Ville frontalière entre les Etats-Unis et le Mexique, Ciudad Juarez est connue comme la pâle jumelle d’El Paso, au Texas. Un haut lieu de tensions du fait de la corruption, la drogue et la pauvreté. De 2007 à 2012, les affrontements des cartels pour le contrôle de cette plaque tournante du trafic de drogue y auraient causé près de 16 000 morts. Mais des vétérans de la musique électronique ont décidé d’offrir aux habitants un lieu de relâchement face à la tension quotidienne en y ouvrant un club techno, le Hardpop. Un pari pas si facile puisque bookeurs et artistes ne sont pas toujours enclins à pénétrer dans une ville réputée hyper violente :
“Beaucoup de DJ’s refusent de venir, encore aujourd’hui, lâche Ricardo [fondateur du Hardpop, NDLR]. Mais je m’en fous, il y a plein d’artistes à booker. Quand c’était la guerre, j’ai eu le soutien de gens comme Stephan Bodzin, Jesse Rose, Siopsis, Damian Lazarus, qui sont venus jouer ici. C’est plus facile aujourd’hui, mais il y a toujours des bookeurs avec une mentalité stupide qui veulent plus d’argent. Si ta ville n’est pas glamour, ils espèrent une meilleure offre, mais je n’entre pas dans ce jeu-là. J’ai beaucoup voyagé et le public de Juarez est unique, intense et exigeant. Ce club aurait sa place dans n’importe quelle ville du monde. Si un DJ veut venir, c’est qu’il le sent. Je n’aime pas supplier les gens.” (extrait de Trax #205)
Bien que Ciudad Juarez soit désignée comme périlleuse, le public du Hardpop est plutôt encensé par les artistes car très réceptif et plein de gratitude. Et pour cause, la venue de ces DJ’s internationaux appose un nouveau visage à la ville, à tel point que “la réputation du club a dépassé celle de la ville“. La renaissance de Ciudad Juarez grâce au club Hardpop est à découvrir dans le Trax #205, actuellement en kiosque.