Comment inventer ses propres instruments sur Ableton, par DNGLS

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©D.R
Le 13.02.2019, à 16h51
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Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©D.R
Maxime Dangles, alias DNGLS, est passionné de machines , qu’il travaille et configure de longues heures durant, afin de produire ses sons purs et atmosphériques. Le petit protégé de Len Faki et fidèle membre de l’écurie barcelonaise Anemone partage avec Trax ses outils et programmes préférés.

Cet article est initialement paru dans le numéro 213 de Trax.
Par Maxime Dangles alias DNGLS

J’aimerais vous parler de mon utilisation de Max for Live dans Ableton Live, avec lequel je crée depuis plusieurs années des outils de composition, de production et scéniques pour mon usage. Et que je partage ensuite gratuitement avec la communauté des producteurs sur le Net.

En 2009, Ableton Live a intégré l’interface de composition Max/MSP, créée à l’Ircam dans les années 1980, pour donner Max for Live. C’est comme un logiciel dans le logiciel, où l’on peut construire ses propres outils de création, et, pour les moins aguerris, réutiliser les instruments créés par d’autres, gratuitement. Il y a plusieurs étapes : le stade novice, où tu récupères simplement le travail des autres, le stade intermédiaire où tu apprends en ouvrant les outils et en modifiant leur travail, et le stade plus expert où tu crées tes instruments à toi, ce qu’on appelle des patchs. Un patch, c’est comme un plug-in, des mini logiciels créés et partagés par la communauté. Tu as des patchs de filtres, de synthétiseurs… Au départ, mieux vaut commencer par récupérer le travail des autres, d’autant que bien souvent, ce sont des outils qui sortent un peu de l’ordinaire. Parfois, c’est même du grand n’importe quoi, et c’est très bien comme ça ! Par exemple, Apparat avait créé un delay complètement fou, granulaire, avec des beat-repeat dans tous les sens, mais c’était rapide à manipuler, et ça donnait vite quelque chose d’intéressant.

Ensuite, pour créer ses propres outils, il faut d’abord avoir du temps. C’est le genre de choses que je fais quand j’ai six heures de train ou du temps à perdre. D’habitude, pour créer un plug-in, il faut savoir coder, avoir fait des études en informatique. Max for Live permet de créer des plug-ins juste en connectant des petits modules qui modifient le son, comme une sorte d’énorme synthé modulaire. C’est intuitif, mais il faut quand même se taper la doc. Toutefois, chaque module a une aide qui explique très bien à quoi il sert, et met en situation. Le seul souci, c’est qu’il existe près de 200 modules. Ça fait mal ! Mais ça m’a permis de créer des instruments virtuels qui n’existaient pas, comme mes premiers séquenceurs, inspirés de vraies machines hardware. Je voulais pouvoir les utiliser en déplacement, donc je les ai recréées sur Max for Live. Moi qui ne connais pas du tout le solfège, j’ai aussi inventé ArpOoO, un outil pour créer mes premières notes de basse, autour desquelles composer ensuite. Il me permet de générer des idées très vite, en touchant trois notes sur le piano. Je n’ai pas tout le morceau, mais ça va souvent être le déclencheur, ça débloque des choses, et ça a changé mon son. Un de mes autres séquenceurs s’appelle Snake. Un producteur techno est venu me voir il y a deux ans pour me remercier. Il m’avait dit : « C’est un truc de fou, depuis que j’utilise ton logiciel, mes disques ont complètement changé ! »

Je travaille également en ce moment avec une dizaine d’artistes électroniques sur un projet de restitution binaural / 3D qui s’appelle Sound Dome, où les enceintes sont suspendues au plafond. Il n’y avait pas de logiciel qui permettait de jouer ça, de contrôler le son dans l’espace, entre les différentes enceintes. J’ai créé un patch sur Max for Live pour nous débloquer techniquement : maintenant, je balade mon curseur dans une cible, et le son va suivre mon mouvement. Ça, ça n’existait pas jusqu’à maintenant.

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