En 2013, le promoteur et DJ Michail Todua, pilier de la fête géorgienne, a été contrôlé aléatoirement par la police locale alors qu’il était en possession de 12 grammes de MDMA. Seulement, dans ce pays d’Europe de l’Est, une personne arrêtée avec cette quantité de drogue risque les mêmes sanctions qu’un dealer de grande envergure, et est souvent plus sévèrement punie qu’un violeur ou même un terroriste. Il fait partie des très nombreux géorgiens contrôlées par la police dans le cadre de leur lutte officielle contre le trafic de drogue visant surtout à stigmatiser le monde du clubbing et les minorités LGBT. Trax s’était d’ailleurs intéressé à ce contexte difficile dans son numéro 212 de juin 2018.
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Condamné à 9 ans de prison, le DJ Michail Todua a d’abord sombré dans une dépression puis la musique a finalement pris le dessus. Dans un article paru en mai dernier, Telekom Electronic Beats décrivait son histoire. Il leur confiait : « Quand je suis arrivé ici et que j’ai compris que je pourrais plus être DJ, je me suis dit qu’il fallait que je trouve un autre moyen, car je ne peux pas vivre sans musique. » Il a alors réussi à s’équiper d’un matériel sommaire : une table avec un vieux PC, quelques synthétiseurs, et une collection d’instruments traditionnels géorgiens. Le plus handicapant dans son apprentissage de la production était l’impossibilité d’utiliser internet. « Je n’avais jamais produit de musique et je voulais m’améliorer, mais sans accès au monde extérieur c’était très difficile. » Pendant longtemps, la musique qui sortait de sa cellule était une techno sombre et industrielle, comme si rien de joyeux et mélodique ne pouvait sortir des murs de cette prison. Pourtant, certains morceaux publiés il y a quelques jours semblent emprunts de plus d’espoir.
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Devenu un des symboles de la répression du gouvernement géorgien contre le monde de la nuit, son histoire a été reprise par plusieurs médias et surtout par la communauté techno géorgienne, notamment l’association White Noise, pour attirer l’attention sur les injustices dont ils sont victimes. Depuis quelques mois, la situation semble doucement s’améliorer en Géorgie, l’article de Telekom Electronic Beats évoquait même une éventuelle libération conditionnelle de Michail Todua en mai dernier (à lire en intégralité ici). Pour le moment, cette libération ne semble pas avoir abouti puisqu’une pétition est toujours en cours pour venir en aide à l’artiste.