L’équipe de Marvellous Island monte la barre d’un cran avec des line-up renforcés et toujours aussi variés. House et techno sont bien représentées avec des références bien installées (Len Faki, Jeremy Underground, Blawan, Paula Temple, The Hacker) et des personnalités montantes qui tournent régulièrement sur le circuit (Mandar, S3A, Avalon Emerson, Mézigue, nthng, SHDW & Obscure Shape).
Cette année encore, le Big Bang Festival invite les Néerlandais de Stv-Visuals : ils seront en charge de la direction visuelle pour la troisième fois, ayant déjà collaboré à de nombreuses reprises (Marvellous Island 2013 / 2015 / 2016 / 2017 ; Big Bang 2013 / 2016 / 2017). Pour en savoir un peu plus sur les installations prévues, nous nous sommes entretenus avec Laurent Kemler, programmateur des festivals Marvellous Island et Big Bang.
Pour cette nouvelle édition du Big Bang Festival, le VJing est de nouveau encadré par les Néerlandais de Stv-Visuals. On ne change pas une équipe qui gagne ?
En quelque sorte, jusque-là, nous avons toujours été contents de son travail. C’est vrai qu’avec le temps, nous sommes devenus une grande famille, puisque plus de 90 % des personnes impliquées dans le festival sont là depuis l’origine. Lorsque nous avons lancé Marvellous Island en 2012, pour une première édition en mai 2013, nous avons prospecté en France et à l’étranger pour s’enrichir d’idées, de concepts que nous pourrions développer sur nos scènes. Dès le début, il était évident pour nous de développer des expériences différentes au sein du festival. De fil en aiguille, Ivo nous a été présenté par notre premier directeur technique, et il nous a tout de suite séduits. Très doué, il est également très attentif à nos projets et les contraintes techniques qui peuvent exister. Il a tout de suite cerné nos envies, nos besoins et s’est démené pour y répondre. Pourquoi nous séparer d’un partenaire aussi impliqué ? Ce serait le monde à l’envers. Aujourd’hui, dans notre public, il y a même des personnes qui nous suivent depuis le début qui reconnaissent sa petite tête chauve et vont le saluer. Il s’est même fait apporter une rose à Marvellous Island par une admiratrice. Il était tout heureux. Ivo possède un sacré CV : Timewarp, Tomorrowland, Awakenings, Loveland, Mayday pour en citer quelques-uns, et il est capable de faire des choses surnaturelles, comme des visuels qui te donnent l’impression de voir une profondeur 3D, une perspective, alors que c’est diffusé sur des écrans plats. Il a impressionné plusieurs vieux de la vieille.
Au cours des shows, Ivo performe derrière sa console comme un DJ derrière ses platines. Il bouge au rythme de la musique, fait intervenir des effets en fonction de la structure des morceaux. Il n’y a pas de secret, pour être un bon VJ, il faut comprendre la musique et se laisser porter par elle pour en interpréter les temps forts et les moments de battements de la façon la plus juste qui soit. Si la performance visuelle ne suit pas la musique, le public s’en rend compte tout de suite et ça ternit ton évènement. Pour être à 100 % tout au long de l’événement, car Ivo doit parfois assurer jusque 18 heures de show, il vient désormais avec Sven.
Stv-Visuals proposent-ils une performance unique et exclusive ?
Déjà, il faut savoir qu’Ivo travaille énormément, la semaine, le week-end, et sur tout type de format (corporate la semaine et festivals ou clubs le week-end). Ivo a été la première personne que j’ai contacté lorsque nous avons bloqué les dates de nos évènements (même s’il connaît la période) parce qu’il arrive qu’il soit booké plusieurs mois à l’avance. Quand son planning ne lui permet pas de s’investir pleinement dans une expérience, il n’y va pas. Si un DJ vient avec sa sélection de vinyle, ses CD, cartes médias, ou avec son ordinateur qui contient tous ses fichiers musicaux, le VJ vient avec ses bases de données et ses mappings. Le contenu évolue en permanence, et il faut savoir se remettre en question et se réinventer. Si le DJ digge des nouveaux sons en plus de ses propres compositions, le VJ crée et recrée de nouveaux visuels, de nouvelles ambiances, de nouveaux effets, de sorte qu’à chaque show, il ait l’excitation de proposer de nouveaux contenus comme un artiste pourrait lâcher une « unreleased ». Pour Marvellous Island, nous lui demandons de construire un univers coloré, dynamique, qui respire la vie, inspire l’évasion, et qui soit en rapport avec la saison. Pour Big Bang, l’affaire se passe dans l’espace, au milieu des étoiles, des planètes, comètes… C’est un sujet qui le passionne autant que nous.
D’une année sur l’autre, as-tu l’impression que les installations se renouvellent sensiblement ? On imagine qu’avec les évolutions technologiques, les outils s’améliorent.
On peut effectivement noter l’apparition d’outils plus performants au fil des éditions ; néanmoins, les machines en elles-mêmes ne sont que des extensions du travail manuel et des idées qui sont conceptualisées, puis mises en application lors des évènements. Pour se recentrer sur l’aspect technique et pour donner un ordre d’idée, ces dernières années, la qualité des écrans LED a explosé, et se rapproche à grande vitesse du Full HD. Aujourd’hui, sur nos évènements, nous essayons de travailler, quand les budgets le permettent, avec des produits techniques de bien meilleure qualité que l’on retrouve plus généralement sur des plateaux télé, ou lors de grandes tournées de spectacle vivant. C’est de la vraie scénographie scénique. Cette année sur l’une des salles de Big Bang, nous allons travailler des faisceaux avec Beam, des éclairages Portman P1 et P2 et des écrans LED en pitch de 3, déstructurés, tout ça sur la même scène ! La qualité du spectacle n’en sera qu’enrichie parce que le VJ, sera associé au light jockey (comme un back to back en régie technique). Ils pourront jouer ensemble, puis alterner et improviser ainsi un spectacle continu mêlant différentes atmosphères et ambiances. Une fois de plus, ce n’est pas tant la machine mais la personne qui lui donne vie qui importe.
Il y aura deux scènes, doit-on s’attendre à deux ambiances complètement différentes ?
Si, lors des éditions de Marvellous Island, la scénographie est très variée, et les scènes très différentes les unes des autres afin de créer de multiples expériences, pour Big Bang, le thème imposé est l’espace. De ce fait, la scénographie ne changera pas d’univers d’une salle à l’autre, mais respectera notre envie de proposer différents projets. Au sein du Gravity Stage, nous allons proposer une création scénique avec les éléments cités précédemment, dont les contours pourraient rappeler l’arrivée d’un vaisseau spatial sur terre (attention il n’y aura pas de vaisseau posé dans la salle). On a cherché à créer cette atmosphère « sci-fi » de voyage interstellaire. C’est sur cette scène que les plus gros artistes se produiront sur les deux nuits du festival. Le Lunar Stage est quant à lui plus minimaliste. Comme son nom l’indique, nous voulions une immersion dans un univers plus opaque, plus sombre, avec des jeux de lasers très puissants, qui balayeront des spectres au-dessus du public avec pour point de repère cette grosse étoile au milieu de la Voie lactée.
Crédit photos : © Big Bang
Était-ce un parti pris d’avoir collaboré avec une grosse équipe de VJing dès la première édition de Marvellous ?
Oui, nous étions une agence événementielle avant d’être devenu un acteur de la sphère musicale. C’est pourquoi il nous a toujours tenu à cœur d’organiser de vrais shows qui offrent autant de place à la scénographie qu’à l’aspect musical. D’autres festivals proposent une expérience purement musicale, plus minimaliste. C’est un parti pris depuis l’origine mais de notre côté on a souhaité que d’autres champs puissent s’exprimer, parce que ce sont les petits détails et les petites attentions faites ou disposées pour le regard du public qui donnent une âme et font que l’évènement devient plus qu’une fête. Notre premier Marvellous Island se tenait dans le bois de Vincennes, un lieu féerique qui offrait une palette de possibilités à explorer. C’est le mélange entre les décorations qui sont d’ordre matériel, artisanales et la scénographie visuelle, qui permet une réelle immersion qui transporte le public dans un univers fantastique et permet ainsi de créer une solide expérience. Depuis lors, ça nous tient à cœur de développer un univers propre pour chaque nouvelle édition de nos festivals.
Selon toi quelle place occupe la scénographie au sein des Festivals et soirées de musiques électroniques de nos jours ? Est-ce primordial pour exister comme évènement à part entière ?
Pour nous la scénographie occupe une place très importante. Dans un premier temps il est vrai cela permet de se démarquer d’autres festivals ou évènements comme on l’a dit précédemment qui, eux, choisissent d’investir principalement le champ musical. Si l’on peut offrir, en plus de la musique, une expérience immersive et transversale, tout en restant fluide pour ne pas interférer sur l’expérience sonore qui est la raison première pour laquelle les gens nous rejoignent, alors on est satisfait. L’idée qui nous anime est de trouver systématiquement ce que l’on peut faire en plus pour monter, prolonger l’expérience. En premier lieu nous créons des évènements porteurs d’émerveillement. Ce n’est donc pas primordial mais cela fait partie de notre identité, et nous continuerons d’avancer dans cette direction en essayant de nous challenger autant que possible pour chaque nouvelle édition.
Et pour profiter du festival, Trax et Big Bang lancent une offre abonnement : 1 an d’abonnement à Trax et votre pass 2 soirs pour le Big Bang festival à 69€ ! Rendez-vous sur le store pour en profiter !