Cette ancienne centrale électrique accueille chaque année la nouvelle scène acid et techno belge

Écrit par Clarisse Prevost
Photo de couverture : ©DR
Le 02.07.2018, à 17h45
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Écrit par Clarisse Prevost
Photo de couverture : ©DR
Trax a interviewé le programmateur du Voltage Festival, qui aura lieu les 18 et 19 août à Zwevegem, en Belgique. Au menu : techno, acid, indus, et découvertes.


Figure de référence dans le milieu techno, le festival belge offre une nouvelle fois un line-up underground et innovant. Situé dans une ancienne centrale électrique, ambiance berlinoise et amateurs de BPM sont au rendez-vous. Trax a interviewé Steven, alias Pilose, DJ résident du Ohm, le programmateur du Voltage Festival. Celui-ci fait venir de grands noms cette année : Cosmic TRG, habitué du Berghain et des Boiler Room, Inigo Kennedy, Amotik, producteur berlinois qui vient de sortir son EP AMTK009, l’iconique Chris Liebling, les italiens férus d’acid techno experimental 999999999, et autres acteurs de la scène belge à l’image de Pilose, promoteur du collectif Ohm.

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Qu’est-ce qui se cache derrière “Voltage” ? 

On est le collectif Ohm. On existe depuis l’année 2012 et le festival Voltage depuis 2015. Nous sommes composés d’ingénieurs du son et lumière, DJ’s, producteurs, organisateurs événementiels (hébergement, restauration, logistique), concepteurs graphiques, bookers. C’est en combinant compétences et passion que nous avons construit progressivement, ensemble, l’expérience Ohm et le festival Voltage autour d’une valeur, la nouveauté.

Pour en revenir à la création du concept, c’est une drôle d’histoire ; à la base on voulait organiser une rave. Trois jours avant qu’elle ait lieu, on a du trouver un nouvel endroit. C’est ainsi que l’on a découvert le lieu exceptionnel qu’est Transfo. La fête a commencé ici puis deux ans plus tard, on s’est dit qu’on allait plutôt y organiser un festival. On voulait redonner du sens à cette centrale, la dédier à l’art et à la musique. On a eu la chance d’avoir le soutien de la ville qui nous a confié le lieu, fermé jusqu’alors. 

Quel est votre crédo actuel ?

On avait la volonté de faire quelque chose de « brand new ». Nous voulons faire découvrir ce qu’on qualifie « the sound of tomorrow » : ce qui compte le plus pour nous c’est de ramener des artistes dont la notoriété n’est plus à prouver comme des artistes qui en sont dénués. On essaie de suivre un ratio équilibré entre artistes connus et inconnus.

Ça fait 5 ans que l’on a commencé. À l’époque, on avait une programmation de 30 artistes, maintenant une quinzaine de plus et ça marche plutôt bien. On suit la logique « never change a winning formula ».

Comment avez-vous sélectionné les artistes du line-up ?

La team se réunit et on choisit ensemble. On dig régulièrement sur différentes plateformes comme youtube, bandcamp, soundcloud. Les idées nous viennent naturellement comme l’investigation est quotidienne. Pour nous, c’est important de faire venir des artistes internationaux mais également de mettre en valeur notre scène locale et nationale Siwei, Speedy J l’un des précurseurs du genre sur ce territoire, Cellini, Linear Straight, Phara, SP-X…). 

Après chaque festival, on envoie un questionnaire à ceux qui ont participé dans lequel on leur demande quels artistes (souvent les plus petits noms de la programmation) ils aimeraient voir l’année suivante, et ainsi on commence à les booker.  Dans les autres festivals, ils demandent Ben Klock, alors qu’avec nous, ils aspirent à connaître le son de demain. Cette année ils ont choisi 999999999, et nous, on avait aucune idée de leur grande popularité. La satisfaction de notre public nous tient à cœur et nous inspire.

Quelle genre d’auditeurs/public rassemblez-vous  ?

Le public est mixte, entre 18 et 30-35 ans, d’étudiants aux trentenaires insérés dans la vie professionnelle. Leurs points communs : tous sont mélomanes et connaissent le line-up à un certain degré. Il y a un réel multiculturalisme ambiant. Les gens viennent de loin pour le festival, de Russie, de Shanghai, d’Australie, par exemple car la programmation est assez singulière, unique même. Rares sont les festivals complètement centrés autour des musiques techno et acid et leurs dérivés et c’est ce que les gens apprécient dans Voltage. Lors de chaque nouvelle édition, on rallie de nouveaux festivaliers, qui en plus de bien connaître les artistes bookés, sont avides de découvertes musicales. Ils nous font confiance.


Le festival gravitera-t-il toujours uniquement autour de la techno ou pensez-vous à l’avenir l’ouvrir à d’autres genres ?

On souhaite ouvrir la programmation à d’autres genres électroniques, comme l’electro music (Helena Hauff et DJ Stingray, mais aussi aux genres dérivés et underground de la techno, car il y en a de plus en plus. On veut grossir, cependant nous n’avons pas comme ambition d’en faire un super huge. Il nous plaît de garder l’événement assez petit et intimiste pour maintenir cette ambiance conviviale et confortable que le festival perdrait inévitablement s’il y avait trop de monde. Pour résumer notre mindset : on veut privilégier la qualité à la quantité.

On va accueillir cette année 3500 personnes par jour, c’est véritablement un petit festival et ça doit le rester même si on pourrait accueillir bien plus. C’est un choix de notre part pour préserver la satisfaction des festivaliers. Les gens en ont marre d’être serrés les uns contre les autres. Ils veulent pouvoir créer un lien avec le DJ. 

Comment sont organisées les différentes scènes ?

Il y a trois scènes mais pas vraiment de scène principale. On fait venir des artistes de grande renommée dont la venue est historique, comme des artistes à la notoriété modeste mais on ne veut pas les hiérarchiser. L’ambiance doit être familière et chaleureuse pour tous. La mainstage est plus grande en termes de taille, elle accueille principalement de l’acid, de la techno classique et industrielle. Vous trouverez donc la Anode stage, la Rotor stage, et la Turbine stage.



Qu’en est-il de la scénographie ?

Le site qu’est Transfo est déjà en lui-même une mise en scène. 
En effet, on est dans une ancienne centrale électrique. Le lieu est donc déjà décoré par ses transfos, ses lignes à haute tension. Le contexte est envoûtant. Transfo est un endroit qui regorge de possibilités. On agrémente cette décoration si authentique avec du métal recyclé car on est porté sur les énergies renouvelables.

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À côté du Voltage Festival, faites-vous autre chose sur la scène belge ?

Je suis A&R (Artists & Repertoire), également DJ depuis que l’on a crée le collectif Ohm. De ce crew est né le label Form and Function. On organise des soirées aussi, toujours selon la même philosophie : faire découvrir de nouvelles choses. On concentre nos événements en Belgique où la scène musicale a beau être inondée de soirées, il reste difficile pour la musique underground de se frayer un chemin car les bookers ne font venir que des grands noms. Si un genre veut se développer, il doit commencer petit et attendre vraiment longtemps avant son éclosion. La conséquence de tout ça, c’est qu’il y a peu de nouveautés sur la scène belge, peu de soirées marginales qui permettent à un genre d’évoluer et de prendre de la place, alors qu’il y a de très bons artistes belges. Et c’est justement là que le Voltage festival marque sa singularité.

Quelque chose à ajouter ?

Il faut garder les yeux et l’esprit ouverts, on pourrait être surpris par ce qu’on va entendre. Il y a une infinité de choses intéressantes qui se passent. Les gens disent que la créativité a disparu, mais c’est faux.



Pour plus d’informations relatives au festival et à la billetterie, rendez-vous sur le site dédié à l’événement.

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