Le géant Behringer accusé de plagier les Français Arturia : la communauté s’indigne

Écrit par Flora Santo
Photo de couverture : ©Synthtopia
Le 26.11.2020, à 14h00
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Écrit par Flora Santo
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Polémique dans le monde de la musique électronique : le géant allemand Behringer vient de sortir un nouveau contrôleur MIDI qui ressemble comme deux gouttes d’eau au KeyStep des grenoblois Arturia. La communauté s’indigne.

La nouvelle a fait scandale dans la communauté électronique. Le célèbre constructeur allemand Behringer, connu notamment pour ses clones de synthétiseurs historiques version bon marché, vient de sortir le Swing, son nouveau clavier MIDI. Problème : c’est une copie conforme du KeyStep de la marque Arturia.

Fabriquant d’instruments français basé à Grenoble, Arturia avait, avec son KeyStep, transformé la façon de travailler des musiciens électroniques : « Le Keystep d’Arturia est bel est bien un instrument unique qui, par son intelligence, a permis à de nombreux artistes d’embrasser une nouvelle manière d’envisager la composition et l’improvisation. C’est un outil que nous avons accueili avec un énorme enthousiasme dans le milieu des musiques électroniques, parce qu’il apportait des solutions créatives et des possibilités multiples qu’aucune autre machine n’avait offert jusqu’alors, et ce pour un prix ultra accessible », explique le producteur Voïski à Trax. « Au delà du design physique, l’appropriation sauvage par une compagnie multinationale de l’essence de cet instrument représente un véritable embarras du point de vue de l’éthique industrielle. Nous pouvions encore croire aux bonnes intentions de la marque à vouloir rendre accessible des produits disparus et aujourd’hui hors de prix, mais nous ne pouvons pas tolérer l’usurpation d’un instrument remarquable d’à peine 4 ans (et toujours en production) qui a su aussi modestement devenir un objet incontournable de nos studios et transformer positivement notre création », déplore-t-il.

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« Ce qui choque n’est pas tant l’intention de concurrencer un produit hautement populaire et singulier mais surtout la manière totalement impertinente avec laquelle Behringer va reproduire au millimètre près ce produit en allant jusqu’à contrefaire également, et de façon grotesque, les moindres défaults de cet instrument. Cette allure désinvolte marquée par une absence délibérée d’imagination et de créativité est difficilement acceptable venant d’une entreprise qui vise une clientèle constituée d’artistes et qui de surcroît se positionne comme bienfaiteur démocratique du marché de l’audio », ajoute encore Voïski.

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Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été vives. Rapidement, Arturia publiait une photo de l’instrument sorti par Behringer avec l’inscription « Seriously ? » (« Sérieusement ? »). La publication a fait réagir la communauté électronique : sur Facebook, le producteur Dave Clarke montrait son écœurement : « Nous vivons à l’ère du “Business Techno“ où copier est non seulement endémique mais aussi récompensé, où les ghost producers font plus de musique que jamais mais son payés une misère, donc cela paraît logique qu’un fabricant qui ait fait toute une démarche de recherche et développement soit copié et que l’entreprise qui en soit à l’origine n’ait aucune honte de son mode opératoire. Clairement, ça craint. »  

Arturia a ensuite publié une réponse officielle, à travers son PDG Frédéric Brun, sur le groupe Facebook Synthesizer Freaks. Il précise que « le produit n’est en aucun cas le résultat d’un partenariat entre Arturia et Behringer. Nous avons travaillé dur pour créer la gamme _Step. Nous avons investi beaucoup de temps et d’argent pour imaginer, définir, développer, tester et commercialiser le KeyStep. (…) Bien sûr nous acceptons la concurrence, and comprendrions complètement que Behringer fasse sa propre interprétation d’un contrôleur petit et intelligent, qui serait aussi séquenceur (…) Mais là, ce n’est pas de la concurrence loyale ».

De son côté, Behringer n’a pas encore réagi. Ce n’est pas la première fois que l’entreprise allemande fait naître la polémique. Au début de l’année, elle avait publié une vidéo jugée antisémite, se moquant d’un journaliste qui avait émis un avis négatif vis-à-vis de l’un de ses synthétiseurs.

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