C’était il y a 40 ans. Une véritable déferlante disco commençait à gagner les charts américains sous l’effet de la bombe Donna Summer. En Allemagne, Kraftwerk venait tout juste de sortir son album culte The Man-Machine. Au Japon, on découvrait la dimension pop de la musique électronique grâce au groupe Yellow Magic Orchestra. Et loin de tout ça, en Centre-Bretagne, les 4 000 habitants de la petite commune de Gourin voyaient apparaître le seul club gay des alentours : le Starman. Construite à la place d’un ancien restaurant dancing, cette discothèque a vite su trouver son public, pour la simple et bonne raison qu’elle était l’un des seuls rendez-vous LGBT du coin. « Dans tous les établissements, une minorité gay se cachait. En 1982, j’ai commencé les soirées gays les vendredis soir. Ce fut immédiatement la folie », explique aujourd’hui Bernard Raynal, le patron et fondateur au bouc blanc méticuleusement taillé. Rapidement après l’ouverture, si le lieu perd son ancienne clientèle, il en gagne par contre une nouvelle venue d’un peu partout dans la région. « Le Starman, c’était la référence pour tous les homos de Bretagne. De Nantes, Rennes, Brest, Quimper, Saint-Brieuc, on venait souvent déguisé en Mylène Farmer ou Madonna au volant de nos voitures », se souvient un ancien habitué des lieux.
Si le Starman a réussi à s’imposer comme un club culte, c’est aussi en brandissant fièrement la bannière LGBT. En 2003, Bernard Raynal lance en effet le Festy-Gay, que la presse locale appellera “La Gay Pride de Bretagne”. Malgré l’hostilité des nationalistes des alentours, ce grand défilé fait changer les mentalités des habitants de Gourin et devient pendant des années un rendez-vous immanquable. Mais les temps ont changé. Aujourd’hui, le durcissement des normes de sécurité suite aux attentats de Nice a eu raison de la marche organisée par le Starman. En parallèle, le développement des appli de rencontre comme Grindr facilite les rencontres pour les gays vivant en zones rurales. À mesure que la communauté LGBT déserte donc les clubs qui lui étaient destinés, c’est un public hétéro qui semble réinvestir les lieux, devenus “gay friendly” et plus simplement “gay”.
La grande histoire détaillée du Starman est à retrouver dans le numéro 222 de Trax Magazine. Son fondateur Bernard Raynal y raconte la création du lieu, on y découvre les anecdotes des journées de défilé du Festi-Gay ou les souvenirs émus d’anciens habitués du club comme Mister Fesses 2003. Un voyage entre Finistère, Côtes-d’Armor et Morbihan, un drapeau breton dans une main, un drapeau arc-en-ciel dans l’autre.
Le numéro 222 de Trax est disponible en kiosques et sur le store en ligne.