m’a paru une bonne idée. Mais ni l’un ni l’autre n’avions la moindre idée de ce que ça donnerait. Et c’est comme ça que DFA a débuté, pour sortir mes premiers morceaux. Évidemment, à l’époque on ne se doutait pas du tout que ça deviendrait un label aussi important et influent. Pour moi, j’ai l’impression que c’est une part importante de mon identité.
C’est pour ça que vous leur êtes resté fidèle toutes ces années ?
J’ai sorti de la musique sur d’autres labels, mais DFA c’est comme chez moi. Avant ça, je pensais que je ne ferais plus jamais de musique. C’est vraiment James Murphy qui m’a convaincu de m’y remettre. J’étais tellement épuisé de jouer dans un groupe… Avec Six Fingers Satellite, on était constamment en tournée, on partait pour trois mois et on jouait six ou sept fois par semaine. J’adorais ça, et c’est toujours le cas. Mais en même temps, être dans un groupe c’est un peu comme être marié avec trois personnes. Ça m’a cramé, c’était un groupe et une musique si intenses. J’étais juste crevé de tout ça, et peut-être que je sentais que je n’étais plus très inspiré sur le plan créatif. Pouvoir tout simplement m’asseoir dans mon petit home studio et créer de la musique tout seul, ça m’amusait beaucoup.
Est-ce que vous pensez que votre musique a eu une incidence sur l’identité musicale du label ?
Je crois, oui. Il y a toute une génération qui était jeune quand cette musique est sortie et qui a grandi avec. La jeune allemande Perel a sorti un disque sur DFA l’an dernier et j’ai remarqué qu’un des morceaux sonnait beaucoup comme mon deuxième disque chez DFA… Elle n’a pas démenti !
DFA Records est aussi le label de LCD Soundsystem, est-ce que ce groupe a eu une influence sur votre musique, ou l’inverse ?
Aux débuts de DFA, on était vraiment juste un groupe de copains de cœur, avec chacun son projet musical. On traînait tous ensemble au studio à passer nos disques, à parler de musique, échanger des avis sur nos morceaux… C’était comme une petite communauté de gens. Donc on s’est influencé les uns les autres pendant près de dix ans, je dirais. Au bout d’un moment, on a percé, on a commencé à faire des tournées dans le monde entier, et on s’est un peu moins vus. Mais encore aujourd’hui, on reste très bons amis, et si quelqu’un travaille sur de nouveaux morceaux, on se les envoie et on se donne des conseils sur la production.
Votre première tournée sous The Juan MacLean s’est d’ailleurs faite avec LCD Soundsystem en 2005. En as-tu prévu une pour ce nouvel album ?
Pas pour celui-là, non. Mais pour mon prochain album, avec de nouveaux morceaux, qui paraîtra en 2020. C’est là généralement qu’on se réunit avec le groupe, Nancy, un claviériste choriste, un batteur et moi avec plein de claviers.
The Brighter The Light sort le 20 septembre 2019 sur DFA Records. Cinq exemplaires vinyles sont à gagner en participant au jeu concours. Il suffit d’envoyer un mail à l’adresse concours@traxmag.com.