C’est dans un livre de cinq cent pages que les souvenirs des plus belles années de la fête parisienne remontent à la surface. Olivier Degorce, à travers ce recueil pictural, montre un tout autre visage de la capitale, entre hédonisme assumé et vinyles jonchant l’ensemble du DJ booth. Armé d’appareils photo jetables, Degorce s’est aventuré de l’autre côté de la barrière, dans ce monde fermé de la nuit parisienne, afin d’y capturer l’essor et l’excitation du public autour d’un genre nouveau : la house music. Imprimées en argentique, les photos replacent dans leur contexte l’émergence d’une véritable démocratisation de la musique électronique et du clubbing à Paris.
Il était difficile durant les années 90 de construire, ou simplement de croire aux aboutissants d’un véritable écosystème autour de la house, tant cette musique, venue tout droit d’outre-Atlantique, était mal considérée, voire volontairement laissée de côté par les médias. De jeunes radios, à l’instar de Radio FG ou Nova, auront pris le par(t)i de diffuser des sonorités uniques et syncopées, quitte à aller à l’encontre des standards de la radio française ; un phénomène que l’on retrouve outre-Manche, avec la montée en puissance du UK garage, à l’aube du 21e siècle, du côté de Londres et ses environs. Le photographe met ici à nu des établissements comme le Queen ou le Rex Club, initiateurs révolutionnaires de cette démocratisation de la musique électronique, devenus depuis des endroits incontournables de la fête à Paris.
Les clichés de Degorce prennent alors tout leur sens : oscillant entre l’intimisme de certains clubs à l’éclairage blafard et l’énergie foudroyante des raves, il témoigne de ces événements qui ont formé la scène parisienne telle qu’elle est aujourd’hui. De l’ambiance bouillante des soirées acid house aux premières fois à Paris de Carl Craig, Carl Cox, les Daft Punk et autres DJ’s emblématiques d’hier et d’aujourd’hui, tout en passant de l’autre coté du miroir pour aller arpenter booths et backstages de la capitale, le photographe a immortalisé l’électricité naissante des soirées parisiennes. Quant au titre du livre, Olivier Degorce continue le clin d’œil à cette génération et fait une subtile référence au morceau de Jaydee “Plastic Dreams”, véritable hymne house de cette époque.