Equinoxe : comment oublier cet album culte de la fin des années 1970 ? Vendu à près de 10 millions d’exemplaires, il est le deuxième plus gros succès de Jean-Michel Jarre. Si ce coup de maître a d’abord séduit par sa musique, c’est aussi sa pochette signée Michel Granger (aussi responsable de l’artwork de l’album culte Oxygene) qui a marqué les esprits. Et, chose rare, c’est cette fois la pochette qui inspirera l’artiste à écrire une suite.
Ainsi qu’il l’énonçait dans une interview réalisée dans un entretien plus long au sujet de l’avant-garde, publié dans le numéro 216 de TRAX (disponible ici), « C’est la première fois que je pars d’un visuel. Je trouve que la pochette d’Equinoxe est une des plus iconiques dans l’histoire des vinyles. Et ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un de mes disques, mais parce que Michel Granger est vraiment un génie. Après avoir fait la pochette d’Oxygène, il a réalisé celle-ci, avec cette espèce de créature qui regarde on ne sait quoi : nous, l’espace, un phénomène naturel… Je me suis donc demandé ce qu’étaient devenus ces personnages 40 ans plus tard, et surtout ce qu’ils deviendraient dans 40 ans. J’ai alors composé l’album comme la bande originale de cette histoire que je me suis imaginée, où je laisse des zones d’ombres pour que chacun puisse développer sa propre histoire. »
C’est suite à cette intuition première que Jean-Michel Jarre a mûri son projet. Il est donc allé à la rencontre du graphiste tchèque Filip Hodas sur Instagram pour transcrire ces concepts en images. « Images », avec un S, car cet album comporte non pas une pochette, mais bien deux. Pour la première fois, il choisit d’achever le visuel avant de s’attaquer à la partie sonore.
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Cette partie visuelle est forte de sens. Deux visions antagonistes mais intrinsèquement liées se présentent. Ce sont deux scénarios qui s’en dégagent pour l’humanité : elle doit dès à présent choisir sa voie. Voilà le futur que Jean-Michel Jarre envisage pour notre espèce. « Ce visuel m’a conduit à imaginer deux futurs possibles : l’un, plus apaisé, où on arrive à évoluer en bonne intelligence à la fois avec la nature et la technologie, et un autre, où on y arrive pas et où à la fois les hommes et les machines finissent par détruire la planète. Et là, on est à la croisée des chemins, et quand on parle de futur et d’avant-garde, on ne pourra évoluer et survivre que si on évolue en bonne intelligence, à la fois avec l’environnement et la technologie, notamment l’intelligence artificielle. »
Après cette partie graphique vient ensuite la conception musicale. Cette dernière se place dans la continuité de cette démarche et les dix morceaux de l’album ont été composés dans l’optique de représenter ces deux mondes diamétralement opposés : si le morceau INFINITY adopte un caractère plus doux, plus pop, plus joyeux, ALL THAT YOU LEAVE BEHIND développe une atmosphère sombre et pessimiste. « Je veux que les gens voient ma musique. » Equinoxe Infinity illustre parfaitement cette approche.
Un remix contest pour deux des morceaux de cet album est aussi proposé en partenariat avec Native Instruments.