Photos par Jacob Khrist
La musique électronique fait désormais partie intégrante de la culture française. Dans la lignée du tonton de la techno française, Laurent Garnier, qui recevait en janvier la Légion d’Honneur, Jeff Mills, l’un des instigateurs de la techno de Detroit, s’est vu remettre par l’ex-ministre de la culture Jack Lang les insignes d’Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
Vendredi soir, au dernier étage de l’Institut du Monde arabe, présidé par Jack Lang, et après avoir remercié ce dernier pour son discours retraçant sa longue carrière, Jeff Mills prit la parole pour saluer et remercier tous ceux qui l’ont soutenu tout au long de ces décennies, depuis les années 70. “Par dessus tout, j’ai toujours pensé que la musique devait servir à faire un monde meilleur, à faire que les gens soient meilleurs.”
Saluant son frère, ses premiers amis musiciens, ceux qui lui ont offert ce show radio à Detroit – “et au final de devenir The Wizard”, son premier surnom de DJ – Jeff Mills remercia ensuite les patrons des clubs Tresor à Berlin, et Lime Light à New-York – “un grand tournant dans ma vie” – ainsi que sa “femme bienaimée”, Yoko Uozumi, responsable selon lui “de 95% des choses que j’ai faites”. Et enfin la France, et Jack Lang. “J’aimerais que nous ayons plus de personnes comme vous”, lança-t-il à l’ancien ministre de la Culture.
Une distinction qui vient couronner ses 30 ans de carrière dans la musique électronique, qu’il a contribué à faire évoluer dès la fin des années 80, avec Derrick May, Juan Atkins, ou encore Kevin Saunderson. En 1989, il rencontre Mad Mike, avec lequel il fonde le label Underground Resistance, avant de quitter Detroit en 1990 pour New York, où il y fonde son premier label Axis.
Reconnu mondialement pour ses productions aux structures élaborées, ses prestations spectaculaires à trois platines et sa maîtrise de la TR-909, Jeff Mills n’a eu de repousser les barrières entre la techno et d’autres styles musicaux. Depuis une dizaine d’années, on a pu le voir collaborer avec des artistes venant du jazz au classique. En 2005, il s’associait par exemple à l’Orchestre Philharmonique de Montpellier, où il livrait une prestation live orchestrée par Thomas Roussel. Plus récemment, il collaborait avec le batteur afrobeat Tony Allen et le saxophoniste Emile Parisien, et entame une tournée avec sa formation jazz-fusion Spiral Deluxe.
Jeff Mills, aujourd’hui âgé de 53 ans, rejoint ainsi Jean-Michel Jarre, Pierre Henry, Jean-Claude Risset, Air, Dimitri From Paris, Cassius, les Daft Punk, et enfin Laurent Garnier, tous décorés par le Ministère de la Culture français. « La France a été le premier pays à me décerner une distinction officielle nous confiait-il la veille. Je suis très honoré. »