“Ressentir des émotions”, “Partager un moment avec des amis, la famille”, “Vivre une performance unique”. Les raisons principales qui poussent les jeunes issus de la Gen Z (donc nés entre 1997 et 2010), sont peu ou prou les mêmes que leur prédécesseurs. C’est en tout cas ce que montre le chercheur Loïc Riom, dans une thèse mise en ligne par le CNMlab, think tank du Centre National de la Musique qui a vu le jour en 2022.
Dans ce texte, disponible en intégralité sur ce lien, Loïc Riom croise plusieurs études afin de brosser le portrait de la première génération post-Internet dans son rapport à la musique live. Pour ce faire, il commence par montrer qu’en France, les concerts sont devenus une pratique de masse. Les représentations de musiques actuelles sont ainsi passées de 44 860 en 2010 à 73 056 en 2017 (La Diffusion des spectacles de musiques actuelles et de variétés en France, Centre national de la musique, 2022, en ligne). En 1997, 29 % de la population française déclaraient s’être rendus à un concert au cours de douze derniers mois. Ils sont passés à 34 % en 2018. Paradoxalement, là où les concerts accueillent le plus en plus de monde, ils séduisent de moins en moins les jeunes. Loïc Riom signale que pour l’ensemble des concerts, les chiffres indiquent que, pour les 15-24 ans, la fréquentation d’un concert au cours de douze derniers mois est passée de 40 % en 1997 à 37 % en 2018, en s’appuyant sur l’Enquête sur les pratiques culturelles (1973-2018) du Ministère de la Culture , réalisée en 2020.
Ainsi, la baisse de fréquentation des jeunes en concerts date d’avant la pandémie. Parmi les facteurs qui expliquent ce phénomène, Loïc Riom en dénombre plusieurs, à l’aide de l’étude suivante : Baromètre des pratiques culturelles des Français en matière de spectacles musicaux et de variété (Prodiss et Observatoire du live, 2022). D’abord entrent en compte les préoccupations financières, à hauteur de 48 %, une perte d’envie de se déplacer (30 %), la peur du COVID-19 (22 %) et enfin le choix de consacrer du temps à d’autres activités (19 %). Ajoutons que le facteur de classe sociale est encore et toujours à prendre en considération. Riom affiche ainsi le résultat des Rapports des jeunes à la musique à l’ère numérique (2015) : “41 % des enfants de familles d’ouvriers et d’agriculteurs ne vont jamais en concert, alors que ce taux est uniquement de 15 % chez les enfants de cadres” écrit-il.
Ces facteurs sont à peine surprenants : le prix des billets a connu une inflation majeure ces dernières années. À titre d’exemple, les prix pour le passage de Beyoncé au Stade de France ce vendredi 26 mai 2023 grimpe jusqu’à 350 euros. Pourtant, parmi les jeunes qui se rendent encore en concert, Loïc Riom remarque une appétence pour les plus grandes salles dans plusieurs des études consultées. Cela s’explique par la construction récente de ces salles, entre les années 1990 et 2000. Mais cette information est encore à nuancer. Riom précise que pour la Gen Z, l’attachement à une salle n’existe presque plus. Ce sont les artistes qui les attirent avant tout.
Pour dépasser sa question initiale, à savoir, est-ce que les jeunes vont en concert, Loïc Riom retourne le problème et s’interroge : “Quelles places les salles de concert sont-elles prêtes à faire aux publics les plus jeunes ?” et tente ainsi de proposer des pistes de réflexion pour répondre à ce désintérêt croissant de la Gen Z pour la musique live. On vous invite à poursuivre la lecture de sa thèse en suivant ce lien.