À Berlin, le Syndikat était le dernier bar punk de la ville. Connu pour ses habitués communistes et son ambiance punk, il se situait dans le quartier de Neukölln, dans l’ancien Berlin Ouest et était devenu incontournable depuis son ouverture dans les années 80. Ses patrons étaient impliqués dans divers mouvements politiques de gauche, notamment contre l’AFD — le parti d’extrême droite allemand — et surtout contre les spéculations immobilières des grandes sociétés internationales qui opèrent dans la ville.

Épée de Damoclès
Dès septembre 2018, le Syndikat savait que son bail ne serait pas renouvelé et que le bar serait contraint de fermer ses portes à l’horizon 2020. Mais après enquête, le collectif a découvert que la société immobilière à l’origine de l’expulsion était une simple “boîte aux lettres” enregistrée au Luxembourg dans un but d’optimisation fiscale.
En remontant le fil, le Syndikat a constaté que la société était détenue à Londres par le groupe William Pears, une société immobilière internationale pesant plusieurs milliards d’euros. Peu médiatisé, William Pears possède pourtant de nombreux appartements à Berlin, dont le bâtiment du Syndikat, situé au 56 de la Weisestraße — dans le quartier de Neukölln.
Après avoir trouvé le propriétaire, le collectif du bar a lancé la campagne “Syndikat Bleibt”, pour tenter de sauver l’établissement. Après plusieurs manifestations et heurts avec la police, le combat du Syndikat est devenu un symbole de la lutte contre la gentrification, comme le raconte le quotidien Libération.
Hausse des prix et gentrification de la ville
Kreuzberg et Neukölln sont les quartiers emblématiques du Berlin alternatif. Situés à la frontière de l’ancien Berlin Ouest, vidés pendant la période des deux Allemagnes, ils offraient des loyers à moindre prix aux classes populaires lors de la réunification. Ainsi, de nombreux lieux culturels ou squats ont pu y développer une autre façon de vivre. Depuis une décennie, attirés par les bas prix, les groupes immobiliers investissent dans la capitale allemande, engendrant une augmentation des prix du marché. La ville a voté une loi le 30 janvier dernier, gelant les loyers de près d’1,5 million d’appartements jusqu’en 2025. Mais le Syndikat, lui, n’a pas survécu.