On la voit toujours comme un simple lieu de passage où il est préférable de ne pas s’attarder. Pourtant, la porte du club est un théâtre où se jouent bon nombre d’histoires extraordinaires dont les physios et autres videurs sont parfois les seuls spectateurs. Face au portier, les visages inquiets des clients se succèdent. Ils savent que le physio les observe, les juge mais s’attendent-ils à recevoir des conseils mode, comme les petits tips que glissait Nicolas alias “La Méchante” à la porte du Social Club (aujourd’hui devenu le Sacré) ?
« Il faut bien comprendre que la nuit, les choses s’inversent. Les normes ne sont plus les mêmes. Du coup, les freaks prennent le pouvoir. Dans la journée, on les regarde de travers et on a du mal à les accepter dans certains lieux à cause de leur look ou de leur manière d’être. Mais la nuit, comme ils sortent et font plus souvent la fête que la moyenne, ce sont eux qui ont la priorité. Les gens “normaux” ont l’air banals à côté d’eux. Ce n’est plus les mêmes règles.
Par exemple, le costume cravate gris donne peut-être de l’importance à certaines personnes dans le cadre de leur boulot en journée, mais il n’a plus aucune valeur la nuit. Après, il y a des pièges. Parfois je vois des gens bizarrement habillés et quand je leur parle, je comprends qu’ils viennent d’Italie, où c’est normal de mettre un costume pour sortir en boite. Mais de manière générale, les gens ne se rendent pas bien compte que la manière dont ils s’habillent raconte quelque chose sur eux et sur leur rapport aux autres.
Une fois, un mec arrive devant ma porte. Je lui demande s’il est célibataire et il me répond que oui. Je lui dis : “C’est peut-être à cause de cette chemise. On dirait que vous êtes à l’UMP. Vous ne risquez pas de choper avec ça.” Ses amis explosent de rire. Il était cadre au PS. Je leur ai répondu : “Voilà ! C’est bien ce que je disais !”
J’aime que les gens se soient préparés avant de venir, qu’ils se soient habillés pour l’occasion. On ne sort pas en boite comme si on allait en afterwork. Parfois, on me répond : “Bah quoi ma chemise ? Elle est neutre.” Ça ne suffit pas que ta chemise soit neutre. Mais je ne peux pas perdre trop de temps à expliquer aux gens ce que leurs looks disent d’eux. »
Trax Magazine s’intéresse cet hiver à ces personnages incontournables de la nuit. Retrouvez nos témoignages de videurs, dont celui de Nicolas a.k.a La Méchante, dans Trax 227, disponible en kiosque et sur le store en ligne.
