Le multi-instrumentiste David August débarque dans la capitale française. Sérieusement armé après son live au Palais de Tokyo en 2014, ses sorties à la Peacock Society en 2016, ou au Trianon le 9 novembre dernier, c’est cette fois-ci dans la salle huppée de l’Elysée Montmartre qu’il était attendu… Le jeune public venu en masse a vite rempli l’intégralité de la salle. Il avait alors juste assez de temps avant que le concert ne commence pour admirer l’architecture du lieu et découvrir une scénographie à l’image de l’artiste : minimaliste et énigmatique.
Tapis derrière un épais voile de fumée recouvrant la scène, David August débute sa performance en diffusant des nappes ambient. Le temps semble se figer, et on se laisse hypnotiser par cette vision accompagnée des notes qui résonnent contre les parois de l’édifice. Le nuage se dissipe à mesure que le rythme accélère et l’artiste apparaît. Sous la techno de « The Life of Merisi » la cohue réceptive se met à siffler sur les notes déstructurées. Les corps s’agitent, se bousculent au gré des distorsions générées, et progressivement, le public se laisse entraîner dans l’univers breaké de David August.
Puis les lumières s’éteignent. Tout le monde semble conquis par cette introduction. Le musicien règle une nouvelle fois ses machines et redémarre sur des notes expérimentales. On reconnaît alors la voix enchanteresse qui accompagne le piano dans « D’angelo », titre éponyme de son dernier album, et plus tard la volupté de la harpe « d’Elysian Fields ». L’artiste est comme religieusement éclairé par les jeux de lumière bleuâtres qui participent à l’aspect cinématique de l’ambiance. C’est en fait toute la scénographie qui contribue à créer cette atmosphère digne d’une cathédrale, qui fait d’ailleurs écho au lien qu’entretient David August avec le classique. Il a notamment collaboré en 2016 avec l’orchestre symphonique de Berlin, et dit s’inspirer des œuvres du peintre Caravage pour élaborer ses compositions.
La suite du live s’oriente tech house, sous-genre davantage exploité par l’artiste sur ses formats DJ set. Le musicien accompagne habilement ces sonorités avec sa mandoline puis bascule sur de la disco house. Le virage est apprécié car une certaine linéarité semblait s’installer. Après un agréable moment passé à groover arrive le clou du spectacle : un closing à la guitare électrique. C’est sur des boucles mélancoliques et de doux riffs que David August, faisant face à la foule, la remercie une dernière fois et disparaît, vigoureusement acclamé dans la pénombre.
En 1h30 de concert, l’artiste a audacieusement associé les genres et les instruments, laissant le public conquis. La conjugaison de la scénographie avec la production musicale participe à la création de son univers poético-baroque, et c’est là que réside toute la qualité de sa performance.