Chronique : M.E.S.H. – Hesaitix

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©M.E.S.H.
Le 30.01.2018, à 12h22
02 MIN LI-
RE
©M.E.S.H.
Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©M.E.S.H.
Plus harmonieux et pourtant aventureux, le second album du producteur allemand M.E.S.H., résident de la fameuse soirée Janus à Berlin, poursuit son exploration sonore.


Par Noëmie Vermoesen

« Je crois vraiment aux possibilités du son et en tant qu’artiste, je cherche à assimiler ce qui est étrange en une sorte de système qui, pour moi, fait sens. Ce système sonore désignerait quelque chose qui ne pourrait pas l’être par le langage ou l’image. » C’est ainsi que, flirtant avec l’ineffable, M.E.S.H. évoque la sortie de son second album sur PAN. Depuis sa fondation en 2008, le label de Bill Kouligas s’est forgé une réputation d’impeccable étiquette expérimentale avec, entre autres, des sorties de Hecker, Heatsick, Helm, Lee Gamble ou encore Objekt. Avec le récent opus de dancehall iconoclaste signé STILL puis le très attendu et incroyablement jouissif album d’Errorsmith, PAN semble s’ouvrir à une sorte de légèreté, d’humour presque, tout en restant exigeant.

Justement très sérieux, le premier album de M.E.S.H., Piteous Gate, tendait vers l’abstraction et contrastait avec la fougue de ses EP, remix ou edits. Résident pour les soirées Janus depuis cinq ans aux côtés de Lotic et Kablam, le DJ s’est fait connaître pour ses mix intenses et est devenu le porte-parole le plus excitant de cette nouvelle scène club qui, armée de CDJ, s’est appliquée à réconcilier la techno, le gabber, le R&B ou encore le kuduro. Hesaitix parvient enfin à réconcilier tous ces univers. « Je crois qu’avec Piteous Gate, il y avait une sorte d’écosystème mental que j’essayais de décrire, quelque chose de brisé, de douloureux, de brûlant. Sur Hesaitix, je n’ai pas honte de dire que c’est plus harmonieux, plus structuré. Cela sonne un peu plus musical. »

Acoustique médiévale

S’il est plus harmonieux, ce disque n’en est pas moins aventureux. « Je suis dans une position ambiguë. Du point de vue du marché standardisé, ma musique est difficile à catégoriser et une aberration. Et d’un autre point de vue, ce que je fais n’est pas vraiment transgressif. J’essaye de voir jusqu’où je peux aller tout en restant fidèle aux univers que la musique peut suggérer. »

Cette recherche n’est pourtant pas simple. Au milieu de l’album, une voix entonne à plusieurs reprises « Search. Reveal » sur un rythme oblique. « Je trouve qu’il est vraiment difficile d’écrire de la musique et le marketing autour des joies de la créativité me laisse sceptique. Cela dit, j’ai passé le mois de juillet dans une ville médiévale en Ombrie, en Italie, où j’ai en partie conçu l’album, et cela m’a énormément inspiré. J’ai beaucoup appris sur l’acoustique de la vie médiévale, sur la manière dont les sons circulent dans une ville sinueuse, presque verticale. » L’acoustique d’Hesaitix est pour le moins fascinante, presque étourdissante. Les plages ambient sont majestueuses et les explorations rythmiques minutieuses. Et si sa création fut laborieuse, son écoute est, elle, délicieuse.

Newsletter

Les actus à ne pas manquer toutes les semaines dans votre boîte mail

article suivant