La vidéo avait déjà fait jaser lors de sa première diffusion mais ce nouveau partage sur la page Facebook de Boiler Room, jeudi dernier, a provoqué des étincelles et relancé le débat entre puristes du DJing traditionnel et défenseurs de nouveaux modes d’expression. La performance de l’artiste ghanéen iPhone Dj qui, comme son nom l’indique, mixe sur un téléphone, s’est en effet attirée les foudres des premiers, et a entraîné par la même occasion l’institution Boiler Room – qui s’est faite copieusement insultée – dans la polémique.
Des internautes mécontents en profitent également pour comparer la situation au controversé bouton “synchroniser” qui, selon eux, est un autre signe de cette simplification à outrance du DJing au détriment de la technique. « Qu’est-ce qui est arrivé aux vrais DJ’s qui calent et mixent réellement, au lieu d’appuyer sur un bouton SYNC ? », se plaint l’un d’entre eux. Une autre polémique qui avait déjà été relancée le mois dernier par le triple champion du monde de scratch DJ Craze, qui défendait la fonctionnalité.
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Dans ce même élan d’optimisme, d’autres commentaires défendent le set de iPhone Dj, en invoquant parfois le mêmes argument que Craze : vivre avec son temps et utiliser les nouvelles technologies mises à disposition des artistes, plutôt que de s’enfermer dans le passé. Une personne souligne, de plus, l’importance du geste dans le contexte de la scène musicale ghanéenne : « Il s’ouvre aux nouvelles technologies. En Afrique, ça doit être un acte “branché”. Pensez aux autres et à leur situation, de temps en temps. Vous ne pouvez pas toujours penser pour vous en premier. »
Les musiques électroniques, et en particulier les DJ sets, étant eux-mêmes régulièrement dénigrés par des musiciens jouant sur des instruments “classiques”, il semble légitime de se demander si ce dénigrement n’est pas ici reproduit par ses “victimes”, envers une nouvelle manière de créer ou mixer de la musique, pas encore reconnue par la majorité – et donc polémique. D’autres artistes ont pu subir des critiques similaires ou des réactions circonspectes, suite à des performances qui n’entraient pas dans les normes et la définition que tout un chacun se fait d’un live ou d’un set. Le réputé duo suédois The Knife avait par exemple interloqué un grand nombre de fans avec son Shaking The Habitual Tour en 2013, qui associait parfois une bande-son préenregistrée à des danses, voire du théâtre. En 2014, la productrice novatrice SOPHIE avait également étonné avec un set Boiler Room, joué – ou plutôt performé – par quelqu’un d’autre, tandis que l’artiste jouait le rôle d’un agent de sécurité, sur le côté de la scène.
La performance d’iPhone DJ, si elle peut légitimement subir quelques critiques, a, comme ces différents exemples, le mérite d’interroger la question de la définition du concert et du DJ set, et de se demander si celle-ci doit vraiment être gravée dans le marbre, ou bien évoluer – parfois de manière radicale – avec son époque.