Comment apprivoiser Ableton quand on est bordélique, par Irène Dresel

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©D.R.
Le 01.02.2019, à 11h12
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©D.R.
Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©D.R.
L’inquiétude, lorsqu’on a commencé sur un certain logiciel de production, est de devoir tout réapprendre si l’on veut en changer. J’ai commencé par GarageBand, Logic Pro, puis Cubase, avant d’arriver sur Ableton Live.

Cet article est initialement paru dans le numéro 215 de Trax, disponible ici.

Par Irène Drésel

Ce qui est pratique, c’est qu’Ableton propose deux manières pour composer : le mode session et le mode arrangement. Dans le mode session, les pistes de son sont organisées en colonnes, les unes à côté des autres. Je mets toutes mes boucles de percus à gauche, puis une autre colonne d’instruments à droite, et ainsi de suite. Tout le monde ne fait pas forcément ainsi, mais c’est souvent l’usage. J’attribue la couleur rouge pour le kick, orange pour la snare, vers un dégradé arc-en-ciel qui se termine avec les mélodies en violet. Ensuite, tu lances les boucles au fur et à mesure. C’est un système très pratique en live.

Mais venant de logiciels plus classiques, pour moi, au départ, ce n’était pas instinctif du tout. Je n’arrivais pas à écrire une histoire de cette façon, à composer une introduction avant d’arriver au cœur du morceau, puis à finir sur une conclusion. Je me suis donc tournée vers le mode arrangement, pour retrouver mes acquis. Ce mode est linéaire, il se lit de gauche à droite avec les pistes les unes en dessous des autres. Tu vois le morceau qui déroule et qui avance, de gauche à droite. Je démarre une mélodie au piano, à l’oreille, rien n’est calé. Je viens des Beaux-Arts, j’ai besoin de faire ma tambouille, comme de la peinture à l’huile ou de l’écriture. D’ailleurs, il est arrivé que l’ingé-son qui faisait le mixage d’un de mes morceaux n’arrive pas à modifier mes percus de manière simple, car rien n’était calé. Si tu mettais un métronome à côté, ça bougeait tout le temps. À l’époque, je faisais tout à la main, je m’en fichais de la grille. J’ai une manière de travailler très laborieuse. Ce n’est pas forcément rationnel, logique. J’aime bien repartir de zéro pour composer, écrire de gauche à droite. Je pars dans une histoire où il y a un peu d’inattendu.

Par exemple, pour faire sonner une mélodie ou une basse avec un groove particulier et déstructuré tout en restant sur le beat, j’utilise le mode warp. Le warp concerne uniquement un clip audio. C’est un algorithme de time-stretching qui permet d’étirer ou ralentir le sample pour qu’il corresponde au tempo de la session. Puis je sélectionne une seule mesure d’une mélodie déjà construite et complexe, et je fais bouger très vite mon marqueur de début de boucle de manière aléatoire. J’enclenche le Rec pour enregistrer ce geste dans le mode arrangement et je repars de cette nouvelle piste pour en sélectionner le meilleur moment. Ça peut donner un groove très particulier et intéressant à une basse par exemple. Quelque chose d’unique et parfois déconstruit tout en restant calé. Cette méthode concerne le mode session. En effet, après avoir passé beaucoup de temps en mode arrangement, j’arrive désormais à un stade où je peux faire des allers-retours entre le mode session et le mode arrangement !

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