Alors que la moitié des clubs britanniques a fermé ses portes ces dix dernières années, et que le nouveau maire de Londres s’est fait élire sur des promesses de campagne visant expressément à relancer la machine de l’économie nocturne outre-Manche, le site Broadly a enquêté sur le nombre de plaintes déposées ayant un rapport avec des agressions sexuelles au sein d’établissements de nuit.
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Et plusieurs chiffres sautent aux yeux. Entre 2011 et 2016, les plaintes pour viol auraient augmenté de 136% dans les clubs, bars, pubs et bistros de la capitale anglaise. Le nombre de dossiers liés à d’autres violences sexuelles (attouchements, harcèlements…) aurait quant à lui augmenté de 119% sur la même période.
Tous ces chiffres font référence au nombre de dossiers ouverts par la police, et non pas au nombre de condamnations effectives. Car si le nombre d’arrestations liées à des affaires de viol a également crû de 90%, le taux de condamnation demeure faible, à environ 5,7% du total de cas signalés.
Moins de clubs = moins d’agressions sexuelles ?
Avec seulement 1 733 clubs en 2015 contre 3 144 dix ans plus tôt, on aurait pu penser – à première vue – que le nombre d’agressions sexuelles au sein d’établissements de nuit allait chuter ipso facto. Difficile pourtant de savoir si tel est le cas. Ces chiffres, s’ils semblent inquiétants, ne permettent pas de conclure à une hausse réelle du nombre de viols.
“Il est possible qu’un taux de plaintes plus élevé ne reflète pas une augmentation des agressions sexuelles, mais plutôt le fait que les femmes ont de plus en plus confiance en le système judiciaire, relève Broadly. Bryony Benyon, la co-directrice de la campagne Good Night Out (qui vise à mettre fin au harcèlement en soirée) raconte qu’elle n’est jamais surprise quand les taux de déclaration augmentent, bien qu’elle espère que cela est dû au fait que plus de femmes se sentent à l’aise pour témoigner”, appuie encore le site féministe.
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Loin de se satisfaire d’un tel constat, Broadly alerte sur une situation encore critique. Le site pointe du doigt “une triste réalité de la vie nocturne où les violences sexuelles ainsi que le harcèlement sont totalement normalisés”, avant de conclure : “Est-ce que les clubs, les bars, les pubs, les promoteurs, le personnel de sécurité et la police de Londres font assez pour résoudre le problème ? Malheureusement, sans doute pas.”
Pire, ce sujet pâti d’un flou permanent, qui entrave les tentatives de résoudre le problème : un manque de communication sur le sujet, un manque de motivation de la part de certains organisateurs, et au vu de ces nouveaux éléments, un manque de chiffres clairs et compréhensibles. (Même à la rédaction, on a eu du mal à tirer des conclusions de ces statistiques). Pour un monde de la nuit sûr, c’est pas encore gagné.