Alors qu’un rassemblement festif non déclaré s’est déroulé en Belgique pour le Nouvel An, des tensions, saisies et arrestations ont eu lieu. Que s’est-il vraiment passé durant cette free party ? Tandis que les autorités pointent du doigt une milice privée armée de nunchakus, les sound systems démentent ces propos via un communiqué publié le 8 janvier 2020. Retour sur les faits.
Pour célébrer le passage en 2020 en Belgique, une coalition de sound systems belges a organisé une free party dans des bâtiments désaffectés situés dans le village de Stockem, dans la région wallonne de la ville d’Arlon. Ces anciens ateliers de réparation appartenant à la SNCB ont accueilli entre 1 000 et 1 500 participants, du mardi 31 décembre 2019 au jeudi 2 janvier 2020, pour 48 heures de fête libre au rythme de la musique techno underground.
Des tensions fortement médiatisées
Les médias locaux ont retranscrit des événements qui auraient dégénéré au début de la manifestation, et dressent le bilan d’une confrontation entre participants et forces de l’ordre. Selon Carine Lecomte, première échevine d’Arlon – faisant fonction de bourgmestre – qui relate les faits à RTL, la police locale (14 agents et 2 chiens d’attaque) « s’est rendue sur place » dès le 31 décembre, « mais elle a été caillassée. Il y a manifestement un noyau dur qui voulait absolument que l’événement soit organisé », déclare-t-elle. Le chef de corps de la zone de police locale, Michael Collini, précise que « c’était une sorte de milice privée, en treillis militaire, avec des cagoules, des barres de fer et des nunchakus ».
Deux policiers ont été légèrement blessés lors de cet affrontement. Les forces de l’ordre ont ainsi tenté d’intervenir le plus tôt possible, en vain, malgré « qu’il n’y ait pas eu de plainte [officielle] de riverain » et le manque de soutien de la police fédérale en ce soir de réveillon.
Matériel saisi et 37 arrestations
La free party se déroule alors durant deux nuits, sans incident à déplorer, jusqu’au jeudi matin. Moment où les forces de l’ordre locales, finalement rejointes par la police fédérale en renfort, décident « d’intervenir au moment où c’était le plus calme, c’est-à-dire quand les gens retournaient dormir dans les voitures », détaille Michael Collini. « On a essayé d’agir très rapidement pour arrêter la sono et les organisateurs ».
Bilan : 37 personnes arrêtées administrativement et placées en garde à vue (dont 8 retenues pour audition suite à des infractions pour stupéfiants), cinq véhicules saisis, la génératrice de location, ainsi que le matériel visuel et sonore ayant servi à la réalisation de l’événement. Les chiens des prévenus « ont été placés à la SPA », avec « un rapport de maltraitance » à leur encontre, apprend un communiqué des sound systems publié sur une de leur page Facebook.
Communiqué de la part des sound systems
En effet, une semaine après la free party, le mercredi 8 janvier 2020, les organisateurs ont publié un communiqué pour donner leur version des faits. Ce dernier dément celle de la police : « il n’y avait ni milice privée armée, ni nunchaku ! Il y avait juste une foule qui avait en tête […] les images de la répression hyper violente du Nouvel An à Vilvoorde en 2017 ». Concernant les jets de projectiles, les organisateurs recoupent « encore les témoignages pour y voir plus clair », alors que ces derniers déclarent que « la police a gazé plusieurs personnes complètement pacifistes », et qu’en « tant que porteur du mouvement free party, [ils] découragent toute violence ».
Concernant les interpellations et les saisies, le communiqué apprend également qu’il n’y a pas eu de « témoin de perquisition », alors que les autorités « ont fouillé les véhicules […] pendant qu’à l’extérieur ils dégageaient, à coup de matraque sur les camions, les derniers fêtards ». Ainsi emmenés au commissariat, ils déclarent également avoir été « placés à 6 par cellules de 5 m² » et que personne ne leur aurait cité leurs droits .
Alors qu’un cabinet d’avocat a pris en charge la défense du dossier, « une plainte contre les forces de l’ordre va être déposée pour les différents vices de procédure et les conditions de détention ayant eu lieu », conclut le communiqué.