Quand Nina Kraviz lançait il y a bientôt deux ans son label трип à coups de compilations, c’est tout d’abord avec satisfaction que l’on relevait la présence de Steve Stoll ou de Population One. La compile étant par essence un format bâtard pour les DJ’s, celles de l’icône russe nous prennent un peu de court, car force est de constater que sortie après sortie, c’est bien l’inconnu Bjarki qui sollicite nos sens, et ce de manière bien plus incisive que les énièmes honorables productions de légendes installées.
Bjarki sort presque de nulle part, et nous vous raconterons dans le Trax Magazine d’octobre son improbable rencontre avec Nina, mais en attendant, laissons la musique s’imposer d’elle-même. Manifestement au fait de tous les codes possibles de la techno, le jeune prodige islandais semble déjà parti dans une direction qui lui est propre. Si l’on ne peut s’empêcher de penser à Aphex Twin (artiste qu’il admire au plus haut point mais qu’il affirme n’avoir découvert que tout récemment) dans les sonorités comme dans le caractère ludique de ses compositions, Bjarki se concentre pour l’instant encore sur une idée du dancefloor, un espace qu’il envisage comme le champ des possibles, mais sans terrorisme aucun. Boisée et minérale, sa musique révèle une forme d’exotisme discret, et le présent titre que nous avons choisi pour vous introduire à la série de trois albums/rétrospectives qu’il publie cette année est un brillant exemple de ces caractéristiques si spécifiques, un magnifique contraste entre psychédélisme et sévérité, un kick implacable tout droit sorti d’une menaçante scierie peuplée d’espiègles fantômes.
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Bjarki – Lefhanded Fuqs LP, le 23 septembre via трип