La fascination de Maud Le Pladec pour la musique remonte à son enfance. Fille d’un père DJ amateur dont elle découvrait les disques en cachette, elle se rappelle son émotion à l’écoute du morceau house “French Kiss” de Lil Louis. Un amour des sonorités exigeantes qui infuse ensuite toute sa carrière, depuis ses premiers pas de danseuse jusqu’à la chorégraphie de ses propres spectacles. Ultra-contemporain, son travail de mise en scène lui permet d’explorer ses propres obsessions, comme la musique post-minimaliste et la façon dont elle traverse les corps. Dans ses créations protéiformes, les danseurs sont aussi chanteurs et musiciens. Ils endossent de multiples casquettes, à l’image de Maud Le Pladec qui, en plus de diriger le Centre Chorégraphique National d’Orléans, poursuit sa carrière de danseuse, flirte avec le cinéma (on lui doit la chorégraphie de Notre Dame de Valérie Donzelli), le théâtre (elle collabore avec Thomas Jolly autour de l’opéra Eliogabalo) et continue de créer à tour de bras.
La scène est aussi un espace politique pour la chorégraphe. Pour Democracy en 2013, elle s’inspire des textes du philosophe français Miguel Abensour sur l’émancipation. Borderline, qu’elle imagine en 2017, s’interroge sur la crise migratoire. La représentation des femmes n’est pas non plus étrangère à son travail, puisqu’en 2015, elle co-crée avec la performeuse afro-américaine Okwui Okpokwasili le spectacle Hunted, consacré aux sorcières de nos imaginaires. Invitée de l’émission Les Nuits de France Culture, elle programme les penseuses féministes Françoise Vergès ou Judith Butler, et croise des sujets variés allant des violences faites aux femmes jusqu’à Beyoncé.
À l’occasion de son nouveau spectacle, counting stars with you (musiques femmes), Maud Le Pladec s’attaque cette fois-ci à la place des femmes dans l’histoire de la musique et rend hommage au matrimoine musical. “Tous les pupitres d’orchestre, tous les conservatoires dédiés à la musique classique comprennent de plus en plus de femmes” constate-t-elle. “Pour autant, pas de cheffe prestigieuse, pas de grand chef-d’œuvre de compositrices, peu de femmes dans l’histoire de la musique”. Pour y remédier, elle convoque douze artistes féminines, allant de l’ère byzantine à la scène techno, et mélange allègrement chant lyrique et synthpop. “Je voulais faire s’entrechoquer les planètes” résume-t-elle
En tournée dans toute l’Europe, counting stars with you (musiques femmes) posera ses valises au Carreau du Temple à Paris les 14 et 15 avril prochains. L’occasion de découvrir le travail de la plus vieille compositrice de l’histoire, Kassia de Constantinople, ou de la première compositrice professionnelle, l’italienne Barbara Strozzi, mais aussi de vibrer sur les créations de la DJ française Chloé, composées spécialement pour l’occasion.