Besançon : une immense exposition rassemble plus de 700 pochettes de vinyles collectors

Écrit par Antoine Gailhanou
Photo de couverture : ©D.R
Le 24.05.2019, à 17h14
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Écrit par Antoine Gailhanou
Photo de couverture : ©D.R
Du 19 mai au 22 septembre, le FRAC Franche-Comté de Besançon rend hommage à l’art des pochettes de vinyles à travers l’exposition Vinyls & Clips, sélection issue de l’énorme collection de Guy Schraenen. Ce dernier a passé plus de quarante ans à explorer les liens entre arts plastiques d’avant-garde et enregistrement sonore.

Les pochettes des vinyles racontent une histoire. Le FRAC Franche-Comté de Besançon expose, du 19 mai au 22 septembre, une partie de l’immense collection de disques du collectionneur anglais Guy Schraenen, lors de l’exposition Vinyls & Clips, revenant sur toutes les collusions passées entre plasticiens d’avant-garde et musiciens.

Suite au décès du collectionneur fin 2018, la musicologue Maike Aden, veuve de Schraenen, a achevé cette exposition en compagnie de la directrice du FRAC, Sylvie Zavatta. Elle contient environ 700 pièces, dont certaines parues dans les années 1910. « C’est un choix aussi complet que possible de la production de disques par des artistes visuels », hors de toute industrie et de tout académisme, précise Maike Aden, à propos de cette collection démarrée dans les années 1970.

Dès le départ du parcours, une platine vinyle accueille le spectateur, surmontée d’un disque de Jean Dubuffet, Musical Experiences. Le ton est donné d’emblée : c’est une œuvre d’art brut, expérimental, « qui a libéré le langage musical » déclare Maike Aden. La première salle de l’exposition est ainsi consacrée aux pionniers des usages avant-gardistes du son. On y trouve des représentants du surréalisme et du dada, précurseurs des performances artistiques. La sélection n’occulte pas la part sombre de ces artistes, entre alcoolisme, conflits et même mutilations dans le cas des actionnistes viennois, performeurs extrêmes des années 70. Tous ont ainsi manifesté un intérêt pour le support du disque, d’une manière toujours originale.

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Les amoureux de pop se consacreront plutôt à la suite de l’exposition, et trouveront sans doute leur bonheur dans la salle diffusant sur grand écran de nombreux clips réalisés par des plasticiens pour New Order ou David Bowie. On peut y voir une suite chronologique de disques, retraçant l’évolution du travail des artistes sur les pochettes, allant de Miró, Léger ou Dali jusqu’à Roland Topor et Keith Haring, incluant la mythique pochette de Horses de Patti Smith par Robert Mapplethorpe, ou celle de Daydream Nation de Sonic Youth par Gerhart Richter.

En poursuivant, on découvre une salle entière dédiée au travail d’Andy Warhol, avec une version originale du premier disque de Velvet Underground, et sa fameuse banane. Sortant de là, on se plonge dans des univers bien connus : Kraftwerk, collaborant avec les photographes de l’école de Düsseldorf, Brian Eno et son ami peintre Peter Schmidt, ou un mur complet dédié à Laurie Anderson, réalisant souvent ses propres pochettes. Un espace est consacré aux expérimentations du collectif performeur Fluxus, et la new wave prend sa place à travers les pochettes de Raymond Pettibon pour les punk Black Flag, ou les pastiches de l’imagerie communiste par le groupe slovène Laibach.

Enfin, une dernière salle propose non plus des pochettes, mais des disques aux formes inattendues : certains transparents ou en couleurs, certains à des tailles non conventionnelles, ou même un en forme de scie circulaire.

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La collection se veut exhaustive, nous faisant voyager dans des univers et époques très différents tout en conservant une cohérence à travers la démarche d’émancipation sans cesse revendiquée par ces artistes. En revanche, mieux vaut avoir du temps devant soi, ou accepter de faire des choix, car le parcours est dense et riche en détails. Car le fond de cette exposition est bel et bien l’histoire particulière que raconte chaque disque : tantôt un poète voulant employer les possibilités de l’enregistrement, tantôt un artiste voulant exprimer le son en image, ou juste une amitié solide entre un plasticien et un musicien. Plus largement, c’est un hommage à l’objet même du vinyle, et la fascination qu’il peut engendrer. 

Une table d’écoute permet de mieux saisir le rapport entre le visuel et la musique de chaque disque. On prend alors conscience de la largeur du catalogue. Par ailleurs, deux vidéos sont visibles une fois sorti de l’exposition : The Record, d’Ulla Von Brandenbourg, œuvre très brève rendant un hommage plein d’humour au cinéma muet et au passage au parlant, et le documentaire Vinylmania, réalisé par Paolo Campana en 2011, qui tente de retracer le retour du vinyle dans les années 2000.

La collection de Guy Schraenen avait déjà été exposée dans plusieurs salles d’Europe, dont la Maison Rouge en 2010 à Paris, ou le musée Weserbourg de Brême, où la collection est déposée à l’année. Quant à l’exposition Vinyls & Clips, elle est à retrouver au FRAC Franche-Comté, 2 passage des arts à Besançon. Toutes les informations sont à retrouver sur son site internet.

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