Avec des productions qui sortent uniquement sur cassettes ou en digital, le label part de cette volonté d’apporter quelque chose de nouveau à un courant qui manque quelque peu de structures viables au niveau national. « J’ai commencé à monter le label parce qu’au bout d’un moment, je me suis dit que ce serait intéressant de proposer ma vision des choses, et surtout en France. Je voyais plein de labels de cassettes américains et je voulais montrer qu’il se passait aussi quelque chose ici, même si finalement, je ne sors pas beaucoup de Français. Mais qu’il y ait au moins quelque chose de basée en France par rapport à ça », précise Chambry, qui a d’abord été seul aux commandes avant d’être rejoint en cours de route par Loto Retina. Ils s’étaient déjà exprimés il y a quelques mois à propos de l’intérêt du support cassette quand on monte un label, on avait aussi recroisé Chambry et son projet musical à base de jerricans d’eau au Maintenant Festival à Rennes et on a eu envie de creuser et de mettre en lumière des projets, des objets, produits qu’à quelques centaines d’exemplaires.
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Pour Loto Retina, ce n’est pas le son particulier de la cassette qui lui importe le plus mais « l’objet, qui est très minutieux, tout petit, et qui peut contenir de belles illustrations. Vu qu’elles sont numérotées, il y a aussi un côté intimiste. On est plus dans la collection de projets musicaux variés avec des artworks orignaux. » Alors que pour son binôme, sans toutefois mettre ce support au-dessus des autres, sortir des sons sur cassettes s’inscrit vraiment dans une continuité au niveau de son travail et dans sa manière de produire : « Ça a été directement cohérent avec ma musique parce que je la faisais à partir de cassettes. J’enregistrais des samples, je mettais des kicks, des snares… Après, je les ré-enregistrais. Du coup, c’est assez logique que ça atterrisse sur ce support. »
À la base orienté vers l’esthétique beat avec des formats très courts, le catalogue tend à se diversifier au fur et à mesure des sorties. « Les trois ou quatre premières cassettes, on a sorti des mecs qu’on ne sortirait plus forcément aujourd’hui. Parce qu’il y a beaucoup de microlabels comme nous, dans la même esthétique et je vois qu’ils sortent plein de types et tout se ressemble un peu au niveau des beats. Pour certains labels, je pourrais même anticiper leur prochaines sorties parce que c’est toujours dans la même veine. Moi, ça ne m’intéresse pas trop », explique Chambry.
Avec ses deux dernières sorties en novembre 2016, Alphabets (USA)/Jay Rosen (USA) et Mistah One Eight Seven de Roland Jones (Ukraine), qui tend parfois vers la trap, Cindys Tapes joint donc les actes à la parole. Mais plutôt que de deviser pendant des heures sur l’intérêt du support cassette, de son charme auditif, de son côté peu onéreux, du fait de monter un label de ce type en 2016, de quels types de musiques pour quel(s) support(s), voici une sélection – car c’est quand même plus parlant – des contrées sonores par lesquelles est passé le label depuis sa création. Et comme c’est la nouvelle année, Chambry et Loto Retina nous ont même envoyé un mix réalisé par leurs soins.
Chambry fait aussi de la VHS, car il n’a que ça sous la main. Et pour son album Storyboard, sorti en juillet 2016, il s’est mis en scène avec pas mal d’autodérision et c’est plutôt cool.
Chambry – Storyboard (film)