À l’heure où un manifeste dénonçant la domination masculine à l’oeuvre dans la musique récolte plus de 700 signatures d’actrices du milieu, où de nombreux clubs s’engagent contre le harcèlement et où la plus grande représentation des femmes sur les line-up est un combat quotidien, la dernière action de l’artiste Vakula au début du mois de mars, fait (à juste titre) des étincelles.
La raison de la colère générale ? Un post Instagram avec la pochette de son nouvel EP Per Aspera Ad Astra, réalisée par Wanda Kuchvalek pour son alias Rocco Siffredi, dépeignant quatre femmes DJ’s à succès – Nastia, Peggy Gou, Nina Kraviz et The Black Madonna – en pilotes d’une navette spatiale phallique. Pour couronner le tout, le post, révélé à un plus large public il y a quelques jours par Nastia, déclenchant l’actuelle polémique, est accompagné d’un commentaire pour le moins nauséabond : « J’ai dédié ce projet à mes femmes bien-aimées. Nous avons tenté de représenter la plus belle bite que les filles dépeintes sur la pochette pourraient rencontrer. »
Après avoir réagi à son tour à l’artwork, sur son Twitter, où elle critique en plus l’association de leur image avec une porn star « connue pour brutaliser des femmes », The Black Madonna a donné plus d’informations à la rédaction de Resident Advisor. Elle reproche notamment à Vakula – et l’on s’en doutait – « de ne pas les avoir notifiées ou de ne pas avoir demandé leur accord ».
It’s not even just a pornstar Vakula’s referencing with us, it’s a guy famous for BRUTALISING women. Rape fantasy shit. It’s fucked up. I don’t need this shit. I’m just trying to do my job, make records and make people happy. I have a sense of humor about myself but this is low.
— THE BLACK MADONNA (@blackmadonnachi) 26 avril 2019
Si Nastia est choquée par l’artwork et « ne s’attendait pas à ce que Vakula puisse aller aussi loin », elle explique également dans son post Instagram que sa rencontre avec l’artiste il y a quelques années l’avait déjà fait comprendre quel genre de personnage il était. « Quand je l’ai rencontré en 2015, relate t-elle, il m’a dit très sérieusement que j’étais une merde, et que je n’étais même pas une DJ, mais que si on se revoyait, il pourrait m’apprendre ».
Un ensemble d’éléments qui rend les justifications de Vakula peu convaincantes – pour ne pas dire irrecevables. Dans un long post Facebook publié le 27 avril, l’Ukrainien disait vouloir montrer dans cette image comment « le système moderne fait de la musique un simple outil pour les DJ’s afin de gagner beaucoup d’argent ». Après cette vaine tentative d’explication, l’artiste est finalement passé à l’invective. Dans un nouveau post Facebook, publié ce lundi 29 avril, Vakula dénonce à tour de bras la dictature des accros du smartphone et des haters, « esclaves et lâches » qui dénoncent sa « belle pochette avec une super bite », et, en guise de conclusion, invite à « ne pas croire les mensonges que vous font bouffer les médias, faux artistes et réseaux sociaux ».
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Pour Nastia, la raison de cet artwork est toute autre : « Son principal problème est qu’il ne peut pas supporter notre succès », conclut l’artiste, à la fin de son post Instagram. Un avis que partage Peggy Gou, agrémentant sa réponse (dans une vidéo, à visionner ci-dessous) d’un joli doigt d’honneur. On ne pouvait pas mieux faire passer le message…
Voir cette publication sur InstagramMessage to misogynist Vakula, don’t you fucking start (we all look better than that btw) Good luck