Il y a un an Le Rex Club, centre de gravité du clubbing parisien, recrutait Martin Grandperret pour prendre en charge sa programmation artistique. À l’occasion d’un mois d’avril riche de promesses, ce dernier détaille sa vision pour cette institution du 2ème arrondissement de Paris.
Cela fait un an que vous êtes le programmateur du Rex Club. Quelles sont vos ambitions pour ce club historique ?
Le rôle du Rex aujourd’hui, c’est de faire la synthèse de la scène électro. Que ce soit musicalement ou en termes de public, on a vocation à représenter cette diversité tant que la qualité est au rendez-vous : de l’underground jusqu’à des choses plus mainstream. D’ailleurs, je trouve cette dichotomie un peu moins pertinente aujourd’hui car elle correspondait à un format de distribution aujourd’hui disparu (le CD) au profit du streaming, qui favorise l’éclectisme et rebat complètement les cartes.
Comment cela impacte t-il la programmation ?
En tant que directeur artistique du Rex, mon travail est assez particulier. Ce n’est pas comme La Machine ou Concrete, qui ont dû créer une identité de toute pièce. Le club a 30 ans derrière lui donc tu ne peux pas arriver et tout chambouler d’un coup ! Il faut s’adapter à l’histoire du lieu tout en proposant de nouvelles choses. Je pense aux nouvelles résidences comme Mad Rey et Folamour, mais aussi Sentimental Rave pour les sons plus hardcore…
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Que vont devenir les soirées hip-hop ?
Pour moi le hip hop fait intégralement partie de la musique électronique du fait de ses techniques de production similaires et de son public. G.D.S a vraiment été l’un des premiers collectifs à faire des évènements hip-hop en warehouse qui proposait également des scènes électro. Il y avait déjà des soirées rap au Rex dans le passé mais, malheureusement, ça avait été abandonné. J’ai tenu à relancer ça avec les soirées du mercredi sous forme de showcase. Outre G.D.S le 17 avril, on accueillera également les beatmakers Monomite et Jimmy Whoo le 25.
Comptez-vous pousser cette ouverture à d’autres styles et au live ?
J’ai été recruté pour ça ! On va très probablement péter la cabine du Rex pour installer une scène live. Il y a évidemment des contraintes techniques dues au cinéma et à la porosité sonore du lieu. Si d’autres lieux peuvent se permettre des évènements de 24h, c’est quelque chose de très difficile au Rex : comment organiser un after au moment où des gamins vont voir la Reine des Neiges ? Au lieu de repousser les frontières de la nuit, on va donc faire l’inverse avec des formats concerts-club. Par exemple, on peut parfaitement organiser un concert de rock en début de soirée qui enchainerait avec de l’EBM la nuit, ou du boom-bap avec de la lofi… Ça fonctionnerait bien.
Comment toucher un public qui délaisse les clubs pour aller en warehouse ?
Le Rex n’est pas un club très cher par rapport à d’autres. Par ailleurs, on a tendance à opposer le club et la warehouse mais, en réalité, le temps passe et ceux qui allaient dans les hangars reviennent en club… et inversement. Pour moi, ce phénomène permet un renouvellement des publics et des artistes. Les nouveaux formats et les collectifs qu’on invite permettent également de toucher de nouvelles personnes.
Le coup de cœur de la saison 2018 ?
La soirée Moodymann Plays Prince pour le Red Bull Music Festival était complètement dingue ! Le Rex se prête parfaitement à ce genre de délire car le son est excellent et la salle basse de plafond. Tout ça crée une atmosphère incroyable.
Qu’est-ce que le Rex nous réserve d’autre pour ce mois d’avril ?
La programmation du mois d’avril va être particulièrement variée et puissante. Dans une optique « allemande », on invite le label Dystopian le jeudi 4 avril (Rødhåd, Fadi Mohem), puis Lack Reck et Magic Power le 12 avril où FJAAK présentera son nouveau live en duo. On aura également le plaisir d’accueillir Dj Deep et Ben Klock le 19 avril. Ça faisait quatre ans qu’il n’était pas venu au Rex ! Les sons rave, EBM et indus seront aussi à l’honneur ce mois-ci avec The Horrorist et David Asko le 20 avril, puis Truss et Nkisi pour la Fée Croquer le 26 avril. La micro house sera également mise en avant avec le retour de Traumer le 6 avril qui invitera le jeune espoir français Lamache et le roumain Cristi Cons, puis la team Yoyaku accompagnée des pointures Steve Rachmad et Varhat pour l’after du Disquaire Day. Le showcase des lyonnais de Hard Fist le 5 avril et la Bass Culture avec D’Julz et Seth Troxler le 20 avril promettent également d’être mémorables.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur la page facebook du Rex Club ou sur son site officiel.