Burning Man : Un plasticien français va installer une pyramide monumentale au milieu du désert

Écrit par Amaury Lelu
Photo de couverture : ©ATO Designs 2019 / Fragments de Marc Ippon de Ronda
Le 30.07.2019, à 12h58
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©ATO Designs 2019 / Fragments de Marc Ippon de Ronda
Écrit par Amaury Lelu
Photo de couverture : ©ATO Designs 2019 / Fragments de Marc Ippon de Ronda
Burning Man investira une nouvelle fois le désert de Black Rock, aux États-Unis, du 25 août au 3 septembre. Chaque année, l’événement récompense et finance des projets artistiques. Le plasticien Marc Ippon de Ronda est le seul lauréat Français récompensé par la bourse Black Rock City Honoraria 2019 pour sa création sculpturale Fragments.

Marc Ippon de Ronda est un artiste plasticien français. Cette année, il a été sélectionné pour exposer son oeuvre Fragments au Burning Man.

Avant de devenir plasticien, vous avez été membre du label Coton Tige. Quelle est votre relation avec les musiques électroniques ?

J’ai commencé le DJing vers 14-15 ans avec mes premières platines vinyles et ma table de mixage. Je suis baigné depuis longtemps dans la musique électronique et notamment dans la techno. En 2006, beaucoup de rencontres m’ont marqué, avec les débuts de la minimale à Paris. Avec Coton Tige, nous avons été parmi les premiers à inviter les artistes du label Minus à jouer dans la capitale, notamment au Showcase ou nous avions notre residence. J’ai aussi eu la chance d’être initié à la musique concrète par l’intermédiaire de Saint Schizoïde artiste de mon label et fils du compositeur Guy Reibel, un membre du GRM (Groupe de Recherches Musicales) qui a travaillé sur les expérimentations sonores dans les années 70. Ces influences ont développé mon envie d’écouter des styles musicaux très divers. Dans mon travail de plasticien, j’essaye toujours de proposer des sons en relation avec mes œuvres et de pousser la recherche de concept sonores comme je développe mes idées plastiques.

Vous travaillez au sein du studio ATO, une agence de design et d’innovation. Quand avez-vous commencez votre travail de plasticien ?

Cela fait une dizaine d’années que je crée des scénographies en Europe et en Asie pour des artistes de musiques électroniques, des festivals ou des spectacles. Depuis 4 ans, j’ai commencé ma pratique de plasticien qui est une évolution de mon travail de scénographe. Mes œuvres sont influencées par la sculpture et se destinent aux galeries. Plusieurs artistes permettent de situer mon travail, notamment le sculpteur américain Richard Serra, James Turell et son traitement unique de la lumière et, enfin, l’artiste pluridisciplinaire Olafur Eliasson.

Votre œuvre Fragments a été retenue par le programme Black Rock City Honoria du Burning Man. Comment avez-vous préparé ce projet ?

J’avais envie de faire une œuvre dans un contexte différent, qui sorte de ma zone de confort. Beaucoup d’amis m’ont parlé de Burning Man comme une ville éphémère où l’art se mêle à la fête et m’ont poussé à proposer une oeuvre. J’ai visité le désert de Black Rock. C’est un endroit irréel et il y a une énergie incroyable là-bas. Le projet a commencé là. J’ai créé Fragments pour Burning Man, en puisant dans mes recherches, mes croquis et mon travail de sculpteur. Une fois que j’ai fixé le concept, on passe en phase d’études et de finalisation avec l’équipe de mon studio de production: ATO DESIGNS. Une équipe de producteurs, d’architectes et de directeurs techniques m’aident à transformer une idée en oeuvre finalisée et belle et bien réelle.

À quoi ressemble votre oeuvre ?

Fragments est une oeuvre abstraite, un temple sorti du désert. Autour de la pyramide de 6 mètres et l’escalier central qui mène au soleil, se trouvent 6 fragments plantés dans le sol comme par magie. J’utilise de l’acier corten, un matériau qui s’oxyde avec le temps et revêt une fine couche orangée quand il est exposé à l’air. Cela lui donne un aspect rugueux magnifique. Les fragments sont constitués d’un miroir d’un côté et de LED vidéo de l’autre.

L’oeuvre illustre une légende inspirée par le désert. Ce mythe raconte qu’en des temps très anciens, une déesse a offert un miroir magique à un géant. En regardant dans le miroir, le géant y découvre l’avenir. Terrorisé, il le brise en mille morceaux qui tombent du ciel et se figent dans le désert. Après des millénaires, le site est redécouvert par l’Homme. Aujourd’hui il est dit que si on monte au plus haut des fragments, on peut y voir l’avenir. Lors du Burning Man, une procession de prêtres et de personnes munies d’un long outil viendra tous les matins enlever la poussière des miroirs. Ce sont des membres de notre art support camp, mais aussi des volontaires qui veulent s’impliquer dans le projet et deviennent pendant cette semaine les prêtres et prêtresses de l’oeuvre.

Vous avez été le seul français à avoir obtenu la bourse. Comment expliquez vous cela ?

Je pense que Burning Man nous a choisi parce que l’oeuvre leur a plu et probablement aussi parce qu’on a l’expérience technique pour construire de grandes oeuvres. Un autre élément est que le dossier est assez technique et se rendre sur place a un coût.
Cela demande en effet d’envoyer des ressources de l’autre côté de l’Atlantique. Il y a donc peu d’artistes internationaux et beaucoup viennent de Californie. Ça reste un défi financier et technique incroyable. L’installation est en partie financée par Burning Man et par le studio ATO. On a aussi récolté 12 000€ grâce au crowdfunding mais nous sommes toujours à la recherche d’investisseurs et de dons. Nous aimerions aussi trouver un acquéreur pour l’oeuvre après l’événement pour lui donner une seconde vie. À bon entendeur…

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