Chronique : Rebekah – Fear Paralysis

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©Rebekah
Le 30.01.2018, à 16h26
03 MIN LI-
RE
©Rebekah
Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©Rebekah
Née à Birmingham, ancien bastion techno, Rebekah nous avait habitués à une musique dure et industrielle. Avec son premier album, elle dévoile une nouvelle facette, encore plus sombre.


Par Arnaud Wyart

La musique de Rebekah est directement influencée par les années 90. On parle du son bien sûr, mais aussi de démarche. Comme Dave Clarke et Richie Hawtin – ses références –, l’Anglaise a commencé par mixer bien avant de se mettre à la production. Et à Birmingham, ça ne rigolait pas en 1996 (c’est tout de même la ville de Surgeon). Presque naturellement donc, Rebekah se tourne vers la techno industrielle, avec brio. Rapidement, elle prend la résidence du mythique Q Club de la ville et se fait connaître dans toute l’Angleterre. Seulement, sans disque pour la promouvoir, difficile d’aller plus loin. En 2006, avec la démocratisation de la musique assistée par ordinateur, Rebekah se met enfin à la création. Le processus a pris un certain temps, mais dès qu’elle a obtenu sa propre identité sonore, ça n’a plus arrêté. Jusqu’en 2015, ce sont une douzaine d’EP produits sur Criminal, CRL, Naked Lunch ou Cult Figures. Grâce à ses tracks modernes et ultra efficaces, Rebekah se fait remarquer par des pointures comme Chris Liebeing, Adam Beyer ou encore Perc. L’explosion intervient en 2012 avec son remix du Blond Slackers de Matador (sur Stolen Moment), le sésame qui permet à Rebekah de percer un peu partout en Europe et d’obtenir un maximum de dates. Son secret de production : des kicks imparables. « En fait je n’en utilise pas un, mais trois ou quatre que je combine. Certains ont plus de réverbe, d’autres de la distorsion, etc.. Le but, c’est d’obtenir un kick énorme et parfois, il l’est trop (rire). En revanche, je ne fais pas appel aux samples de percussions. » Pour le reste, Rebekah marie de plus en plus digital et analogique. Elle a d’ailleurs une certaine affection pour le synthétiseur Oberheim-6 et surtout le Doepfer Dark Energy avec lesquels elle construit ses nappes et boucles si envoûtantes. 

Une rencontre décisive avec Soma

En 2016, l’Anglaise monte sa propre structure Decoy (sur laquelle elle a déjà sorti un EP), et surtout, le légendaire label Soma lui propose de rentrer dans son écurie. « Ce fut un réel honneur pour moi. Quand j’ai commencé à écouter de la techno, j’entendais beaucoup de tracks Soma sans le savoir. C’est plus tard, quand je suis rentrée dans les magasins, que j’ai découvert le label et son impressionnant catalogue, de Funk D’Void à Mark Henning, mon producteur préféré. » Quelques années auparavant, l’équipe de Soma avait d’abord demandé à Rebekah de mixer dans une soirée à Amsterdam, mais celle-ci a attendu d’être prête avant d’envoyer ses démos. Une bonne intuition… Deux EP ont suivi, mais parallèlement, Rebekah souhaitait explorer une nouvelle facette de sa musique. « J’avais envie d’exprimer des sentiments plus profonds, de les faire sortir de moi-même. Mais les EP doivent être conçus pour le dancefloor. Il a donc fallu que je découvre le format album, avec lequel j’ai plus de liberté. » En résulte un savant mélange entre techno classique, nappes hypnotiques et ambiances crispantes. Un voyage inédit dans l’univers de Rebekah qui voit désormais plus grand. « Quand tu aimes la techno, tu as envie de la faire évoluer, de la faire grandir. Il y a eu des gens avant ma génération qui ont créé et joué cette musique. Maintenant, elle est dans nos mains et je souhaite à mon tour apporter quelque chose qui puisse inspirer les prochaines générations. Si tu es simplement DJ, tu limites la portée de ton travail, c’est quelque chose que je comprends maintenant. »

Newsletter

Les actus à ne pas manquer toutes les semaines dans votre boîte mail

article suivant