“Au Québec, il y a aujourd’hui un public qui veut consommer de la musique électronique”

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©AIM Festival
Le 02.08.2017, à 10h30
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©AIM Festival
Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©AIM Festival
En l’espace de trois éditions, avec une programmation pointue et éclectique, l’AIM Festival s’est taillé une place de choix au sein des festivals d’été québécois. Cette année, ce sont plus de 5 000 personnes qui se sont réunies au Parc Carillon, à une heure de Montréal, pour assister à trois jours de fête, dont 32 heures de musique sans interruption. Retour sur un succès grandissant.


Par Elsa Fortant

« Le projet AIM est né car il y avait un manque au niveau des festivals, explique François Lebaron, cofondateur de l’évènement. Pour nous, ça devait être une expérience immersive qui ne termine pas à 23h comme la plupart des événements locaux, et qui permet de toucher à tous les sens. » Et AIM (pour Art Innovation Mouvement) tient ses promesses. Belles installations, mapping de haute qualité sur la main stage, projections vidéos protéiformes sur les monolithes qui surplombent le site (en commémoration des morts de la bataille opposant les Français et les Hurons aux Iroquois en 1660 – ou quand l’histoire prend une toute autre dimension), stands avec matériel audio en libre-service… Tout y est.

Après avoir tâtonné – programmation trop pointue, manque d’optimisation du site et du camping –, l’AIM a trouvé sa voie, passant en 2017 de trois à quatre scènes avec l’ajout d’un spot dédié à la trance (programmé par Monkey BuzinezZ, que l’on retrouve aussi au festival EDM Ile Soniq). « On veut qu’AIM soit une plateforme qui offre différents styles en gardant le même niveau de qualité. La trance étant la plus grosse communauté au Québec, on a fait un pas vers eux, et ça nous a apporté pas mal de monde », détaille François. L’année prochaine, le line-up sera plus gros, peut-être même qu’il y aura une cinquième scène. 

Ratisser plus large permet à AIM de gagner en popularité avant de pouvoir annoncer des artistes très renommés. Même si cette année, on pouvait déjà y entendre, entre autres, Todd Terry (un des meilleurs sets du week-end), Henrik Schwarz, Âme, Nastia ou encore Dennis Ferrer. « Pour l’instant, comme on est un nouveau festival au Québec en plein été, avoir des gros artistes est compliqué, reconnaît François. Ils sont tous en tournée en Europe. Les faire venir pour une seule date coûte cher et on n’est pas encore assez établis pour avoir la notoriété qui les ferait venir. Mais on s’en rapproche. » Vu la vitesse à laquelle AIM grossit – environ 25 % de festivaliers de plus chaque année, le double de campeurs cette année –, on a bon espoir qu’il s’insèrera dans le parcours estival des DJ’s rapidement, et que le public canadien sera plus que bien servi.

L’AIM, c’est aussi des associations, avec Monkey BuzinezZ cité précédemment, et surtout Multi Culti, le duo artistique/label de Thomas Von Party (ancien collaborateur de Turbo, producteur d’Azari & III parmi d’autres) et Dreems, qui ont une scène dédiée. « Je connais François Lebaron depuis longtemps, et il m’a invité pour faire la programmation d’une scène, développe Thomas. C’était une belle opportunité, et son projet résonne vraiment avec ma philosophie : je suis plus un adepte de faire la fête vraiment, 24 heures et plus quelques fois par année, plutôt que de sortir plus souvent sans pouvoir entrer profondément dans un univers. »

Si on parle d’univers, en voilà un bien particulier. La scène Multi Culti, qui a une identité propre, invite les festivaliers à s’immerger dans un monde organique, onirique, exotique, unique. « Comme le nom l’indique, on se nourrit des influences d’un peu partout ajoute Thomas, je crois que c’est très intéressant d’observer et de participer à ces nouvelles mutations musicales qui incorporent des éléments de traditions différentes. » Ainsi, côté musique, on a pu y entendre Thomas Von Party et Dreems bien sûr, ainsi que Peter Power et Manfredas, John Talabot ou Tiefschwarz.

« On évolue vraiment dans une culture globale, mais ce n’est pas quelque chose défini, bien au contraire, c’est vivant et mouvant, poursuit le Canadien. Nous aimons travailler autour des frontières, aussi bien dans les espaces que les idées, que les motifs et techniques diverses s’approchent, se touchent, se confondent, disparaissent… C’est un prisme psychédélique dans lequel – j’espère – les gens pourront découvrir de nouvelles idées et des choses qui apportent une vraie valeur. » A tel point que pognés dans ce kaléidoscope visuel et musical, certains ne quittent pas le spot Multi Culti des trois jours.

Ce sont autant de collaborations entre les acteurs du milieu que François Lebaron pense nécessaire à la construction de l’avenir du marché de la musique électronique, qui a déjà beaucoup évolué en vingt-cinq ans. Il raconte : « Dans les années 1990, c’était beaucoup de promoteurs indépendants, certains collaboraient mais pas tant. Début 2000, quand les raves sont mortes, les afterhours ont ouvert, ça a changé le marché ; ça se passait dans les clubs. Ce qui est une bonne chose car la musique électronique s’est démocratisée. A l’époque, je devais convaincre les gens de venir avec mes flyers. Aujourd’hui, on n’est plus dans le convaincre, il y a un public qui veut consommer de la musique électronique. En Europe, ça fait longtemps que c’est établi mais ici pas tant que ça, et on a encore du travail à faire ! » Les Québécois sont prévenus.

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