Ce qu’a donné le premier live de Kompromat, le duo Vitalic et Rebeka Warrior, au PériPate

Photo de couverture : ©Toma Anirae
Le 15.01.2019, à 12h20
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©Toma Anirae
Photo de couverture : ©Toma Anirae
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Quelques minutes avant le début du concert, un grand type dans la foule a dit « C’est l’endroit parfait pour lancer le truc. » Il avait raison.

Il avait raison. Le plafond alvéolé en béton, les murs en parpaings, et l’obscurité du PériPate, dans laquelle les corps plus ou moins vêtus traversaient la fumée des machines et des cigarettes, se prêtaient particulièrement bien à l’univers onirique/cauchemardesque dont Kompromat, le nouveau duo formé par Vitalic et Rebeka Warrior, nous avait donné un aperçu dans le clip de leur premier titre “Niemand”, sorti quelques heures plus tôt. Sur la scène, pas de grande rousse ensanglantée, mais des lumières blanches éblouissant le public dense, et bientôt l’apparition des silhouettes des deux artistes.

Vitalic, d’un côté de la scène, se penche sur ses machines tandis que Rebeka Warrior, dont le visage se cache sous une grande capuche et derrière d’épaisses lunettes noires, se tient de l’autre côté, derrière son micro. Son attitude, sa posture, et la clameur de la foule donneront au duo tout au long du concert des airs de groupe de punk. Les sonorités pourtant bien électroniques des synthétiseurs de Vitalic livrent tour à tour les morceaux qui composent l’album de Kompromat, prévu pour le printemps. Les lumières stroboscopiques colorent la scène enfumée, sur laquelle Rebeka Warrior danse et se déplace, tantôt derrière une grille de lasers, tantôt sur le bord du plateau d’où elle salue le public.

Assez similaires les uns des autres, les titres semblent élaborés selon une même structure qui rappelle une fois de plus celle du punk : simple, laissant la place à l’énergie des mélodies et du chant. En cela, “Niemand” donne un aperçu fidèle de l’identité de l’album : un kick/snare très efficace, des lignes de synthés un peu rétro, une mélodie entêtante, et des paroles en allemand que la voix de Rebeka Warrior prononce comme un sortilège. Et le public est charmé, acclamant le début et la fin de chaque morceau comme un tube déjà culte. Les quelques mots de la chanteuse, annonçant par exemple une reprise en allemand d’une chanson de Julien Clerc, donnent à l’ambiance un ton amusant, amical. Ce même humour avertira le public de la chute du concert, avec le rappel de “Niemand” : « On va rejoué un des morceaux parce qu’on a fait tout ce qu’on a ! »

« Au royaume du kitsch s’exerce la dictature du cœur. » écrivait Kundera. Et c’est sûrement le cœur plein de réminiscences adolescentes que Rebeka Warrior et Vitalic se sont lancés dans ce projet. Car il y a quelque chose de très nostalgique dans l’univers de Kompromat : le duo opère un retour aux sources pures de la techno berlinoise, se situant lui-même entre Einstürzende Neubauten et Crash Course in Science. Ces groupes, nés à peu près en même temps que les deux artistes (âgés respectivement de 40 et 43 ans), ont légué à Kompromat cet héritage punk aux accents mélancoliques, qu’il revisite avec le glamour moderne que peut rencontrer la techno d’aujourd’hui.

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