Propos recueillis par Jérôme Provençal
Comment est né ce projet de réinterprétation live de la musique de 120 Battements par minute ?
J’avais envie de prolonger la bande originale du film sur scène en proposant un concert plus orchestré et moins techno que ce que je fais en live habituellement – même si je commence aussi à jouer à la fin de mes sets des morceaux dans cette veine-là, mi-acoustiques mi-électroniques. À la base, il y a vraiment le désir d’aller dans une nouvelle direction au niveau du son. C’est un projet personnel mais il a bien sûr été développé avec l’assentiment du réalisateur et de la production.
Adapter une musique électronique pour un ensemble orchestral et transposer une bande originale de film sur scène représente un double défi. Quel parti as-tu adopté pour le relever ?
Je me suis attaché à trouver un bon équilibre entre électronique et acoustique, en réécrivant certaines parties instrumentales, et à concevoir un programme musical qui reste fidèle à l’esprit de la BO de 120 Battements par minute mais qui apporte aussi une énergie particulière propre à la scène.
Le Don Van Club, l’ensemble qui t’accompagne sur ce projet, a été fondé spécialement pour la circonstance ?
Oui, je connais bien les musicien.ne.s qui le composent. Tous.te.s ont déjà collaboré avec moi par le passé, au sein de Zend Avesta ou sur l’enregistrement des diverses bandes originales que j’ai pu faire. J’ai voulu donner un nom à l’ensemble pour bien différencier ce projet de mon projet solo. J’ai d’abord composé toute la musique et ensuite nous avons travaillé collectivement pour lui donner forme.
Durant le processus de création, avez-vous parfois recouru aux images du film pour vous inspirer ?
Non, pas du tout. La musique pour les films de Robin Campillo est souvent créée avant de voir les images. C’est ce qui s’était passé pour 120 Battements par minute. Par conséquent, nous nous sommes simplement basés sur mes morceaux originels, plus ou moins réadaptés, sans nous servir des images.
Et le concert intègre-t-il de la vidéo?
Oui, il y en a un peu sur certains morceaux, notamment quelques rushes du film qui permettent d’en rappeler l’atmosphère, mais il ne s’agit vraiment pas d’un ciné-concert pour autant.
Quelle est la structure du concert ? Suit-il une progression dramatique semblable à celle du film ?
Dans la première partie, il y a une progression mais elle ne correspond pas exactement à celle du film. Le début est assez rythmé, le climax étant atteint avec la reprise de Smalltown Boy. Ensuite, la tension retombe un peu jusqu’au finale. Dans la seconde partie, nous jouons des nouveaux morceaux, que j’ai composés spécialement pour ce projet, en résonance intime avec la musique du film. Le tout est vraiment pensé pour le format d’un concert et non pas d’un spectacle ou d’un film.
Vous avez déjà présenté ce concert plusieurs fois, dans des contextes très différents, par exemple au festival Astropolis, à Brest, et en clôture du festival d’Avignon, dans la cour d’honneur du Palais des Papes. Dans quelle mesure la musique et la forme du concert évoluent-elles d’une fois à l’autre, notamment en fonction du lieu ?
Si nous jouons dans un festival rock ou électro, nous accentuons davantage le côté dansant. Dans un festival comme celui d’Avignon, nous pouvons nous permettre plus de morceaux abstraits, planants. Ça évolue aussi suivant l’heure à laquelle nous jouons et le temps dont nous disposons – le concert pouvant durer entre 1h et 1h30. Au Lieu Unique, nous présentons la forme la plus longue.
Que représente à tes yeux toute l’aventure de 120 Battements par minute ?
J’ai éprouvé un grand plaisir à travailler sur ce film, pour des raisons artistiques mais aussi du fait de la cause défendue par le film. S’ajoute à cela une très large reconnaissance, à la fois du public et de la critique : c’est assez rare, et inespéré, de participer à des œuvres qui remportent un tel succès.
Arnaud Rebotini et Don Van Club présenteront leur live au Lieu Unique le 8 novembre. Toutes les informations sont à retrouver sur la page Facebook de l’évènement.