Comment La Darude est en train de devenir l’une des soirées les plus importantes de son époque

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©Wendy Keriven
Le 20.06.2022, à 12h13
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©Wendy Keriven
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Depuis le déconfinement, les soirées La Darude se sont imposées à vitesse grand V dans le paysage parfois trop sombre de la nuit parisienne sur la base d’un programme simple : Eurodance, crop top, lunettes fluo et sucettes en forme de cœur. Voici venue la revanche de lofteurs.

Cet article est extrait du numéro 234 de Trax Magazine, déjà disponible en pré-commande (et en promo !) sur le store en ligne.

Par Charlotte Calamel Duprey, avec Simon Clair
Photos : Oriane Robaldo et Wendy Keriven

Comme une faille temporelle. Le 26 mars dernier, le temps d’une soirée, le Trabendo a assisté à un phénomène curieux. Ce soir-là, la célèbre salle parisienne affiche plus que complet pour sa soirée baptisé “Springbreak”. Nous ne sommes pourtant pas sur une plage de Floride aux États-Unis ou à Cancun au Mexique. Au contraire, la capitale française est engluée dans une météo glaciale qui rappelle que le dérèglement climatique n’a rien d’une blague. Mais qu’importe, au Trabendo, les règles d’espace et de temps n’existent plus. Autour du DJ Booth, une jeunesse en crop top, pantalon taille basse, chaussures Buffalo et lunettes des soleil façon année 2000 semble entrer cette nuit-là dans le nouveau millénaire, avec 22 ans de retard. En fond sonore résonnent des hits qu’on croyait perdus dans les limbes, de la trance, des claviers Eurodance et toute une panoplie de sonorités plus expansives et too much que jamais, à mille lieues des ambitions minimalistes des courants techno qui ont fait vibrer Paris et toute l’Europe cette dernière décennie. Organisée par le collectif La Darude, cette soirée en forme de retour vers le futur a tout d’une anomalie dans une époque qui n’est pourtant pas vraiment à la fête, où l’insouciance du début du siècle a laissé la place à des angoisses plus profondes. Pourtant, cette anomalie se reproduit tous les mois, encore et encore, comme une bulle d’air nécessaire. Au point d’être discrètement en train de devenir la soirée la plus importante de son époque.

« De la musique de kékos »

En lançant La Darude en 2018, Karl Die (Die Klar) et Romaric Gouali (DJ Kwame) n’en étaient pas à leur coup d’essai. Amis sur les bancs de la fac en 2013, les deux complices ainsi que trois autres amis fondent d’abord le collectif et label Bel Air, et se forgent rapidement une petite réputation dans le milieu des soirées parisiennes. Passionnés de mode, les associés orientent leur concept vers un objectif bien défini : créer des passerelles entre producteurs musicaux et designers de sapes. Sans s’arrêter sur un genre spécifique, le collectif enchaîne les soirées house, techno, hip-hop ou UK garage dans des clubs parisiens tels que La Machine du Moulin Rouge, le Wanderlust ou le Social Club, encouragé notamment par Cézaire et son label Roche Musique. Mais bientôt, la grande variété de styles joués lors des événements Bel Air ne leur permet pas de fidéliser un seul et même public, et le collectif perd peu à peu la confiance des programmateurs. Installé dans l’arrière-salle de L’Escale, repère d’étudiants où Karl et lui ont leurs habitudes, où la pinte de mojito coûte 5 € et où les enceintes réglées à fond jouent de la cumbia toute la soirée, Romaric se rappelle : « Il y avait de tout à nos soirées : des DJ de toutes les communautés, de tous les univers, et des publics qui venaient de partout. Mais c’était difficile à vendre aux clubs ». « Les programmateurs ne comprenaient pas qu’une soirée multigenres puisse marcher », acquiesce Karl.

« C’est après tout ça qu’on s’est dit qu’il valait mieux se concentrer sur des projets plus clairs, sur lesquels il était plus facile de communiquer auprès des programmateurs. Des projets où on allait plus se faire kiffer et où on se prendrait moins la tête », reprend Romaric. L’heure est donc venue pour les deux compères de changer de stratégie, et d’axer leurs soirées autour d’une identité musicale plus ciblée et plus reconnaissable. Et c’est à l’occasion de vacances aux Pays-Bas, l’un des berceaux de l’Eurodance, que l’équation se résout : « C’est là-bas qu’ont germé les premières idées de La Darude ». Le duo réalise rapidement que s’ils bénéficient toujours d’une popularité importante dans certains pays d’Europe, les genres trance, Eurodance et happy hardcore des années 2000 n’ont jamais vraiment connu d’âge d’or en France, et n’y sont pas représentés. « Ici, on avait la French house et c’était ce qui était mis en avant. Donc on est un peu passé à côté de toute cette vague trance et Eurodance des années 2000 », remet Romaric. « À l’époque, les gens n’avaient pas une image très positive de cette esthétique. On disait que c’était de la musique de punks à chien, que l’Eurodance était trop pop, trop kitsch… C’était la musique des bals d’Arcachon un peu kékos quoi », décrit Karl. « Mais finalement, ce genre de musique, tout le monde l’écoute dans sa chambre, sous sa douche, ou au karaoké. »

C’est ainsi que leur vient l’idée d’organiser leur toute première soirée La Darude à La Java, le 8 novembre 2018. Afin de poser les bases d’un concept qui se veut léger, drôle et bon enfant, l’équipe décide de mettre l’accent sur une communication décalée et une esthétique volontairement kitsch. À l’époque, le revival vestimentaire des années 2000 n’a pas encore commencé, mais les deux fashionistas flairent déjà la tendance : « On savait que ça allait arriver, donc on s’est dit : “Autant le faire maintenant et on verra ce que ça donne. Quand les années 2000 seront revenues, on sera déjà dans le truc”. » Pour le nom, ils s’inspirent de l’un des producteurs les plus identifiables de cette époque : le Finlandais Darude, notamment auteur du tube planétaire “Sandstorm”. Côté com, le duo décide de placer cette première soirée sous l’égide d’une figure emblématique de la pop culture du début du millénaire : Loana de Loft Story, qu’ils transforment en égérie sur leurs flyers et éléments de communication. La sauce prend bien sur les réseaux, et l’événement attire énormément d’intéressés. « Quand on a mis l’event en ligne, on a eu un attending de ouf », se souvient Romaric. « Il y avait 2K sur l’événement Facebook. Incroyable pour une première soirée, on n’en revenait pas ! » Mais le jour J, c’est la douche froide. « En fait, les gens ont vu une soirée Eurodance et trance avec Loana dessus et ont pensé que c’était une blague, un fake », explique Karl. « Donc il y avait 2K d’attending, mais 200 personnes dans la boîte. »

Flyer de la toute première soirée La Darude

Guilty pleasure et génération désenchantée

Il faut dire qu’en 2018, personne n’aurait pu croire que l’on veuille sérieusement écouter ou jouer de la trance et de l’Eurodance toute une soirée. « À l’époque, il n’y avait que de la techno indus », témoigne Alexandre, désormais habitué fidèle des soirées La Darude. « Au début c’était compliqué, personne ne jouait ça », se rappelle Romaric. « Pendant toute la première année, c’est moi qui jouais de l’Eurodance en warm-up pour qu’on soit sûrs qu’il y en ait. » Pourtant, l’équipe est sûre de son coup et instaure sa récurrence à Paris dans des clubs comme la Java, l’International, l’Officine 3.0, le Wanderlust, Petit Bain… « On est revenus avec une Darude tous les mois, et finalement les gens se sont dit : “Ah mais c’est pas une blague en fait, la soirée continue”. Ça a fini par prendre », remet Karl. Peu à peu, les événements trouvent leur public et une petite scène, jusqu’alors inexistante en France, commence à se former autour de ces rendez-vous mensuels. « Le fait qu’on organise des soirées mensuellement a donné envie à d’autres DJs de s’y mettre. Et maintenant, il y a des DJs qui se sont complètement assumés, qui ont basculé, qui ne jouaient que de la techno et qui jouent de la trance aujourd’hui. » En s’immisçant dans cette brèche encore inexploitée, La Darude crée un espace décomplexé qui permet à des artistes d’explorer des sonorités qu’ils n’osaient peut-être pas jouer jusqu’alors. « Quelque part, on permet aux gens d’assumer ce truc de guilty pleasure », résume Karl. « Personnellement, j’appellerais plutôt ça “innocent pleasure” », corrige Kimberlaid, amie du crew et DJ résidente des soirées La Darude. « Moi je ne joue pas de musique au second degré. Si je passe un track, c’est que je l’aime vraiment. La musique électronique actuelle découle de tout le background musical des 90’s, 00’s en évoluant de manière plus ou moins hybride. Faire des ponts entre le passé et le futur me tient à cœur : the old to the new, the new to the old. »

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©Oriane Robaldo

Ces ponts entre vieux et neuf sont l’essence même du revival. Et nul n’a pu ignorer ces derniers temps la grande résurgence de l’esthétique des années 2000 dans nos feeds Insta comme dans nos garde-robes… Et dans nos écouteurs aussi. Après le retour des sonorités rave associées aux 90’s, avec une techno rapide et dure incarnée notamment par les soirées en warehouse type Possession et ses ambassadeurs I Hate Models, AIROD, Shlømo, Trym ou Anetha, place aux années 2000 et ses hymnes du kitsch, euphorisants, avec des paroles légères et positives. Pour Romaric, ce revival trance et Eurodance sur nos dancefloors s’illustre par deux momenta déclencheurs. En décembre 2019 lors d’une soirée Possession, Anetha glisse le morceau très Eurodance-hardcore “Influenceur” du duo Ascendant Vierge dans son set techno. L’effet est immédiat, le public est extatique et c’est LE moment que tout le monde retiendra de cette soirée. Mais c’est à l’été 2020 que s’opère vraiment la bascule avec un track charnière : le remix de Trym de “Désenchantée”. En pleine crise sanitaire, dans cette parenthèse entre deux confinements où la fête vient tout juste d’être réautorisée alors qu’on n’espérait plus pouvoir danser un jour, les kicks libérateurs et les paroles très à-propos de Mylène Farmer résonnent comme un hymne pour une « génération désenchantée » marquée par la pandémie. « C’est là que les gens ont compris qu’il y avait autre chose, qu’on pouvait aller au-delà de la house et de la techno », résume Romaric. L’avènement de La Darude a sonné.

Lofteur·euses hardcore

« Avant le confinement, on commençait déjà à fédérer un public, ça marchait pas mal. Mais c’est au déconfinement qu’on a vu la différence », précise Romaric. Le 14 juillet 2021, La Darude lance au Cabaret Sauvage sa première soirée officielle en 2 ans. Intitulé « Le Retour », l’événement annonce une nouvelle DA avec un ton léger et des couleurs vives, et promet un lâcher-prise fantasmé par tous·tes. Avec son caractère fun, euphorique et positif, la soirée offre une bouffée d’oxygène dans la pesanteur ambiante, et vient panser les plaies traumatiques de la Covid-19. Évidemment, c’est un carton. « Juste après cet événement, on a chopé 2 000 followers d’un coup », remet Romaric. « Pour beaucoup c’était la première sortie en club depuis le déconfinement. Les gens ont adhéré à cette soirée, ont fait du bouche à oreille… » Petit à petit, une véritable communauté de fêtards se construit autour du concept. La plupart sont nés à la fin des années 1990 et accueillent avec enthousiasme les références aux icônes de son enfance. Habituée des soirées La Darude, Alice est née en 1994 et se souvient avoir chanté “I’m blue” de Eiffel 65 en maternelle. Pour elle, danser sur de l’Eurodance a un effet à la fois nostalgique et cathartique : « Tu reconnais les chansons, les souvenirs de quand tu étais jeune… C’est une vraie madeleine de Proust. » Le style vestimentaire des années 2000 devient alors un élément caractéristique de chaque événement et va même jusqu’à constituer un véritable critère d’identification pour la communauté. Sur le dancefloor, les clubbers jouent le jeu à fond : cheveux décolorés, pantalon taille basse, crop top ou T-shirt coloré, bandana, vieilles baskets ou Buffalo… et les éternelles « lunettes de vitesse » que le collectif distribue à l’entrée de la boîte constituent le starter pack des soirées La Darude. Très actifs sur les réseaux, les fondateurs maintiennent également une proximité très forte avec leurs fans, à qui ils finissent même par donner un surnom : les lofteurs, filant la référence à l’émission de télé-réalité Loft Story et son emblématique Loana. « C’est comme aujourd’hui, quand un influenceur appelle sa communauté par un surnom. Ça personnifie le public et renforce le sentiment d’appartenance », analyse Alice.

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©Oriane Robaldo

Et ce sentiment est tel que les lofteur·euses commencent sérieusement à se bousculer pour assister aux soirées. Avec le succès grandissant combiné aux jauges restrictives des clubs post-Covid, les places se liquident à toute allure et chaque événement est sold out en quelques minutes. « Pour choper ses places, c’est terrible. Si tu n’es pas sur la billetterie à 12 h pétantes, c’est mort », témoigne Margot, lofteuse depuis quelques mois. « Pour la première soirée que j’ai faite en septembre, c’était un coup de chance : j’ai eu une notif’ et j’ai pris mes places aussitôt. Dix minutes après, il n’y en avait plus. Pour celle d’après, tous mes potes se sont organisés, on s’est tous connectés en même temps et on a réussi. Mais pour la suivante en février, j’étais la seule à être arrivée à choper des billets. » Les places sont chères, mais les fans semblent finalement s’en accommoder. « C’est la guerre. C’est pas le genre de soirées où tu hésites pour y aller. Mais d’une certaine manière, c’est assez agréable parce qu’on sait qu’on ne sera pas trop nombreux », détaille Alice. « En fait, on n’a pas envie que ce soit beaucoup plus simple que ça d’avoir des places. » Évidemment, la frustration générée amplifie le désir de participer aux soirées, et promet à chacune de faire carton plein. « Aujourd’hui, les places partent littéralement en 8 secondes. Je n’ai jamais vu ça de ma vie à Paris », se sidère Alexandre. Romaric non plus n’en revient pas : « On est quand même un peu dépassés par le succès. »

L’antithèse des soirées warehouse

Face à un tel engouement, on pourrait s’attendre à ce que la suite logique pour La Darude soit d’augmenter sa capacité ou sa récurrence. Pourtant pour l’instant, pas question de se transformer en événement bimensuel. Pas question non plus d’investir des lieux plus grands, comme les hangars que les ravers parisiens aiment tant. « Ce n’est pas à l’ordre du jour d’aller faire des rave parties en warehouse. On est encore une petite équipe, et ce n’est pas quelque chose qu’on est capables de faire », justifie Karl. « Financièrement, on a les moyens de le faire », précise Romaric. « Pourquoi on ne le fait pas ? Parce que derrière il y a des questions de sécurité, de professionnalisme, de régularité vis-à-vis des partenaires qui nous accompagnent… Aujourd’hui ce sont des étapes qui manquent à beaucoup de warehouses à Paris. Nous, on essaie déjà de maîtriser ce qu’on fait en club. » Au-delà de leur ton léger et fun, ce qui fait l’attrait des soirées La Darude, c’est aussi les valeurs d’inclusivité et de safespace qu’elles mettent en avant et défendent. « Tout le monde peut venir. La preuve : à la soirée de février, il y avait le public classique Darude “LGBT-école d’art”, mais j’ai aussi vu des gens entre 40 et 50 ans et j’avais l’impression qu’ils étaient en train de revivre leur jeunesse », se souvient Alexandre. « Beaucoup de soirées parlent d’inclusivité au niveau sexuel, mais là on touche tout type de personnes, même d’un point de vue social. » Cette accessibilité et cette ouverture sont en grande partie permises par le format intimiste du club. Romaric le sait bien : « À une grande échelle, il faut être réaliste, c’est beaucoup plus dur à préserver. Pour l’instant, le plus important est de se dire qu’on a une capacité qui nous permet de transmettre les bonnes valeurs, de partager une bonne expérience. On n’a pas envie de perdre ça parce que c’est notre public qui fait l’âme de La Darude. » Karl confirme : « Le public, c’est LA star de la soirée. »

Là, t’as carrément un chauffeur de salle qui crie : “Allez les zinzins !”. C’est comme au camping. En fait, c’est l’antithèse de la soirée warehouse.

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D’ailleurs, La Darude est l’un des seuls événements à être aussi populaire sans avoir besoin de s’appuyer sur un line up à têtes d’affiche. « En fait, ça ne sert à rien de préciser qui mixe parce que les gens s’en foutent », résume Romaric. « Ils savent que les DJ sets vont envoyer du lourd. Que ce soit nos potes ou un DJ hyper connu, ils s’en foutent et ils viendront quand même. » Après des années où la tendance était plutôt à la sélection minutieuse de ses soirées en fonction de leur programmation, où les fêtards venaient spécifiquement écouter tel ou telle DJ, les lofteur·euses se rendent à ces événements dans le seul but d’y être présents, ensemble. Autre différence majeure avec les soirées du moment, La Darude prend le contre-pied total des ambiances sombres, industrielles et parfois un peu froides associées aux événements techno. C’est justement ce qui a marqué Alice la première fois qu’elle a mis les pieds à une soirée La Darude, au Trabendo. « Une salle que je connais bien car je vais souvent au Dub Station. Dans le monde de la nuit, surtout sur cette musique-là, c’est vite dark. Mais là, ils avaient métamorphosé la salle : les couleurs, les lumières… C’était coloré, bonne vibe, super safe, tout le monde sautait, c’était très joyeux. On était tous en communion. L’énergie au niveau de la foule était très différente du monde techno “boum boum tous en noir” un peu zombie. C’était frappant. » Exit le sérieux et le premier degré des harnais en cuir de la techno. L’ambiance décomplexée des soirées La Darude offre une alternative au modèle berlinois et redonne par la même occasion ses lettres de noblesse à une façon de faire la fête jusqu’alors un peu méprisée car associée aux soirées généralistes. « Là, t’as carrément un chauffeur de salle qui crie : “Allez les zinzins !”. C’est comme au camping. En fait c’est l’antithèse de la soirée warehouse », détaille Alice. Exit également la dimension politique que peut parfois adopter la fête. Ici, pas de message grave ni de revendications. « Le temps de la soirée, on laisse ça au vestiaire », affirme Alexandre. « On vient pour s’amuser, se faire des copains, se vider la tête et déconner. » Finalement, c’est assez logique. Dans un monde post-pandémie, où la guerre fait rage à quelques centaines de kilomètres, où les rendez-vous électoraux dépriment la jeunesse et où les derniers rapports climatiques annoncent un court délai de 3 ans pour éviter le pire, tout aspire à une parenthèse d’insouciance. « Quand ça va pas, dans ma tête je pense au clip de Gigi d’Agostino, “L’Amour Toujours”. Les gens ont besoin de ça en ce moment, de revivre un temps plus serein, où il y avait Gigi d’Agostino, Paul van Dyk et les soirées d’Ibiza… » La Darude et ses références pré-11-septembre fait bien sûr figure de messie dans ce climat anxiogène qui s’éternise.

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Le principe du revival, c’est qu’il finit toujours par être remplacé par le suivant. On n’ose pas l’espérer mais à priori, la fascination pour les années 2000 devrait un jour laisser place à une hype des années 2010. « On les a vécues quand on était à la fac, donc ça n’évoque pas forcément les meilleurs souvenirs pour nous », identifie Romaric. « Mais les gens nés dans les années 2000 ont gardé un super souvenir de ces années-là et seront très contents de les retrouver. » Une question se pose alors : qu’adviendra-t-il de La Darude dans 10 ans ? « Au-delà du phénomène de mode, ce qui nous importe c’est de créer une nouvelle scène à l’échelle française et de marquer notre histoire à nous. Je pense à la techno : avant que Concrete puis Possession ne prennent le lead dessus, la techno en France ne rayonnait pas beaucoup. Puis ces collectifs sont arrivés et ont réussi à imposer cette musique… On aimerait faire pareil avec nos scènes. » De la même façon que l’on parle aujourd’hui des « années Concrete » pour qualifier l’essor de cette nouvelle génération d’artistes et de collectifs, peut-être un jour parlerons-nous des « années Darude » pour évoquer ces nouveaux codes et manières de faire la fête. Pour l’heure, Karl et Romaric s’attachent surtout à satisfaire leurs lofteur·euses d’aujourd’hui, de Paris et d’ailleurs. Le collectif a même pour projet d’exporter ses soirées dans d’autres régions de France. « On sait qu’il y a des gens qui viennent de loin pour nous voir, et qu’il y a d’autres villes à découvrir, avec des artistes qui n’y ont parfois pas de scène. Autant se déplacer vers eux plutôt que les faire venir à nous. » Cette année, et après avoir fait voter le public pour choisir où se rendre, La Darude posera notamment ses valises à Rouen et à Marseille… Mais la majorité des lofteur·euses avaient voté pour Amsterdam. « En faire une là-bas, ce serait rendre à César ce qui est à César », admettent les deux associés. Un jour peut-être les verra-t-on accompagnés de leurs idoles Paul van Dyk, Alice Deejay ou 2 Unlimited, brûler les dancefloors amstellodamois avec “Meet Her at the Love Parade” de Da Hool. Mais pour l’instant, on active une alerte pour leur prochaine soirée et on continue de célébrer l’amour, toujours…

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