Par Flora Santo et Simon Clair
« Vous voulez être respectées en tant que femmes, blah blah blah ! Mais vous passez votre temps à montrer vos fesses sur les réseaux sociaux pour avoir des likes. » Le 8 mars 2021 a été particulièrement mouvementé dans le petit monde du reggaeton. Car pour la Journée internationale des droits des femmes, le chanteur Arcángel, superstar du genre dont la chaîne YouTube compte 3,5 milliards de vues, a cru malin de poster sur les réseaux sociaux un message plein de machisme et de slut-shaming. Il n’en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres. Presque aussitôt, la Brésilienne Anitta, auteure en 2020 du hit “Tócame”, en featuring avec Arcángel, postait en ligne une photo d’elle en string, accompagnée du message suivant : « C’est moi en train de montrer mes fesses sur Instagram. J’ai une question : toi, tu peux sortir des morceaux explicites et faire des clips avec des femmes nues pour avoir davantage de likes, par contre, les femmes qui montrent leur propre corps sur leurs réseaux sociaux ne méritent pas le respect ? Je ne comprends pas. » Même chose pour la rappeuse argentine Cazzu, qui rappelait que « la misogynie naît quand un homme décide quelle femme doit être respectée et quelle femme ne doit pas l’être ». De son côté, la chanteuse américano-colombienne Kali Uchis faisait plus simple : « Grandis ou va mourir ».

Il faut dire que le problème du sexisme dans le reggaeton ne date pas d’hier. Né dans les années 1990 entre Porto Rico, Panama et la Jamaïque, le genre s’est construit en partie autour d’artistes adeptes de rimes salaces et de punchlines explicites. Pourquoi pas. Mais tandis que les hommes peuvent déblatérer sur des albums entiers leurs vantardises sexuelles, les femmes, elles, ont souvent été reléguées au simple rôle de danseuse de clips. Le 8 mars, alors qu’Arcángel étalait son sexisme à la vue de tous, l’Espagnole Bad Gyal sortait le clip de “Pussy”, son hymne à l’empowerment féminin, extrait de son EP Warm Up. Dans la vidéo, on peut voir la jeune artiste de 24 ans déambuler en body doré sur un fond rose tout en se roulant des joints longs comme des cigares cubains. Un décorum plutôt classique pour un genre musical qui aime la fumette et les petites tenues. Enfin presque. Dès sa mise en ligne, le clip a aussitôt été censuré par YouTube et TikTok. En cause : un contenu jugé trop « sensible » et des looks trop « dénudés », même si ces derniers ne semblent pas déranger la plateforme dans les clips de chanteurs comme Arcángel. « J’en ai marre de cette double morale », réagissait Bad Gyal sur Instagram. « Il n’y a pas d’un côté les femmes faites pour baiser, récolter des likes ou s’inscrire sur OnlyFans, et de l’autre celles qui vous aiment, élèvent les enfants et restent à la maison pour vous préparer à manger. » La vieille garde du reggaeton est prévenue : Bad Gyal est toutes ces femmes à la fois.
Les pêcheurs et la dancehall queen
Le destin a voulu qu’elle naisse le 7 mars, comme pour offrir au monde une raison de plus de célébrer la femme. À des milliers de kilomètres d’Arcángel et de ses jérémiades, bordé par une plage calme, entouré de petits immeubles aux couleurs chaudes, Vilassar de Mar longe paisiblement la côte catalane. C’est dans ce village de pêcheurs à l’ambiance familiale, à quarante minutes de l’agitation de Barcelone, que naît Bad Gyal, de son vrai nom Alba. Fille de l’acteur Eduard Farelo, elle grandit au sein d’une famille de cinq enfants et passe « une enfance et une adolescence très belles ». Dès son plus jeune âge, elle se distingue par son caractère expressif et sa créativité qu’elle explore dans la musique et la danse. À 8 ans, ses parents lui offrent l’album The Trinity de Sean Paul. Elle découvre sa passion : le dancehall. Dans une Espagne périphérique qui ne jure que par le reggaeton, Alba s’éprend d’une autre culture, lointaine, différente, mais qui lui parle et l’envoûte. « Je sentais que ça me représentait davantage, en tant qu’être humain », explique-t-elle. Alors que ses amis sortent en soirée techno, la jeune fan de Vybz Kartel, Spice ou Busy Signal préfère s’imaginer à Kingston. « En Jamaïque, dès qu’il y a une fête, il y a toujours quelqu’un qui filme toute la nuit et poste la vidéo sur YouTube, sans aucun montage. » C’est devant ces enregistrements de plusieurs heures filmés de manière anarchique qu’elle passe ses soirées, à vibrer par procuration au son des sound systems. Comme il n’y a rien pour elle à Vilassar de Mar, elle part aussi à la recherche de dancehall queen contests, concerts ou festivals à Barcelone pour s’imprégner de cette culture. « Je me disais : “Il faut que j’y aille, tant pis si je dois revenir demain matin en train. Si je n’ai pas d’argent, je prendrai un truc à boire n’importe où.” C’était une période de ma vie où je n’avais peur de rien, je m’en foutais. J’étais tout le temps en vadrouille en train de faire des trucs de dingue pour être un peu plus proche de ce que j’aimais. Je rêvais d’aller en Jamaïque, mais en attendant, j’étais là, à essayer de m’en rapprocher. »
À Vilassar de Mar, le monde est petit et la jeune Espagnole, elle, voit les choses en grand. Alba, qui travaille alors dans une boulangerie du coin, est sûre de qui elle est, de sa passion et de ses ambitions : c’est dans le dancehall qu’elle va percer. « Je ne comprenais pas pourquoi aucun de mes amis n’écoutait ce genre de musique. Je savais que je pouvais apporter quelque chose », affirme-t-elle. En 2016, “Work” de Rihanna et Drake devient un tube planétaire et fait danser le monde entier sur ses sonorités caribéennes. Alba a trouvé sa porte d’entrée. « En voyant que ce morceau passait sur les radios américaines, je me suis dit qu’il était en train de se passer quelque chose. » Dans sa chambre, à l’aide d’un studio improvisé, elle remixe le titre en une version catalane qu’elle intitule “Pai”, un terme inventé dérivé de l’anglais « pay » qui a l’avantage de rimer avec « jai », de l’argot local pour dire « défoncé ». Le clip fait-maison, où la chanteuse prend un bain en jean et maillot du PSG, chante son amour pour l’argent et assure être « celle qui commande » dans le quartier, est visionné des millions de fois. L’Espagne la découvre, intriguée. Alba a 19 ans. Bad Gyal est née.
De Barcelone à Kingston
C’est à cette époque que la jeune fille décide de quitter Vilassar de Mar pour s’installer à Barcelone. Là-bas, le milieu artistique est en effervescence. Le rappeur Yung Beef, poster boy tatoué originaire des quartiers gitans de Grenade, est en train de transformer le paysage musical de la capitale catalane en prouvant aux Espagnols que la trap d’Atlanta peut aussi se décliner localement. Autour de celui que le quotidien El País décrit comme « le phénomène le plus important du rap espagnol de la décennie » se forme une scène underground voulant faire les choses à sa manière. Sans complexe, elle mélange la trap à un reggaeton futuriste, le dancehall digital aux musiques électroniques et à la culture rave. Lâchée au milieu de l’arène, Bad Gyal s’imprègne de cette esthétique touche-à-tout et commence à prendre le micro en public. On l’aperçoit en featuring aux côtés de Lil Guiu, du groupe de trap catalan P.A.W.N Gang, sur le titre “Bandulés”, ou avec Ms Nina, jeune reggaetonera argentine émigrée en Espagne, sur le planant “Despacio”. Alba se rapproche aussi de producteurs espagnols comme Fakeguido, de Valence, ou Plata, de Majorque, avec qui elle met au point Slow Wine, sa première mixtape où se télescopent les rythmes caribéens, les mélodies auto-tunées et des atmosphères électroniques plus sombres.

Au milieu de ces sept morceaux très do it yourself, c’est le titre “Fiebre” qui rafle la mise, produit cette fois par un Français : King Doudou. « Au début, j’avais composé cet instru’ comme un riddim jamaïcain. Je voulais qu’il circule et que tout le monde puisse poser sa voix dessus. J’ai pu entendre pas mal de gens s’y essayer, dont beaucoup d’artistes de dancehall jamaïcain. Mais le jour où Bad Gyal m’a envoyé sa version, j’ai trouvé ça incroyable. Elle n’avait que 19 ans et elle était déjà vraiment au-dessus du lot. » Le morceau rencontre un succès colossal et affole les compteurs YouTube. Il finit en synchro dans des séries, des films ou même dans la mixtape du joueur de foot Neymar. En parallèle, à cause de son nom d’artiste et de l’utilisation qu’elle fait de certains mots d’argot jamaïcain, Bad Gyal essuie des accusations d’appropriation culturelle de la part de certains médias. « Comme je l’ai toujours dit, je ne suis pas une artiste de dancehall, car je ne suis pas originaire de Jamaïque », explique-t-elle, un peu agacée. « Je n’ai pas grandi dans le même environnement, je n’ai pas vécu les mêmes expériences et ce n’est pas ma culture. J’accepte la situation telle qu’elle est. » Après avoir envisagé de se choisir un autre nom de scène, la Catalane décide plutôt d’assumer pleinement ses influences. Elle file en Jamaïque pour se confronter à la réalité et rencontrer les artistes locaux. Sur place, elle fait la fête dans les soirées sound system qui se tiennent en plein milieu de la rue. Un rêve de gosse qui se réalise. « C’était comme rentrer dans YouTube », décrit-elle. « J’étais enfin dans ces fêtes que j’avais l’impression de connaître par cœur. »
Au même moment, la Catalogne est en ébullition. Suite au référendum d’autodétermination du 1er octobre 2017, la région vient de déclarer son indépendance sans que personne n’y soit vraiment préparé du côté de Madrid. Aussitôt, le gouvernement réagit en plaçant la région sous tutelle et en cassant le référendum qu’il juge illégal. Les rues de Barcelone sont noires de monde et un immense drapeau catalan est déployé sur la façade de la célèbre Sagrada Família, de Gaudí. Dans ce contexte, il faut prendre position. Parce qu’elle chante parfois en catalan et qu’elle incarne une jeunesse forte et sûre d’elle-même, beaucoup veulent voir Bad Gyal porter cette aspiration à l’indépendance. À longueur d’interview, elle répète pourtant qu’elle n’est ni une activiste ni un porte-étendard. Elle veut être un exemple pour personne. « J’ai grandi en Catalogne avec des Espagnols, des Catalans, des Marocains, des Sud-Américains, pendant très longtemps, et je préfère ça à l’isolement. » N’en déplaisent aux militants, son morceau “Indapanden” à beau être entièrement chanté en catalan, il ne vante pas les mérites du séparatisme. Ici, il est plutôt question de faire monter la température sur le dancefloor et de boire du rhum à la bouteille.
Mascara, gloss et féminisme
Avec son goût pour la fête et une vraie désinvolture, Bad Gyal se construit une image légère mais affirmée, accentuée par son style vestimentaire. Faux ongles et créoles XXL, lèvres glossées, extensions de cheveux interminables, le tout recouvert de strass : la chanteuse cultive une esthétique kitsch ultra féminine à la Paris Hilton, comme si elle était tout droit sortie du début des années 2000. « Le style de Bad Gyal a un côté très “ratchet“. Il se situe sur une ligne très fine à la limite du mauvais goût », explique Ana Murillas, sa styliste. « On navigue entre deux mondes : la rue et la mode. L’idée est de mélanger ce style de “fille de la street” à quelque chose de plus luxueux et raffiné. » Cette réappropriation de l’esthétique “choni”, une expression péjorative qui désigne les femmes espagnoles de milieux modestes, lourdement maquillées et au look jugé vulgaire, à l’image d’une cagole française, a été popularisée par d’autres artistes locales, telles que Ms Nina, La Zowi, Bea Pelea ou, dans une moindre mesure, Rosalía. Bad Gyal a souvent été mise dans le même sac que sa consœur catalane. Mais là où Rosalía adopte une image plus lissée, moins provocatrice, qui met tout le monde d’accord, Bad Gyal assume entièrement sa figure de femme tapageuse qui rit fort, s’habille légèrement, fume des joints, danse à outrance et ne s’en excuse pas. « Ma mère s’est toujours exprimée exactement comme elle le voulait », justifie Bad Gyal, qui a grandi dans une famille majoritairement féminine. « Elle a toujours passé beaucoup de temps avec ses amies. Elles peuvent parler pendant des heures. Elles s’en foutent, elles profitent de la vie. Je pense que ça m’a aidée à m’exprimer, à oser être bruyante et à ne pas avoir peur de donner mon point de vue. »
Une femme libre peut décider si elle veut porter du maquillage ou pas, si elle veut se raser ou pas. Je pense que c’est ça le vrai féminisme : respecter tous les types de femmes.
Bad Gyal
En 2018, en plein mouvement MeToo, et alors que les Espagnols entament des « grèves féministes » et mènent des manifestations monumentales pour protester contre le sexisme, Bad Gyal est à nouveau prise à partie. Femme forte, artiste indépendante, le public veut faire d’elle un symbole féministe. Mais si les thèmes de l’empowerment féminin et de la sororité sont souvent mentionnés dans ses chansons, Bad Gyal est critiquée pour ses looks jugés trop sexy et donc complaisants envers l’objectification de la femme. Elle ne sait alors pas comment se positionner. Dans certaines interviews, elle affirme se considérer comme une féministe, mais dans d’autres elle rejette l’étiquette. « J’ai parfois dit que je n’étais pas féministe, parce que les féministes disaient aux filles comme moi que nous ne l’étions pas. Mais j’ai l’impression qu’au cours des dernières années, les choses ont changé. Il est enfin admis que tous les genres de femmes doivent être respectés. Une femme libre peut décider si elle veut porter du maquillage ou pas, si elle veut se raser ou pas. Je pense que c’est ça le vrai féminisme : respecter tous les types de femmes. » Dans les paroles de Bad Gyal, le message est clair : pas question de chercher l’amour à tout prix ou de se laisser marcher sur les pieds. Se réappropriant avec naturel les codes traditionnellement masculins du reggaeton et du dancehall, la chanteuse célèbre dans ses chansons et ses clips son goût pour la fête, l’argent et le sexe. Sur scène, toujours entourée de femmes, elle affiche sa confiance en elle à travers des pas de danse assurés, mêlant influences dancehall, perso et hip-hop. « Dans la danse jamaïquaine, il y a cette idée de libérer la femme d’une culture locale parfois très machiste », assure Magali Jou, sa chorégraphe. « C’est un moyen de renverser les rôles et de dire : “Je ne bouge pas de cette façon pour plaire aux hommes, ni pour leur faire plaisir, mais parce que j’aime danser comme ça et que je me sens bien”. » Féministe ou pas, l’Espagnole n’en a que faire des règles du patriarcat. Elle est bien décidée à détruire les doubles standards, un coup de bassin à la fois.

Bande de filles
En 2018, la carrière de Bad Gyal s’accélère lorsqu’elle intègre l’écurie d’artistes de CANADA, talentueux collectif barcelonais, aussi bien capable de produire les clips léchés de Rosalía, Dua Lipa et Mura Masa que des films publicitaires pour Nike, Louis Vuitton ou Maserati. Finies les vidéos bricolées entre amis de l’époque de “Pai” ou “Fiebre”, Bad Gyal a maintenant derrière elle une équipe en place pour gérer son image. Côté son, elle commence aussi à travailler avec El Guincho, de loin le musicien le plus couru d’Espagne, récemment couronné de deux Latin Grammy Awards pour son travail de production sur l’album El mal querer de Rosalía. Le projet Worldwide Angel, que Bad Gyal sort dans la foulée, affirme donc une identité musicale nouvelle. Davantage tourné vers le reggaeton que vers le dancehall, il délaisse les influences électroniques des débuts pour se recentrer sur des dembow – ce rythme syncopé emblématique du reggaeton – incisifs et des structures décharnées et minimalistes. De quoi laisser plus de place au timbre mutin de la chanteuse. « Dans les flows et la texture des voix, ce qu’elle fait maintenant n’est pas mielleux et harmonieux comme chez les autres chanteuses de reggaeton. Elle continue à utiliser Auto-Tune de manière assez extrême », analyse de son côté King Doudou, qui voit dans ces choix une envie de grimper les échelons sans oublier sa fanbase de départ. « Du coup, elle amène plein de gens vers le reggaeton. C’est une évolution qui a d’ailleurs lieu à l’échelle globale depuis quelques années. Par exemple, en France, des DJs qui ne jouaient que de la musique électronique il y a cinq ans se mettent maintenant à passer du reggaeton, du dancehall et à faire plein d’hybridation avec de la techno. À ce niveau-là, c’est vraiment une fille de son époque. » La suite de l’ascension de Bad Gyal est tout aussi impressionnante. En 2019, elle signe un contrat avec le célèbre label américain Interscope, puis place le crapuleux “Alocao”, avec Omar Montes, pendant plusieurs semaines au sommet des charts espagnols. Elle travaille ensuite avec l’Américain Scott Storch – l’homme derrière le piano de “Still D.R.E.” – et sort récemment l’EP Warm Up en pleine crise sanitaire. « Ma musique est entièrement taillée pour les clubs. C’est sa raison d’exister. Mais il est hors de question que je m’arrête au prétexte qu’ils sont fermés », lâche-t-elle sans hésiter. Le Covid est prévenu : ce n’est pas une pandémie qui stoppera Bad Gyal.

Depuis qu’Alba s’est décidée à prendre le micro, c’est un autre virus qui semble gagner les pays hispanophones. Dans le sillage de la Catalane est apparue toute une nouvelle génération d’artistes qui trouvent dans les variantes les plus underground du reggaeton un moyen de se réapproprier les stéréotypes sexistes du genre pour en faire un outil d’empowerment. Au Chili, l’ancienne tatoueuse Tomasa Del Real a par exemple créé le mouvement neo perreo, qui réunit sous une même bannière des artistes partageant un goût pour les mutations électroniques du reggaeton, les looks gothiques, un discours féministe acéré et des textes classés X. En parallèle, depuis Mexico, la DJ colombienne Rosa Pistola mixe les classiques du genre dans des Boiler Room brûlantes comme des cocktails Molotov. De son côté, La Goony Chonga, rappeuse américaine d’origine cubaine, croise les sonorités latines à la trap qu’elle entendait dans les clubs de strip-tease où elle travaillait comme danseuse. Il y a aussi Albany, Lizz, Galanjah, DJ Sustancia, La Zowi, Ms Nina, Bea Pelea et beaucoup d’autres. Aux quatre coins du monde, elles sont désormais des centaines à renouveler le genre en donnant à y voir de nouveaux visages, de nouveaux corps, de nouvelles sexualités et des attitudes moins clichées que celles des Don Omar, Daddy Yankee et autre Arcángel. « C’est la distanciation sociale, nous allons vous expulser d’ici », prévient Bad Gyal dans le clip censuré de “Pussy”, perchée en haut de ses talons, prête à piétiner le patriarcat. Pour le reste, elle est catégorique : « Cette chatte est très chère, donc reste à l’écart. Tu n’y goûteras jamais. »