Chronique : Aleksi Perälä – Paradox

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©трип
Le 30.01.2018, à 11h27
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Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©трип
La techno est par excellence l’art de l’infime variation, et rares sont les artistes qui ont réellement enrichi son paradigme ces dernières années. Déjà riche d’une longue carrière chez Rephlex, Aleksi Perälä publie presque anonymement The Colundi Sequence Level 1 en 2014, un premier volume suivi de quinze autres. Si ses heures de gloire sous les pseudos Ovuca et Astrobotnia sont loin derrière lui, et que son IDM est passée de mode, cette série initie une profonde remise en question de lui-même, mais également de la techno, introduisant une manière innovante d’en penser la tonalité. Une démarche qui fera des émules et qui aboutit aujourd’hui avec un premier album pour le label de Nina Kraviz.

Par Christian Bernard-Cedervall

« Je ne me suis jamais autant éclaté qu’en ce moment ! » Après un étourdissant second volume compilant ses séquences Colundi chez Clone, ce même label publiait il y a peu Stimulation, un album ancré dans ces mêmes préceptes, mais plus proche du dancefloor pur et dur. C’est donc avec surprise qu’on découvre dans les derniers instants du calendrier un troisième album du mystique Finlandais : Paradox est apparu il y a un peu plus d’un an et fait directement suite à Stimulation, bien que s’inscrivant plus profondément dans la continuité Colundi. Si ce nouvel album raffine à l’extrême cet univers mercurien, il pose toutefois un pont thématique entre le meilleur de ses travaux du passé et sa récente « conversion », couvrant un large éventail d’émotions, parvenant à raconter des choses très variées sans jamais abandonner un tempo soutenu.

« Je n’écoute jamais mes vieux disques, c’est très distant, mais pourtant toujours présent en moi. Alors oui, il y a toujours un peu d’Ovuca ou d’Astrobotnia dans mon ADN. Tout ce que j’ai produit ces cinq dernières années appartient strictement à Colundi, et il en sera de même pour le futur, pas de retour en arrière possible. »

Alors c’est bien gentil, mais tout ça reste assez ésotérique non ? « Colundi n’est ni un système d’accords ni une échelle, c’est une séquence, une architecture… La structure est incroyable et m’émerveille encore à chaque instant, car je n’arrive toujours pas à l’appréhender globalement ! Tu ne stimules pas ton troisième œil pendant cinq ans sans conséquences, c’est très puissant… et très difficile à décrire, il faut le ressentir. Mais une fois qu’une séquence est enregistrée, c’est terminé, elle ne m’appartient plus. J’utilise beaucoup le hasard, alors la notion d’enregistrement, de figer un instant dans le temps, c’est parfois frustrant. Dans l’idéal, les tracks devraient être vivants et en constante mutation. »

Pas sûr que cela nous éclaire, mais percer ce mystère est-il vraiment nécessaire ? Toujours est-il que d’autres lui emboîtent le pas : « Il y a plus de 1 000 membres sur le groupe Facebook Colundi, éparpillés aux quatre coins de la planète, de tous horizons, et une compile 3CD va bientôt sortir, après déjà quelques EP, c’est très excitant ! » Plus pragmatiquement, on notera que ce disque nous évoque parfois Future Sound of London, Terrence Dixon, Mathew Jonson, et forcément un peu Aphex, mais avant tout Aleksi ! « Je vis et respire Colundi au quotidien, c’est comme de la thérapie sonore, de la méditation, voyager, communiquer, échanger, recevoir. » La techno vous dit namasté !

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