Affaire Steve : son téléphone bornait 13 min après le début de l’intervention policière

Écrit par Cécile Giraud
Photo de couverture : ©D.R.
Le 11.09.2019, à 12h56
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Écrit par Cécile Giraud
Photo de couverture : ©D.R.
Ce mercredi 11 septembre, un nouvel élément dans “l’affaire Steve” vient étayer la possible responsabilité de la police dans la mort du jeune homme de 24 ans. Selon l’hebdomadaire Le Canard Enchaîné, « son téléphone bornait toujours au moment de l’intervention policière ».

La chute. Elle peut être parfois lente, parfois violente, voire mortelle. Le 21 juin 2019, c’est ce qui s’est passé pour Steve Maia Canico, animateur et fêtard invétéré après qu’une charge policière coupe court à la fête de la musique qui se tenait sur le quai Wilson, à Nantes. 

Ce mercredi 11 septembre, Le Canard Enchaîné a révélé les résultats de l’enquête de la Police Judiciaire (PJ). Le portable de l’animateur de 24 ans aurait en réalité cessé d’émettre à 4h33, soit 13 minutes après le début de la charge. Ainsi, alors que l’IGPN s’était contenté de retranscrire le dernier SMS envoyé par Steve, la Police Judiciaire a « récupéré le dernier “ping”, [qui] localise le jeune sur le quai Wilson, en bord de Loire ». Pour le moment, si l’incertitude pèse sur les conditions exactes de sa chute, une chose est sûre, pour l’enquêteur de la PJ, « il dormait tout près du fleuve au moment de l’intervention ». Cette découverte s’appuie sur un témoin clé de l’enquête. Celui de Ludovic, son ami, qui affirme avoir laissé allongé en bordure de quai Steve, trop fatigué, avec la promesse de la retrouver plus tard. 

Le 30 juillet, le lendemain de la découverte du corps noyé du jeune homme, Édouard Philippe et Christophe Castainer rendaient public le “rapport de synthèse” de l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN). Selon eux, « Le téléphone de la personne disparue déclenchait un dernier relais téléphonique à 3h16 », c’est-à-dire plus d’une heure avant l’intervention policière. Cette “découverte” avait ainsi permis aux enquêteurs de conclure : « Il n’y a pas de lien entre l’intervention de la police et la disparition » de Steve.

Suite à la découverte de cet écart de 77 minutes entre les dires de l’IGPN et celles de la PJ, les deux magistrats nantais en charge du dossier ont demandé à être dessaisis. Une décision prise, selon le procureur général de Nantes, afin de « garantir la sérénité de l’information judiciaire et l’impartialité objective de la juridiction saisie ». L’avocate de Steve, Cécile de Oliveira, pointe quant à elle « l’étonnante et inadaptée » précipitation du ministre de l’Intérieur à vouloir révéler les conclusions de l’IGPN. Et poursuit : « On ne peut qu’attendre de la loyauté dans la recherche des causes de la mort tragique et vaine de Steve ». 

Matignon a demandé un rapport de l’Inspection générale de l’administration (IGA) afin de déterminer les responsabilité de la préfecture, la police, la ville et le port autonome. Il doit être rendu le 15 septembre. 

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