Mais d’où vient l’identité typographique et visuelle de Trax Magazine ? Logo en majuscules, lettres épaisses, couleurs simples et flashy, il détonne dans les kiosques. À l’occasion des 5 ans de son agence Production Type, qui se fêteront en bonne et due forme à Paris ce vendredi 14 juin, le calligraphe et cerveau de l’affaire Jean-Baptiste Levée nous raconte la genèse d’une collaboration débutée en 2015.
Quelle est l’histoire derrière le logo TRAX ?
Notre relation avec Trax a commencé vers l’automne 2015, par un message Facebook d’un copain qui m’a dit « Tu fais de la typo, je suis chez Trax, ça t’intéresse de nous aider pour le logo ? ». On a eu un premier rendez-vous pour défricher et discuter de la refonte du magazine, qui taraudait la direction à l’époque. J’ai ramené pas mal d’exemples de ce qu’on faisait, en design et portfolio ainsi que des stickers. Très vite, il y a eu connivence avec Antoine Buffard, président du magazine puis, subséquemment, le rédacteur-en-chef Jean-Paul Deniaud.
Qu’est-ce qui n’allait pas avec le logo et l’identité graphique de Trax à cette époque ?
De notre point de vue d’agence, on avait l’impression que le contenu de fond avait 10 ans d’avance et le rendu visuel 5 ans de retard. Une ambiance très “début des années 2000” : glitter, glossy, un peu bloqué sur Björk et les compilation Dance Machine. Caricatural, alors que l’ambition du magazine et le contenu était au top. D’autre part, l’ambition d’Antoine et Jean-Paul était de sortir de la pure niche musicale pour faire de Trax un magazine de société, un vrai mensuel culturel. C’est un processus toujours en cours, d’ailleurs. Le challenge était donc de garder l’énergie originelle du “fanzine” tout en essayant de le transformer en quelque chose de plus large.
Que représente cette nouvelle typo ?
Antoine voulait un logo “fat”, qui en impose, comme une brique ou une tarte dans la tronche. Quelque chose qui ait de la masse et de la solidité pour porter ce nouvel élan du magazine. On a eu un consensus sur l’un des logos Hilti, une marque d’outils de mécanique et de bricolage. J’ai claqué des doigts, j’ai dit « j’ai compris » et je suis revenu quelque jours après avec une esquisse, une seule. Et on était d’accord, aussi bien artistiquement qu’en termes de communication.
Comment cette approche visuelle se décline dans le magazine papier ?
Après s’être mis d’accord sur le logo, on a bien entendu parlé de l’intérieur du magazine. Je sortais tout juste d’une collaboration de deux ans et demi avec Emmanuel Besse et son studio Large, qui travaille aujourd’hui sur la réalisation de cette typo. Je lui ai dit « Je ne sais pas si c’est du court terme ou du long terme mais le sujet est cool et la marge de progression énorme ». Il a sauté dans la barque et la première présentation s’est tenu sur cette idée de design très frontal, ouvert et généreux, marqué par la chatoyance des éléments. Des grandes zones, des couleurs simples. La première couverture est sorti avec des nouvelles créations typo qui continuent de plaire beaucoup à Antoine, des alphabets réalisés par de jeunes designers de caractères, et puis des superbes photos. C’était en septembre 2015.
Qui se cache derrière Production Type ?
Production Type est une agence spécialisée en création typo et design graphique composée de 5 personnes : un designer sénior, un junior, une graphiste, une chef de projet et moi, l’homme orchestre qui coordonne tout ça.
Quel est votre rapport à la musique électronique ?
Ça remonte à très loin. Le sujet de mon premier diplôme en design, c’était de refaire l’identité visuel d’un label de trip hop, drum’n’bass, electronica et abstract hip hop. Quand j’y réfléchis, l’électro a toujours été avec moi, que ce soit en club ou à la maison. Ça fait partie de ma culture. Plus jeune, j’allais en festival tous les ans, à Nuit sonores par exemple.
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Pouvez-vous nous en dire plus sur l’exposition Signals et les cinq ans de l’agence ?
Il s’agit à la fois d’une exposition-retrospective de nos 5 ans et le lancement, effectivement, de la typo Signals. Les balbutiements du projet remontent à 2003, pendant mon deuxième projet de diplôme. Il s’agissait de faire une nouvelle typo pour la signalisation routière. C’est là que j’ai découvert le design graphique appliqué à la route et à l’espace public. 10 ans plus tard, je partage un atelier avec Julien Lelièvre, qui avait eu une bourse du Centre National des Arts Plastiques (CNAP) pour son projet “Art d’autoroute”. Manu Besse était là et Julien me dit « j’ai une typo qui matche » et on se rend vite compte qu’il n’existe aucune forme canonique de ces alphabets routiers. Donc tous les trois, on essaye de mener cette restauration typo, qui va aboutir ce soir avec le lancement et la publication de la typo. À travers cette exposition, on essaye d’expliciter et de rendre accessible le processus de création typographique tout en présentant un aperçu de nos réalisations, dont fait partie Trax évidemment. Pour satisfaire les oreilles, on aura la chance d’accueillir les DJ’s Nathan Melja et Betty et, comment l’oublier, le légendaire Antoine Buffard, alias Calcium.
L’agence Production Type fête ses cinq ans et présente l’exposition Signals ce vendredi 14 juin au Floréal Belleville, à Paris. Toutes les informations sont disponibles sur la page Facebook de l’évènement.