Kraftwerk va jouer au milieu de l’aéroport de Genève pour la clôture de l’Antigel Festival

Écrit par Gil Colinmaire
Photo de couverture : ©Etienne Delacretaz
Le 06.02.2020, à 14h59
04 MIN LI-
RE
©Etienne Delacretaz
Écrit par Gil Colinmaire
Photo de couverture : ©Etienne Delacretaz
0 Partages
Alors qu’il vient de démarrer sa 10ème édition sur les chapeaux de roue, le festival culte genevois Antigel s’apprête à accueillir d’ici le 15 février, aux côtés de ses têtes d’affiche pop et rock indé (Katerine, Angel Olsen, Devendra Banhart…), les emblèmes de l’électronique Jeff Mills, Tony Allen, Helena Hauff ou encore Kraftwerk. Retour sur l’histoire de ce festival multiculturel et bien ancré dans son territoire, pour son anniversaire d’exception.

Le réputé festival genevois Antigel fête cette année ses 10 ans avec, comme à chaque édition, des dizaines de concerts et de performances pluridisciplinaires à travers tout le canton suisse, dans près de la moitié de ses 45 communes. Lancé officiellement le 24 janvier, l’événement s’est poursuivi sur 3 semaines, et jusqu’au 15 février prochain. Que ce soit dans son ouverture à toutes les générations et populations, ou dans le mélange des formes d’art et des styles musicaux (électronique, pop, rap…), l’événement prône depuis ses débuts la diversité à toutes les échelles. Tel des oiseaux migrateurs – symbole de sa toute première, comme de sa dernière affiche –, Antigel s’est forgé autour de l’idée d’un déploiement de la culture sur tout un territoire. « Toutes les villes font face aux mêmes problématiques de délaissement des périphéries, comme à Genève, où les activités culturelles sont concentrées dans la ville. L’idée initiale était donc de démocratiser la culture en la disséminant à travers le canton pour toucher directement les habitants des communes », confie Thuy-San Dinh, cofondatrice de l’événement avec Eric Linder et Claude Ratzé, actuel directeur du festival de la Bâtie.

Qui dit valorisation du territoire dit également mise en lumière du patrimoine local, un autre point important dans la politique du festival. Après trois années passées dans l’imposante Tour de Pont- Rouge, désormais démolie, le Grand Central – point névralgique de la manifestation et espace dédié principalement aux musiques électroniques – prend cette année ses quartiers dans l’ancienne Caserne militaire des Vernets. Après une première semaine marquée par l’italo-disco du Norvégien Skatebård, la figure de la techno UK Randomer et le résident du Berghain Function, les anciens réfectoire et abri anti-atomique transformés en dancefloors accueilleront le DJ indus Perc, le très prolifique Legowelt ou encore les basses sombres sous influence acid et EBM d’Helena Hauff. Promis au même sort que sa grande sœur, le club éphémère tend à nouveau à inscrire dans la mémoire collective un lieu qui a fait l’identité de la ville, avant qu’il ne disparaisse le mois prochain : « La caserne va laisser place à un nouveau quartier de logements. Notre rôle est de faire la transition entre les deux et de créer des souvenirs et émotions en lien avec cet endroit. »

Dans ou en dehors de la Caserne, Antigel fait aussi la part belle à des duos emblématiques. Au premier rang de ces collaborations légendaires : le pionnier de Detroit Jeff Mills et le père de l’afrobeat Tony Allen, qui ont récemment joint leurs forces sur le disque Tomorrows Comes The Harvest, et se produiront ensemble dans la salle de l’Alhambra le 13 février. La performance succède à l’étonnante association de la DJ française Chloé et de la musicienne de marimba Vassilena Serafimova, le 31 janvier dernier au Grand Central. Des initiatives qui s’inscrivent dans la tradition d’innovation et de croisements artistiques du festival.

Le closing sera également à la hauteur de ces 4 semaines de festivités. Côté Grand Théâtre et bunker du Grand Central, sont prévus des événements 100% voguing avec un “kiki ball” et une soirée du collectif parisien La Creole. Toujours dans l’idée de mise en valeur des lieux marquants du canton, le grand concert de clôture de la saison, qui se déroulera quant à lui en mai, verra les vétérans allemands de Kraftwerk se produire au coeur de l’aéroport de Genève. « C’est le projet qu’on a toujours rêvé de faire et qu’on réalise pour nos 10 ans ; on est super contents. Et en même temps ce seront les 100 ans de l’aéroport. Le groupe fera un show 3D dans un amortisseur de bruit, un magnifique et énorme hangar métallisé », explique la cofondatrice.

Malgré son programme allègrement fourni en têtes d’affiche, Antigel ne perd pas de vue son ambition de faire découvrir aux jeunes et aux moins jeunes, jusque dans les communes alentours, les scènes émergentes et d’autres formes artistiques (danse, cirque…), notamment à travers des créations faites maison, baptisées Made in Antigel. Une volonté d’ouverture et de transmission culturelle qui trouve son point d’orgue dans la diffusion d’artistes venant de pays défavorisés, et dans le programme social “Antidote”, permettant entre autres à des migrants, requérants d’asile, seniors ou jeunes en ruptures de travailler à l’organisation du festival. « On essaie d’affronter, à notre échelle, les inégalités. On a toute une programmation sud-africaine, engagée, avec le volet “Africa, What’s up ?”, et on travaille avec la Confédération Suisse pour faire connaître des artistes émergents qui n’ont pas les moyens de créer, de s’exprimer ou les réseaux nécessaires », décrypte Thuy-San. « On tente de leur donner une voix. » Avec une audience qui a pratiquement quintuplé pour atteindre les 50 000 spectateurs en moins de 10 ans, nul doute qu’à Antigel, cette voix se fera entendre.

La liste de ces performances et le reste de la programmation sont à découvrir sur les événements Facebook du festival et sur son site internet.

0 Partages

Newsletter

Les actus à ne pas manquer toutes les semaines dans votre boîte mail

article suivant